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De Casablanca à Abidjan : l'exception marocaine face aux héritages coloniaux
Publié dans Maroc Diplomatique le 25 - 09 - 2025


Lettre ouverte au journal LE MONDE
Par Issa Babana El Alaoui
L'article-fleuve d'Ayad et Bodin (à six chapitres) intitulé« L'énigme Mohammed VI », n'est pas tant une enquête qu'un miroir déformant, où l'ombre prend le pas sur la lumière, où le subjectif chasse la vérité et où l'exagération supplante l'équilibre. Ce récit, à la fois tendancieux et empreint d'un regard condescendant, trahit moins la réalité du Maroc contemporain qu'il ne reflète les préjugés persistants d'une partie de la presse française vis-à-vis d'un royaume millénaire qui échappe aux grilles de lecture occidentales.
Car l'énigme n'est pas Mohammed VI ; l'énigme c'est vous. L'énigme est aussi la persistance d'une pensée coloniale qui, sous couvert d'analyse, refuse d'admettre qu'un pays africain, arabe, musulman et monarchique puisse conjuguer tradition et modernité, stabilité et réformes, spiritualité et matérialité, identité enracinée et ouverture universelle.
Depuis vingt-cinq ans, Mohammed VI n'a pas seulement dirigé un Etat : il a incarné un projet civilisationnel en personnifiant une nation. Le Maroc, sous son règne, s'est affirmé comme une pivote stratégiqueentre l'Europe et l'Afrique, l'Atlantique et la Méditerranée, l'Orient et l'Occident. Sur le plan politique, il a consolidé les institutions démocratiques ; sur le plan économique, il a hissé son pays au rang des locomotives africaines ; sur le plan social, il a ancré l'équité et l'inclusion dans la politique publique ; sur le plan spirituel, il a réaffirmé le Maroc comme phare d'un islam du juste milieu et de la paix, sunnite malékite, alliant tolérance et authenticité.
Face à cette réalité, la plume d'Ayad et Bodin que vous avez sinon aiguisée pour le moins validée, ressemble à un pinceau trempé dans l'amertume : elle ignore les avancées, minimise les succès, sous-estime les records, amplifie les interrogations et choisit de peindre un souverain en retrait plutôt qu'un stratège visionnaire. C'est oublier qu'un Roi n'est pas un homme politique ordinaire : il est l'incarnation d'une continuité historique, d'une légitimité spirituelle, d'une destinée collective, comptable à vie de ses promesses et ses actes devant la nation, et non au titre d'un mandat éphémère au bout duquel il se libère d'un bilan, merveilleux soit-il ou désastreux. Laissant ainsi à son successeur le droit de recommencer à zéro, même s'il lui imputait tous les malheurs du passé.
Monsieur Le Monde,
Le Maroc n'est pas un mystère. Il est une évidence historique frappante qui dérange. Parce qu'elle s'impose avec éclat et vigueur. Il est ce pont que l'on traverse pour aller d'un monde à l'autre, cette lumièrequi persiste quand d'autres flambeaux s'éteignent, cette générosité qui monte des profondeurs quand les avares se cachent sous les décombres, cette force tranquille qui résiste contre vents et marées, en continuant sa marche. Et Mohammed VI, loin d'être l'énigme qu'on lui prête, en est l'esprit, l'architecte, le gardien et le souffle. Une « force tranquille », Monsieur Le Monde, retenez ces deux mots.
Ainsi, au raisonnement bancal de vos deux journalistes, il convient de dresser une dialectique solide, à l'article déformé qui prétend décrypter un mystère, il faut opposer une vérité lumineuse. C'est ce que je me suis évertué à faire. Convaincu que jamais l'artificiel n'a survécu au naturel et jamais le superficiel n'a vaincu l'approfondi. L'Histoire ne se laisse pas écrire par le soupçon, mais par l'œuvre. Et l'œuvre du Roi, déjà inscrite dans le marbre du temps, s'impose comme un legs irréductible aux caricatures, tel un baobab immuable aux tempêtes du temps. Toujours et totalement productif de biens, depuis les racines jusqu'au dernier rameau, y compris la sève.
