Mme Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée auprès du Chef du Gouvernement, chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration, a présenté lors du Forum MD Sahara, organisé du 13 au 16 novembre 2025 à Dakhla, une vision ambitieuse du digital comme « nouvelle Marche Verte ». Pour la ministre, le numérique constitue un levier stratégique pour l'inclusion sociale, le développement humain et la souveraineté du Maroc et du continent, marquant une étape décisive pour les provinces du Sud. Lors de son intervention, la ministre a établi un parallèle saisissant : si la première Marche Verte a reconquis le territoire, la marche technologique vise à l'irriguer de progrès et à le connecter au monde. Le point de départ de cette ambition est la connectivité. « Nous avons tous la 5G sur nos téléphones », a-t-elle expliqué, illustrant les efforts colossaux du Maroc pour mailler l'ensemble de ses régions avec les technologies les plus modernes. Cette connectivité n'est pas une fin en soi, mais le socle indispensable qui permet de « rapprocher le citoyen de son administration » grâce aux e-services, de dynamiser le commerce électronique, et de révolutionner des secteurs vitaux comme l'e-santé et l'éducation en ligne. L'objectif est clair : abolir les distances et garantir un accès équitable aux services essentiels pour chaque Marocain, où qu'il se trouve. Mais la technologie sans le talent n'est qu'une coquille vide. C'est pourquoi Mme El Fallah Seghrouchni a profité de cette tribune pour détailler le lancement, depuis Dakhla, de deux initiatives majeures qui ancrent cette vision dans le réel. La première est un engagement fort en faveur du capital humain : le programme « Jocintex ». Porté par son ministère en collaboration avec des partenaires clés, ce programme de formation vise les technologies les plus demandées sur le marché du travail. Fort du succès d'un projet pilote qui a permis à 97% des 1 000 participants d'accéder à l'emploi, « Jocintex » prend une nouvelle dimension avec l'objectif de former 14 000 personnes à travers le Royaume. Le lancement de la première cohorte ici, à Dakhla, est un symbole fort : la jeunesse des provinces du Sud est en première ligne de cette nouvelle marche vers la compétence et l'insertion professionnelle. Lire aussi : José Ulisses de Pina Correia e Silva : « Le Maroc est un pays important et indispensable à la construction d'une Afrique unie et ambitieuse » La seconde initiative est un projet qui positionne Dakhla comme un hub technologique continental : la construction d'un data center africain de 500 mégawatts. Ce n'est pas un simple centre de données, mais une infrastructure de « nouvelle génération ». Alimenté à 100% par les énergies renouvelables, capitalisant sur le potentiel solaire et éolien exceptionnels de la région, il sera un modèle de développement durable. Conscient du stress hydrique, le projet explorera des technologies de refroidissement innovantes pour minimiser sa consommation d'eau. Connecté au monde par des câbles sous-marins intercontinentaux, ce data center est le pilier du programme « Du4AZ » (Digital for Sustainable Development), qui vise à faire du Maroc un carrefour numérique arabo-africain. Les ambitions de ce projet sont à la mesure de son envergure. Il s'agit d'abord d'un enjeu de souveraineté : héberger les données nationales sur le sol marocain. Mais la vision est résolument panafricaine. Le Maroc offrira des capacités de stockage et de calcul à ses partenaires du Sud, créant de véritables « ambassades de données » pour les pays voisins. Face au constat que l'essentiel des données africaines est hébergé hors du continent, le Maroc se propose d'aider les pays amis à numériser leurs archives et à les stocker de manière souveraine. Ce data center sera également un puissant catalyseur pour l'économie locale, en offrant aux PME un accès à des capacités de calcul et de stockage de pointe, et en créant de nombreux emplois. À travers l'intervention de Mme El Fallah Seghrouchni, Dakhla n'apparaît plus seulement comme une perle touristique, mais comme le point de départ stratégique de la seconde Marche Verte du Maroc. Une marche immatérielle, faite de données, de compétences et de connectivité, qui porte en elle la promesse d'un avenir prospère, inclusif et souverain, pour le Royaume et pour toute l'Afrique.