Le ministère de la Santé et de la Protection sociale a annoncé, mardi 2 septembre à Rabat, son engagement à recruter l'ensemble des diplômés en soins infirmiers et techniciens de santé issus des instituts supérieurs d'ici fin 2025 ou, au plus tard, début 2026. Cette décision, présentée comme un tournant dans la gestion des ressources humaines, intervient dans un contexte électoral sensible, où les promesses politiques prolifèrent. La Direction des ressources humaines du ministère a tenu une réunion avec des représentants du Syndicat national de la santé, affilié à l'Union marocaine du travail (UMT), ainsi que des délégués des diplômés. À cette occasion, les responsables ont précisé que les futurs concours d'embauche devraient être transformés en formalité, garantissant un poste à chaque diplômé qualifié. « Ce principe avait déjà été annoncé par le passé, mais n'a jamais été respecté par les gouvernements successifs », rappelle le syndicat dans un communiqué, dénonçant le chômage prolongé de plusieurs générations de soignants malgré une pénurie criante de personnel. Les représentants syndicaux plaident pour un placement automatique, condition essentielle selon eux pour restaurer la confiance entre l'Etat et les professionnels de santé. Lire aussi : Exode des infirmiers : Le système hospitalier sous tension Depuis plusieurs années, le ministère a multiplié les places de formation et élargi les spécialisations pour répondre aux besoins du secteur. Le nombre d'admissions a plus que doublé, dans l'optique de renforcer les effectifs dans les hôpitaux et centres de santé. Mais cette politique volontariste a engendré un paradoxe : davantage de diplômés se retrouvent sans emploi, faute d'adéquation entre formation et postes budgétaires disponibles. Le syndicat appelle ainsi à une meilleure planification, liant les curricula de formation aux besoins réels du marché du travail. « Former massivement sans garantir des débouchés revient à aggraver la précarité », estiment ses représentants. La promesse ministérielle intervient dans un contexte où le Maroc souffre d'un déficit chronique de personnel médical et paramédical. Selon les standards de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Royaume reste en deçà du seuil critique de soignants pour mille habitants. L'engagement d'intégrer tous les diplômés vise à réduire cette carence, particulièrement aiguë dans les régions rurales et périphériques. Si certains acteurs saluent une avancée susceptible de renforcer le système public, d'autres redoutent que cette annonce ne relève davantage d'un calcul électoral que d'une stratégie pérenne de gouvernance sanitaire. L'issue dépendra de la capacité du ministère à traduire cette promesse en actes budgétaires concrets, dans un secteur déjà sous tension.