Je n'ai pas la naïveté de croire que votre monde est un monde médiatique incorruptible, même au plus haut niveau de professionnalisme que vous puissiez atteindre. Je n'ai pas la naïveté de croire que ce que vous dites de politiquement défavorable et d'injurieusement critique sur la vision et l'action du Roi du Maroc est crédible, alors que vous n'en présentez l'once d'une démonstration ni la miette d'une preuve vérifiable. Je n'ai pas la naïveté de croire que certains témoignages invraisemblables que vous avancez contre la Personne du Souverain et sa vie privée est véridique, en vous basant sur des sources sinon perfides du moins suspectes. Je n'ai pas la naïveté de croire que vos journalistes, tous vos journalistes, accomplissent leurs missions d'une manière intègre et autonome, en leur âme et conscience, sans nulle pression ni motivation matérielle illégale.
Je n'ai pas la naïveté de croire que vous pourrez améliorer l'état du monde dans la guerre des médias – malgré le nom du Monde que vous portez depuis la Deuxième Guerre mondiale – en laissant vos journalistes cracher leur venin sur l'Afrique d'où plonge les racines du Maroc. Et comment pourriez-vous y parvenir en étant juge et partie ? Je n'ai pas la naïveté de croire que le subconscient de votre conscience a dû se réveiller pour vouloir du bien à la Monarchie marocaine à travers vos articles tendancieux. Même si la Monarchie marocaine se passe royalement d'une probité qui vous resterait à son égard. Oui, Monsieur Le Monde, je n'ai pas la naïveté d'être naïf enfin, en croyant que l'impérialisme est mort. Il a simplement vieilli dans la décrépitude de l'âge, comme toute chose qui bouge dans la vie. Il a ainsi laissé la place à son fils pour gérer arrogamment son héritage. Soit le colonialisme hier, le néocolonialisme aujourd'hui. Les stéréotypes de la presse coloniale n'ont pas disparu : ils se sont recyclés, tout simplement.
Le néocolonialisme médiatique a besoin de journalistes mercenaires, de plumes dociles, prêtes à écrire ce que leurs dictent leurs commanditaires, leurs payeurs, ce que leurs lecteurs attendent de lire ou ce que certains lobbys coloniaux veulent faire entendre, même sans y croire eux-mêmes. Toutefois, le Royaume du Maroc dont le soleil est aussi brûlant pour les ennemis que vivifiant pour les amis continue à cheminer. Cette métaphore n'est pas du délire, Monsieur Le Monde. Vérifiez sa véracité dans l'actuel et le factuel, comme dans le passé et l'histoire, mais en changeant de lunettes. Portez celles de l'honnêteté et de la morale devant vos yeux, devant Dieu.
Monsieur Le Monde,
Il est vrai que vous n'êtes pas la seule voix du néocolonialisme médiatique occidental. Les journalistes de cette trempe sont légion. Ils s'inscrivent dans une économie de l'attention où l'Afrique n'existe que si elle supplie, si elle mendie, si elle saigne, si elle souffre, si elle échoue ou si elle s'écroule. Mais l'Afrique ne s'écroulera pas. Montrer une Afrique qui grandit, qui réussit, qui prospère, qui construit, qui innove, serait moins vendeur. Commerce oblige, n'est-ce pas ?
En effet, politiquement et médiatiquement, le ton paternaliste dominait ouvertement hier. L'Afrique, disait-on, devait être« accompagnée », « guidée », « conseillée » par l'Europe, faute de quoi elle retomberait dans le chaos. Certes, « il s'avérait partout (en Afrique) nécessaire de faire appel à la coopération et à l'appui étrangers pour lutter plus efficacement contre l'ignorance et la misère, mais il fallait aussi et surtout empêcher le colonialisme de se maintenir ou de revenir sous des formes nouvelles (néocolonialisme) ». Autrement dit, de rentrer par la fenêtre après être sorti de la porte. Voilà ce qu'avertissait Monsieur Ahmed Balafrej, premier ministre des Affaires étrangères du Maroc indépendant, sur vos propres colonnes du Monde Diplomatique, du mois de juin 1962. Parce que le vieux continent pensait que le Jeune continent avait pris un mauvais départ, à l'heure des indépendances.
