Le nouveau premier ministre Sébastien Lecornu a choisi de faire de la question budgétaire son premier terrain d'action, en annonçant ce samedi 13 septembre le retrait définitif de la proposition de suppression de deux jours fériés, une mesure initiée par son prédécesseur François Bayrou et vivement critiquée. Cette décision marque un tournant, puisque la suppression envisagée devait rapporter près de 4,2 milliards d'euros dès 2026, mais le chef du gouvernement a préféré miser sur le dialogue avec les partenaires sociaux pour trouver d'autres sources de financement. En déplacement à Mâcon, dans la préfecture de Saône-et-Loire, Sébastien Lecornu a également placé la question des déserts médicaux au cœur de ses priorités. Il a présenté l'ambition de bâtir d'ici 2027 un réseau national de 5 000 maisons « France Santé », destinées à améliorer l'accès aux soins. De même, le premier ministre âgé de 39 ans avait promis en arrivant à Matignon une « rupture » avec ses prédécesseurs, souhaitant incarner une méthode fondée sur la concertation et la recherche de compromis. Par ailleurs, pour faire adopter le budget à l'Assemblée nationale, le premier ministre s'oriente clairement vers la gauche et appelle à « une collaboration franche et moderne avec le Parti socialiste, les Ecologistes et le Parti communiste », qu'il distingue de La « France insoumise ». Sébastien Lecornu estime nécessaire d'ouvrir un débat de haut niveau afin de garantir un budget au pays, même si la tâche reste « difficile ». En outre, concernant le Rassemblement national, il a écarté toute idée d'accord politique mais a rappelé « qu'ignorer les députés élus par un tiers des Français n'aurait aucun sens ». Dans une déclaration, Sébastien Lecornu s'est dit « ouvert » à des discussions sur la taxe sur les très hauts patrimoines, dite « taxe Zucman », portée par la gauche. Toutefois, il avertit qu'une telle mesure « doit protéger le patrimoine professionnel qui contribue à la création d'emplois et à la croissance ». Le président du Medef, Patrick Martin, a déjà prévenu qu'une mobilisation patronale d'envergure serait déclenchée si les impôts des entreprises augmentaient, jugeant cette taxe assimilable à de la spoliation dans certains cas. Lire aussi : Avec la nomination de Sébastien Lecornu, la France ouvre une nouvelle séquence institutionnelle En parallèle, le premier ministre reste prudent sur l'utilisation de l'article 49.3. Il affirme qu'il préfèrerait ne pas y recourir, mais considère « essentiel de conserver cet outil constitutionnel » pour éviter l'échec du processus budgétaire. En outre, il insiste sur le fait que l'absence de budget constituerait non seulement un échec du gouvernement, mais aussi un échec collectif. Au-delà du budget, le chef du gouvernement a annoncé l'ouverture dès la semaine prochaine de consultations en vue d'un grand acte de décentralisation. Il souhaite clarifier « les compétences de l'Etat » et offrir davantage de liberté aux collectivités locales, quitte à envisager la fusion ou la fermeture de certaines agences gouvernementales.