Il y a des moments où la diplomatie cesse d'être un simple jeu d'équilibres pour devenir un révélateur de stature. La récente visite de Nasser Bourita à Moscou appartient à cette catégorie. Car derrière les formules convenues et les conférences de presse policées, quelque chose de profond s'est joué : la Russie a enfin regardé le Maroc pour ce qu'il est, non plus à travers le prisme d'Alger, mais avec le regard lucide d'une puissance consciente des nouveaux rapports du monde. Longtemps, le Kremlin a laissé sa vision du Maghreb être filtrée par les nostalgies idéologiques de la Guerre froide. Mais en 2025, l'histoire ne se répète plus, elle se réécrit. Et dans ce nouveau langage diplomatique, le Maroc s'impose comme un acteur central, un pont entre les continents, un partenaire dont la constance vaut signature. Le Maroc n'a jamais cherché à plaire, il inspire le respect parce qu'il demeure fidèle à sa ligne, celle d'un Royaume souverain, attaché à l'équilibre et à la mesure. Une victoire tranquille Cette reconnaissance russe n'est pas le fruit du hasard. Elle consacre une diplomatie marocaine patiemment tissée, faite de constance et de crédibilité. Si d'autres jouent la carte des alliances fluctuantes, le Maroc, lui, choisit la continuité. Quand certains s'enferment dans le vacarme idéologique, le Maroc, lui, parle le langage universel de la fiabilité. Et c'est ce langage que Moscou comprend désormais. LIRE AUSSI : Mohamed Ould Errachid s'entretient avec la présidente du Sénat équato-guinéen On aurait tort de l'ignorer : derrière chaque avancée marocaine, il y a une crispation algérienne. À Alger, cette rencontre a été vécue comme une gifle diplomatique. Disons-le sans détour : nos voisins de l'Est ont perdu une partie qu'ils croyaient maîtriser. Leur diplomatie, fondée sur la nostalgie et les réseaux d'hier, n'a pas vu venir le changement de paradigme. Ils ont cru que la Russie de 2025 était encore celle des années 1970, prisonnière des solidarités idéologiques. Le pouvoir militaire, persuadé que Moscou resterait éternellement acquis à ses thèses, découvre que la Russie de 2025 n'est plus celle du bloc idéologique. Le Kremlin raisonne désormais en termes de fiabilité et de bénéfices mutuels. Et sur ces deux tableaux, le Maroc a pris une longueur d'avance. La « roulette russe » qu'Alger croyait gagner s'est transformée en tir à blanc. La scène, symbolique, de Nasser Bourita côte à côte avec Sergueï Lavrov, vaut bien plus qu'un cliché diplomatique, elle illustre la place nouvelle du Royaume dans un monde en recomposition. En réussissant à transformer un partenariat historique en levier géopolitique, Rabat démontre qu'il sait jouer dans la cour des grands, sans renier sa souveraineté, sans hausser la voix, sans trahir ses alliances. Sans triomphalisme, sans tambour, mais avec la certitude tranquille que le Maroc avance dans le bon sens de l'Histoire. Bref, La Russie ne parie plus sur le hasard, elle mise sur la fiabilité. Et dans cette équation, le Maroc a gagné la main.