C'est bien ce qu'entendait l'agronome français René Dumont, dans son ouvrage : « l'Afrique noire est mal partie », publié en 1962. Mais aujourd'hui, plus qu'en 1962, après plus de six décennies passées, le continent devrait compter sur lui-même, en se fiant à ses propres potentialités, à sa propre générosité, à sa propre bonne foi, à ses vertus intrinsèques. C'est exactement cela à quoi le Roi Mohammed VI exhortait l'Afrique à partir d'un pays africain, dans son Discours historique d'Abidjan, non moins significatif et important que celui de Son regretté père feu Hassan II, délivré en Europe, dans votre pays, presque un quart de siècle auparavant. Vous l'avez deviné (puisque j'en ai déjà parlé dans le deuxième chapitre) : c'était le Discours de La Baule, en juin 1990. Les deux Discours royaux représentaient des plaidoiries pour l'Afrique face à l'Europe, sur fond d'auto-suggestions africaines émanant du Maroc. Devrais-je peut-être vous rappeler le discours d'Abdijan de Mohammed VI, prononcé le 24 février 2014, dans le cadre du Forum maroco-ivoirien. Ecoutez bien la déclaration royale. Je cite :
« L'Afrique est un grand continent, par ses forces vives, ses ressources et ses potentialités. Elle doit se prendre en charge, ce n'est plus un Continent colonisé. C'est pourquoi l'Afrique doit faire confiance à l'Afrique. Elle a moins besoin d'assistance, et requiert davantage de partenariats mutuellement bénéfiques. Plus qu'une aide humanitaire, c'est de projets de développement humain et social, dont notre Continent a le plus besoin ». Que nous enseigne le Discours d'Abidjan dont cet extrait si éloquent que vous venez d'écouter entre autres déclarations idoines du Souverain, antérieures ou postérieures, toujours accompagnées ou précédées d'actions fructueuses ? Vous me sembleriez incapable d'y répondre. Je vais vousépargner la gêne, Monsieur Le Monde, en vous invitant à méditer ce qui suit :
Conscient de son exception historique — celle d'un Etat marocain demeuré indépendant durant des siècles, bien avant l'ère coloniale et en dépit de l'épreuve du protectorat —, le Royaume n'a jamais réduit sa vocation à la seule défense de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. Fidèle à ses racines africaines, il a toujours étendu sa solidarité au-delà de ses propres frontières, vers les peuples encore soumis au joug colonial, en revendiquant pour eux le droit imprescriptible à l'indépendance, à la liberté et à la souveraineté économique.
Cette attitude n'est pas une posture récente : elle plonge ses racines dans l'héritage du regretté Mohammed V, Père de la Nation, qui sut inscrire le Maroc au premier rang des luttes africaines pour l'émancipation. Le 4 janvier 1961, à Casablanca, il convia les leaders du continent et donna naissance à l'embryon de ce qui deviendra l'Organisation de l'Unité Africaine — et ce, avant même l'accession de l'Algérie voisine à l'indépendance. Ce geste fondateur fut à la fois un acte de foi envers l'Afrique et une preuve éclatante de l'engagement du Maroc pour un destin commun.
Dans cette continuité historique, Son Petit-fils, le Roi Mohammed VI, n'a cessé, à son tour, de porter haut cette vocation panafricaine. Son discours d'Abidjan, en 2014 que nous venons d'évoquer, demeure l'un des plaidoyers les plus puissants en faveur d'une Afrique libérée, solidaire et souveraine, où l'indépendance politique ne se conçoit pas sans l'émancipation économique. Voilà la vérité historique : celle d'un Maroc fidèle à son identité singulière, mais toujours solidaire des peuples frères de son continent. Révisez donc vos certitudes, Monsieur Le Monde.
En effet, rien ne serait plus fatal aux Africains aujourd'hui que d'accepter une vulnérabilité face à l'Europe colonialiste d'hier, en croyant que ce dernier agira toujours à leur profit collectif. Ou qu'il volera aimablement à leur rescousse à chaque détresse. Seule une prise de conscience africaine écartant une telle candeur serait salvatrice, impliquant une certitude interafricaine, dans le comportement et les intentions de chaque Etat africain, envers son pair africain, avant les non-africains. Mohammed VI avait d'ailleurs initié, dès le printemps 2000, en Egypte, cette confiance de solidarité intra-africaine « en annulant toutes les dettes que les pays africains les moins avancés avaient envers le Royaume du Maroc ». Vous en souvenez-vous ?
