Un vaste front judiciaire s'est ouvert mercredi à Madrid contre Meta, la maison mère de Facebook et Instagram. Plus de 80 médias espagnols réclament à l'entreprise 550 millions d'euros de compensation, accusant son modèle publicitaire de leur avoir causé un préjudice économique majeur. L'affaire, très attendue dans le secteur des médias, est examinée depuis 10h00 (08h00 GMT) par un tribunal de commerce de la capitale espagnole, avec des audiences prévues jusqu'à jeudi. À l'origine de cette procédure, l'Association des médias d'information (AMI), principale instance représentative du secteur en Espagne. Elle a engagé des poursuites en décembre 2023 contre Meta Irlande, entité européenne du groupe californien, en l'accusant de concurrence déloyale dans le domaine de la publicité numérique. Le montant de la demande s'élève à 551 millions d'euros. « Ce procès engage la pérennité même de nos médias, aujourd'hui fragilisés par les pratiques prédatrices de plateformes comme Meta, qui opèrent en dehors du cadre réglementaire en vigueur« , a déclaré Irene Lanzaco, directrice générale de l'AMI, devant les journalistes à l'ouverture des débats. Elle a précisé que Meta se serait livrée à un profilage systématique des internautes sans les informer ni recueillir leur consentement. Ces données auraient ensuite été exploitées pour vendre des publicités ciblées, générant des profits considérables grâce à une méthode qu'elle qualifie d'illégale au regard des normes européennes. LIRE AUSSI : IA: Meta conclut un accord de plus de 10 milliards USD avec Google Cloud pour utiliser ses serveurs L'AMI affirme que Meta a contrevenu aux règles de protection des données en vigueur dans l'UE, en particulier entre mai 2018 et juillet 2023, en récoltant et en utilisant illicitement les données personnelles des utilisateurs à des fins publicitaires. Les auditions de témoins ont lieu mercredi, tandis que les expertises et plaidoiries des parties seront présentées le jeudi. Parmi les éditeurs représentés par l'AMI figurent des groupes majeurs comme Prisa (El País, AS), Godó (La Vanguardia, Mundo Deportivo), Unidad Editorial (El Mundo, Marca) ou encore Vocento, éditeur de l'ABC. À cette action s'ajoute une autre plainte, distincte mais motivée par les mêmes faits, déposée par des groupes audiovisuels espagnols. Ces derniers réclament à Meta 160 millions d'euros en dommages. Enfin, la contestation dépasse les frontières espagnoles : en avril, près de 200 groupes de médias français, parmi lesquels les plus grandes chaînes de télévision et titres de presse, ont engagé une procédure similaire contre Meta.