Mais dites-moi franchement, Monsieur Le Monde, avant de continuer l'analyse : est-ce parce que le Roi Mohammed VI est si jaloux et protecteur du bonheur des Marocains, si solidaire et défenseur de l'honneur des Africains que vous en faites une énigme ? A quand sauriez-vous que le Maroc, Roi et peuple, est quasi-unanimement heureux de la manière et du rythme dont il avance ? Suivez-moi maintenant dans la comparaison entre hier et aujourd'hui, en commençant par votre alliance historique avec les pouvoirs politiques néocolonialistes. Hier, la presse justifiait la colonisation militaire, aujourd'hui elle justifie la colonisation intellectuelle. Hier, elle disait « nous allons vous gouverner », aujourd'hui elle dit « vous ne savez pas vous gouverner ». Hier, elle brandissait le sabre, aujourd'hui elle exhibe la plume. Hier, on décrivait les royaumes africains comme fragiles pour justifier l'occupation. Aujourd'hui, on décrit les Etats africains comme instables pour justifier l'ingérence. Hier, on parlait des « peuplades sauvages » ; aujourd'hui, on parle des « élites corrompues ». Hier, on décrivait l'Afrique comme un espace « vide d'histoire » ; aujourd'hui, on la décrit comme un continent « sans avenir ». Hier, on caricaturait les souverains africains comme des despotes grotesques ; aujourd'hui, on les présente comme des dirigeants illégitimes. Hier, on critiquait les partis uniques africains en encourageant le multipartisme, aujourd'hui on considère celui-ci comme un clivage tribal.
Hier, l'Afrique était condamnée à l'assistance occidentale sous la dépendance malgré l'indépendance. Aujourd'hui elle se doit de réaliser sa croissance par ses richesses et par la sueur de ses fils. Elle a effectivement accompli des pas considérables dans cette direction, mais vous refusez d'y croire, en la voyant éternellement « en devenir », jamais pleinement adulte, toujours dépendant pour obtenir une bonne ou mauvaise note d'élève. Bref, à vos yeux, l'Afrique demeure le gamin qui ne grandit jamais. Le Maroc n'a pas échappé à cette vision coloniale européenne arrogante. Depuis son indépendance en 1956, il est observé à travers ce prisme impérialiste déformant. La monarchie marocaine a été longtemps analysée en Europe comme un système problématique, condamné à s'effondrer à la moindre secousse.
Je vous rappelle d'abord que dans les années 1960, certains médias français annonçaient déjà la « fin prochaine » du régime de Hassan II, en le présentant comme un roi isolé face à une jeunesse en colère. Vous n'étiez pas trop loin de leur prédiction, mais subtilement. Consultez vos archives. Je n'ai pas l'espace de vous en faire état. Ensuite, dans les années 1980, ils insistaient sur les difficultés économiques du Maroc, prédisant son effondrement financier, oubliant de mentionner les réformes structurelles en cours. Aussi, dans les années 1990, ils caricaturaient encore le Maroc comme une monarchie paralysée, incapable de s'ouvrir à la modernité, alors même que des réformes politiques profondes se mettaient en place. Là vous étiez pleinement dedans. Revenez au contexte. J'ai encore moins d'espace pour vous le rappeler en citations.
Aujourd'hui encore, Monsieur Le monde, vous vous inscrivez dans cette continuité. L'obsession d'une fragilité africaine vous habite jusqu'aux tripes, en vous rongeant de l'intérieur sans pouvoir vous en débarrasser. Vous ne faites que reprendre le refrain éculé : « le roi est malade », « la succession est ouverte », « les élites s'affrontent ». C'est le même programme, c'est le même objectif, c'est la même mentalité, c'est la même rengaine, tous rétablis avec des formules nouvelles. Rangez alors vos sarcasmes dans vos vieux tiroirs, sous peine d'aberrations à n'en finir. Parce qu'au Maroc, où Roi et Peuple sont indissociables depuis des lustres, le commun des mortels est plus vigilant aux déclarations étrangères que vous l'imaginiez.
Monsieur le Monde,
En un quart de siècle de règne, Mohammed VI a élevé le Maroc au rang des nations modernes et ambitieuses, sans jamais rompre avec la profondeur de ses origines. Ses réformes sociales ont placé la dignité du citoyen au cœur de l'action publique : du Code de la famille qui a redonné place et voix aux femmes, aux politiques sociales de solidarité destinées aux plus démunis, jusqu'aux projets structurants tels que l'Initiative nationale pour le développement humain. Sur le plan économique, il a propulsé le pays vers l'avenir, par la diversification industrielle, l'essor des infrastructures, l'essor des énergies renouvelables et l'ouverture sur les marchés africains et internationaux. Dans la sphère diplomatique, il a donné au Maroc une stature singulière : partenaire fiable de l'Europe, puissance émergente en Afrique, acteur respecté dans le monde arabo-islamique, et interlocuteur crédible des grandes puissances mondiales. J'en ai parlé d'une manière aussi détaillée qu'étayée dans le quatrième chapitre. Vous pourriez y revenir si votre mémoire vous jouait un mauvais tour. Un rappel n'est jamais mauvais.
Ce quart de siècle est donc celui d'un édifice patient, solide et constant, qui témoigne d'une vision royale tournée vers l'avenir. Le Roi n'a pas simplement accompagné son peuple : il a tracé une voie où se conjuguent la modernité et la fidélité aux valeurs ancestrales. Face à cela, le journal Le Monde que vous êtes, cristallise un contrepoint dissonant. Jadis perçu comme l'une des plus nobles incarnations du journalisme français, vous vous êtes métamorphosé dans une partialité idéologique souvent manifeste, hélas. Votre traitement de la question du Sahara marocain en est l'illustration typique : une complaisance honteuse à l'égard du discours algérien, un relai docile des thèses séparatistes du polisario, et une indifférence à la légalité internationale, aux résolutions onusiennes, comme à la réalité historique et humaine de l'intégrité territoriale du Maroc.
Porte-voix d'un socialisme tombé en désuétude, déchu de son actualité, vous semblez nourrir, plus que jamais, un impérialisme camouflé sous des idées démocratiques sournoises envers l'Afrique ;maquillé d'un progressisme factice, dispensant charitablement des conseils que vous seriez les premiers à trahir. De quel vile mépris faites-vous preuve en tombant si bas, vous qui avez toujours proclamé la culture et l'intelligence journalistique ? Vous vous êtes dépouillé de l'honnêteté journalistique qui fut naguère votre honneur. Ce n'est pas le Maroc qui est une énigme, mais vous-même, devenu votre propre ombre. L'ombre de phare de la presse française, vous vous êtes mué en organe biaisé, dont les pages trahissent plus souvent des obsessions politiques que la quête impartiale de la vérité. Et c'est en cela que la confrontation est inégale : d'un côté, un Roi dont l'œuvre s'inscrit dans la durée, éclaire l'Histoire et se grave dans la mémoire des peuples ; de l'autre, un quotidien dont vous portez le nom, qui s'effrite malgré sa continuation et s'enferme dans ses choix partisans. La balance du temps rendra son verdict : l'œuvre demeure, mais le vacarme médiatique, lui, s'efface, passe et trépasse.
Monsieur Le Monde,
Ce qui frappe, dans vos postures persistantes, c'est ce mépris obstiné que vous affichez à l'égard de vos propres consciences éclairées sur le colonialisme en général. Depuis votre naissance en tant que quotidien français, vous feignez d'ignorer les voix les plus hautes et les plus nobles de votre propre tradition intellectuelle : ces écrivains, philosophes, journalistes et penseurs français qui, bien avant vous, eurent le courage de dénoncer sans ambages l'injustice coloniale. Comment expliquer que vous tourniez le dos à Jean-Paul Sartre, qui voyait dans l'anticolonialisme le sursaut moral de l'Europe ? À Simone de Beauvoir, qui affirmait sa solidarité indéfectible avec les peuples en lutte pour leur émancipation ? À Aimé Césaire, qui démontrait avec une éloquence implacable que la colonisation déshumanise d'abord le colonisateur lui-même ? À André Gide et à Albert Londres, qui dès les années 1920 dénonçaient, dans leurs récits et reportages, la brutalité de l'exploitation coloniale en Afrique ?
Votre silence sur ces héritages n'est pas seulement une faute de mémoire : il est une insulte à vos propres génies, un reniement de vos propres lumières. Qu'est-ce donc que ce paradoxe d'un journal qui se proclame héritier de l'esprit critique français, mais qui piétine les avertissements de ses plus grands intellectuels, au profit de ses obsessions néocoloniales, de ses calculs impérialistes et de ses convoitises égocentriques ? Est-ce ainsi que vous honorez vos philosophes, vos historiens, vos écrivains, vos savants, ceux qui portèrent haut la bannière de la dignité humaine ? Ou bien faut-il conclure que vos jugements ne répondent plus à aucune exigence de moralité, ni même à la moindre cohérence intellectuelle ?
Pis encore, votre indifférence intellectuelle coupable défonce les barrières d'un terrain sur lequel il n'aurait pas dû se hasarder inconsidérément, c'est-à-dire l'exception marocaine. Ou peut-être le brouillard de l'ignorance injustifiable vous y a-t-il gauchement entraîné sous l'impact d'une nouvelle gauche, oscillant entre le centre et l'extrême droite ? Ah si De Gaulle était vivant. En définitive, votre drame réside dans l'une des deux hypothèses : soit dans votre méconnaissance horrible de l'exception marocaine dans les espaces arabo-africains ; soit votre ignorance malveillante de celle-ci. Et dans les deux cas de figure vous ne sembleriez mériter votre nom : Le Monde.
L'histoire des relations entre le Maroc et la France ne saurait être comprise à travers le seul prisme colonial, dans la réminiscence nostalgique d'un passé éternellement enterré. Elle appelle une nouvelle lecture, plus large et sérieuse, tenant compte de la profondeur historique du royaume chérifien, de la spécificité de son identité politique et civilisationnelle, ainsi que de l'ambivalence des regards portés sur lui par les élites françaises du XIXe et du XXe siècle. Cette spécificité fut d'ailleurs reconnue et soulignée par plusieurs grandes figures intellectuelles et politiques françaises, parfois prophétiques dans leurs mises en garde, parfois lucides dans leurs analyses.
À l'heure où certains discours médiatiques actuels, ancrés dans des clichés simplistes hérités d'un colonialisme révolu, tendent à nier ou à minimiser l'originalité historique du Maroc, il est indispensable de rappeler ces voix françaises du passé qui surent percevoir, avec une rare clairvoyance, l'exception marocaine. Je vais donc vous rafraichir la mémoire par des témoignages de prestigieuses personnalités de votre pays, dont vous ne pourrez nier la probité, en commençant par des citations d'outre-tombe.
Voici d'abord un Jean Jaurès, figure majeure du socialisme français et conscience morale de son époque qui, à la veille de la Première Guerre mondiale, porta un regard pénétrant sur la question marocaine. Dans ses discours à la Chambre des députés, il ne cessa d'alerter le gouvernement français sur le danger d'une politique agressive au Maroc. Pour lui, le Maroc n'était pas une colonie comme les autres : s'attaquer à son indépendance, c'était prendre le risque d'un embrasement général en Europe. Ses paroles résonnent aujourd'hui comme une prophétie accomplie. Ecoutez-le :
« Le Maroc est une nation ancienne, fière et jalouse de son indépendance. Toucher à son intégrité, c'est provoquer non seulement sa résistance, mais aussi la convoitise de toutes les puissances européennes. De ce jeu imprudent peut jaillir l'étincelle qui mettra le feu à l'Europe. » Cette « étincelle » annoncée par Jaurès ne fut autre que la crise marocaine d'Agadir (1911), qui accrut les tensions franco-allemandes et prépara le terrain à l'engrenage de 1914. Jaurès, assassiné trois jours avant le déclenchement de la guerre, incarna l'une des rares voix françaises à comprendre que l'exception marocaine ne pouvait être soumise aux logiques coloniales classiques sans entraîner des désastres géopolitiques.
Voici ensuite le Maréchal Hubert Lyautey premier résident général au Maroc qui, quelques années plus tard, ne se fit pas d'illusions sur la singularité du Maroc. Car là où la Tunisie ou l'Algérie pouvaient être envisagées comme des extensions directes de la France, le Maroc se dressait comme une entité historique et culturelle autonome, inassimilable à la logique coloniale. Admiratif, parfois fasciné, Lyautey reconnaissait que l'Empire chérifien n'était pas comparable à ses voisins du Maghreb. Il voyait dans le Maroc une grandeur politique et spirituelle que ni la France ni aucune puissance européenne n'avait véritablement les moyens d'asservir sans en payer le prix. Car aucune des puissances coloniales européennes ne pouvait se l'approprier toute seule. Il fallait qu'elles s'entendissent comme larrons en foire pour le soumettre au protectorat. Tels des hyènes attaquant collectivement un lion pour le dévorer. Mais le lion marocain était plus résistant. C'est pour cela qu'Hubert Lyautey, le 29 février 1916, à Lyon, dans une réponse au député Birot qui fit l'erreur de déclarer que l'Empire du Maroc était une « colonie française », estima lui mettre les points sur les « i » en déclarant, je cite :
« Alors que nous sommes en Algérie depuis plus 80 ans, en Tunisie depuis 35 ans, nous n'avons pris pied au Maroc qu'il y a 8 ans et notre protectorat y date de moins de 4 ans. Et puis, si l'Algérie est bien une « colonie », le Maroc est un « protectorat » et ce n'est pas là seulement question d'étiquette ». Et Lyautey d'ajouter : « alors que nous nous sommes trouvés en Algérie en face d'une véritable poussière, d'un état de choses inorganiques, où seul le pouvoir constitué était celui du dey turc effondré dès notre venue, au Maroc, au contraire, nous nous sommes trouvés en face d'un empire historique et indépendant, jaloux à l'extrême de son indépendance, rebelle à toute servitude (...) »
Ce constat implacable, venant du représentant même du pouvoir central colonial, révèle la reconnaissance implicite de l'Etat marocain comme entité séculaire. En soulignant la dignité nationale et la profondeur civilisationnelle du Maroc, Lyautey confirmait que ce pays n'était en rien comparable aux territoires conquis d'Algérie ou de Tunisie. C'est déjà l'exception marocaine que reconnaissait Hubert Lyautey, presque trois décennies avant votre naissance, Monsieur Le Monde.
Voici également Charles-André Julien historien majeur du Maghreb, qui rappela sans relâche que le Maroc constituait un cas unique dans l'histoire coloniale française. Réfléchissez à l'un de ses témoignages les plus percutants, je cite : « Le Maroc n'a jamais cessé d'être un Etat. Ses dynasties successives, son organisation religieuse et politique, son insertion dans les échanges méditerranéens et sahariens, ses frontières et son appareil administratif, en font un empire indépendant que la France a rencontré, et non créé (...) ».
Voici enfin Jacques Berque, sociologue et orientaliste, qui insista sur la vitalité de la société marocaine et son exceptionnelle capacité de résistance culturelle. Pour lui, le Maroc était un « corps social vivant », animé par une énergie propre, et non une « page blanche» à remplir par l'Occident. Il accentua la profondeur spirituelle et sociale du Maroc, « civilisation islamique vivante et organique qui ne pouvait être assimilée à une simple périphérie de l'empire colonial ». Il voyait dans la monarchie marocaine le « trait d'union entre la continuité historique et la modernité politique ».
Pour ne pas transformer ce chapitre en recueil d'attestations, tant les témoignages sont innombrables, je me limite aux quatre figures historiques précitées au sujet du Maroc, respectées dans les mondes politique, militaire et académique français, qui contribuèrent à replacer le Maroc dans le concert des grandes nations séculaires, loin de l'image condescendante et réductrice d'un territoire à civiliser. Je dis bien « replacer le Maroc », puisque ces quatre prestigieuses figures françaises appartenaient au 20e siècle, alors que le Maroc, loin d'être une périphérie dominée, siégeait déjà aux 17e et 18e siècles dans la cour des grands, en interlocuteur direct du monarque français le plus prestigieux de son époque. J'ai nommé Louis XIV, « Roi soleil ». J'ai déjà évoqué cet épisode de l'Histoire du Maroc dans le premier chapitre.
Ce rappel historique invite à réinterroger les représentations actuelles du Maroc dans certains discours médiatiques français. Car les mêmes erreurs de jugement, les mêmes stéréotypes hérités du passé, continuent de peser sur les perceptions contemporaines. Or, comprendre le Maroc, c'est d'abord reconnaître sa singularité historique, son rôle d'acteur autonome et sa continuité étatique millénaire. En cela, l'exception marocaine, si souvent trahie par l'aveuglement colonial, demeure une vérité incontournable que la mémoire française gagnerait à réhabiliter, pour fonder des relations respectueuses et mutuellement fécondes au troisième millénaire.
Monsieur Le Monde,
La plume que vous maniez se voulait incisive, presque prophétique, en prétendant dresser un portrait accablant du Maroc et de sa monarchie. En réalité, elle ne révèle que la persistance d'un vieux tropisme colonial : celui qui peine à accepter qu'un pays naguère placé sous tutelle française ait pu, en l'espace de quelques décennies, se hisser au rang de puissance émergente, dotée d'une vision claire, d'institutions solides et d'une diplomatie respectée. Votre récit n'est donc pas une analyse, mais une souvenance : l'écho d'une rêverie politique évanouie, où le magistère médiatique français façonnait l'opinion maghrébine à sa guise. Ce rêve, Monsieur Le Monde, est bel et bien terminé. Fini.
Car enfin, à quoi se résume votre propos ? À des caricatures et des clichés. Vous ressuscitez le vieux démon de l'expansionnisme en chatouillant sa queue, l'ancien registre paternaliste où le Maroc ne serait qu'un espace périphérique, prisonnier de ses archaïsmes, incapable de penser par lui-même son développement et son avenir. Vous feignez d'ignorer que ce Maroc que vous dénigrez est désormais cité en exemple par les plus grandes institutions financières, les instances africaines, et même vos propres chancelleries.
Le Maroc est un Royaume moteur : moteur de stabilité au Maghreb, moteur d'intégration africaine, moteur de dialogue euro-méditerranéen, moteur de solidarité à l'égard de tous. A l'égard de tous, vous entendez ?! La Banque mondiale, le FMI, l'Union africaine et l'ONU reconnaissent tous, sans ambiguïté, la pertinence des choix stratégiques opérés par Rabat. Face à cela, vos sarcasmes paraissent dérisoires, hors d'époque, comme une cassette usée dans un monde passé au numérique.
Votre texte, sous couvert de critique journalistique, n'est rien d'autre qu'un acte de complicité avec un régime algérien englué dans sa propre incapacité. Vous caressez ses dirigeants dans le sens du poil, vous épousez sa propagande, vous relayez sa phobie obsessionnelle du Maroc et de sa cause nationale. Vous adoptez, sans la moindre distance critique, un langage qui épouse celui des officines militaires d'Alger. Voilà le drame : vous ne faites pas œuvre de journalisme, mais de supplétif. Derrière le masque de l'« autonomie rédactionnelle », vous assumez le rôle de marionnette utile, brandissant une indépendance de plume que vos accointances démentent. Face à cela, vos insinuations ne sont que « poudre aux yeux », Monsieur Le Monde. Pourtant, vous auriez pu saisir l'occasion de votre tribune pour interroger les vrais défis communs du Maghreb : la lutte contre le terrorisme sahélien, l'adaptation climatique, l'intégration économique.Mais au lieu de tout cela, vous vous attachez à des futilités, des détails, en discutant du sexe des anges.
Vous auriez pu contribuer à un débat de fond, utile, fécond. Mais vous avez choisi la facilité : celle du pamphlet stérile, des stéréotypes creux et de la complaisance envers un voisin en mal de légitimité. C'est pourquoi votre texte ne passera pas à la postérité. Il sera lu, un temps, par ceux qui veulent croire à vos illusions. Puis il rejoindra les archives poussiéreuses des polémiques éphémères, pour ne pas dire la poubelle des écritures mensongères. Car l'histoire s'écrit ailleurs : dans les chantiers de Tanger Med, dans les universités de Rabat et Marrakech, dans les sommets africains où le Maroc trace, avec d'autres, les voies d'un continent libéré de ses tutelles, débarrassé de ses complexes. J'en ai suffisamment parlé.
Monsieur Le Monde,
Vous dénoncez des illusions, nous constatons des réalisations. Vous prophétisez l'isolement, nous assistons à un élargissement des partenariats : avec l'Afrique, avec l'Europe, avec l'Amérique latine, avec l'Asie. Vous rêvez de fragilités, nous récoltons des preuves de solidité. Voilà, Monsieur Le Monde, pourquoi je vous le dis, avec la vigueur de celui qui refuse l'injustice intellectuelle : votre récit appartient à un passé révolu. Ce n'est plus le Maroc qui vacille devant vos mots. C'est votre récit qui se délite devant nos faits. Ce n'est plus notre nation qui attend validation d'une presse étrangère. C'est votre presse qui peine à exister, à se renouveler, à convaincre, hors des oripeaux d'un magistère disparu, loin des croyances expansionnistes qui n'ont plus cours.
Oui, monsieur Le Monde, la fin d'un rêve s'écrit ici : la fin du rêve médiatique néocolonialiste qui vous a longtemps caressé. Le Maroc n'est plus ce pays que l'on décrit de Paris, sans le connaître, sans le vivre, sans l'apprécier, sans l'aimer. Le Maroc parle désormais de lui-même, par sa voix, par ses fils, par ses réalisations, par ses institutions, par ses voies, par ses choix souverains. Et face à cela, vos insinuations s'éteignent, comme une chandelle inutile au soleil levant. Comme un feu de paille sous la pluie de l'abondance céleste, sur une terre nourricière : celle du Royaume du Maroc.
L'histoire impose ses vérités à ceux qui tentent de les travestir. Le Maroc, Etat précolonial demeuré debout malgré les épreuves, a toujours su conjuguer la défense intransigeante de sa souveraineté avec une solidarité agissante envers les peuples africains en lutte pour leur liberté. De la Charte de Casablanca initiée par Mohammed V au plaidoyer panafricain de Mohammed VI à Abidjan, s'esquisse une même ligne de force : celle d'un Royaume fidèle à son identité et profondément arrimé au destin de l'Afrique. À ceux qui persistent dans leurs attitudes néocoloniales, l'Histoire rappelle que les véritables grandeurs résident dans la dignité, la mémoire et la fidélité aux principes.


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