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M'diq-Fnideq : De la contrebande à l'économie formelle, un enjeu stratégique [Interview]
Publié dans Yabiladi le 24 - 02 - 2021

Après plusieurs mois de crise économique et plusieurs semaines de contestation sociale, les habitants de M'diq-Fnideq bénéficient de premières initiatives de redynamisation des activités locales. Président de l'Observatoire du nord des droits de l'Homme (ONDH), Mohamed Benaïssa analyse la situation, depuis la fermeture des frontières économiques avec Ceuta.
Quelle est la situation sociale et économique actuelle de M'diq-Fnideq ?
Il existe de grandes disparités au niveau local entre municipalités faisant partie de la même préfecture et qui sont Martil, M'diq et Fnideq. C'est dû aux impacts de la pandémie du nouveau coronavirus ainsi qu'au maintien de la fermeture des frontières avec Ceuta, mais aussi à la baisse drastique des activités touristiques, qui constituaient jusque-là un élément central de l'économie dans notre région. La saison estivale qui n'a pas eu lieu a accentué cette crise, alors qu'on espérait une possible reprise. La ville la plus touchée par cette crise aux multiples facteurs a été Fnideq. C'est pour cela que sa population a manifesté à plusieurs reprises, ces dernières semaines.
Avant la fermeture des frontières pour des raisons sanitaires, les activités de contrebande via Ceuta ont été mises à l'arrêt. Quelles options de reconversion pour ces familles ?
Depuis la fermeture des frontières économiques en octobre 2019, nous avons déjà observé un changement avec le mouvement de plusieurs familles vivant ici, qui ont commencé à se réinstaller dans leurs villes et villages d'origine. Celles qui sont restées ont pu compter sur une dynamique locale de solidarité et d'entraide, en attendant de trouver une nouvelle activité viable.
Avec cette décision, beaucoup de ceux vivant de la contrebande ont pensé qu'il s'agissait d'une mesure temporaire et que le commerce informel allait reprendre tôt ou tard. Ils ont vu cela plutôt comme une escalade du conflit politique entre le Maroc et l'Espagne sur le statut des deux enclaves.
Après plusieurs mois, ils ont fini par réaliser que les autorités marocaines étaient déterminées à mettre fin à cette activité une bonne fois pour toute, donc nombre parmi eux sont restés dans l'expectative avant de commencer à réfléchir à une nouvelle source de revenu.
Dans le milieu associatif, des organisations ont plutôt salué la fermeture des frontières économiques par le Maroc, considérant que cela mettait fin à des décennie d'exploitation de personnes vulnérables dans des activités illicites. Ont-elles le même avis aujourd'hui ?
Au sein de l'ONDH, nous faisons effectivement partie des associations de protection des droits humains qui ont appuyé la décision d'octobre 2019, car nous étions avant cela la seule organisation au niveau local qui a appelé à mettre fin à cette activité, mais avec un accompagnement via l'investissement dans des alternatives économiques. Notre plaidoyer s'est construit sur la base d'éléments et de données de terrain recueillis pendant plusieurs années, qui convergent en premier lieu vers les violations de la dignité et des droits élémentaires des personnes exploitées dans la contrebande.
Quel avenir pour les porteuses de marchandises après la fermeture des frontières économiques ?
De plus, nous avons documenté les décès d'une quinzaine de femmes porteuses de marchandises, chaque année aux postes-frontières de Ceuta et de Melilla, où elles travaillaient dans les conditions inhumaines que vous connaissez. De plus, l'économie marocaine perdait plus de 700 millions de dollars par an, qui représentent les entrées non-investies de la contrebande.
Le maintient de ces activités s'est également avéré très couteux en termes de ressources humaines, de bien-être psychique des populations locales mais aussi au niveau budgétaire, puisqu'autoriser la contrebande implique d'investir plus lourdement dans le sécuritaire, afin de veiller au bon déroulement du contrôle frontalier. Le Maroc y perd aussi de son image car sur le plan international, c'est considérablement honteux que nous fassions partie des pays où des femmes travaillent encore dans les conditions de ce que certains appellent «femmes-mulets».
Sur la base de toutes ces observations, nous avons appelé à la fermeture des frontières économiques avec Ceuta. Mais en même temps nous avons aussi plaidé pour qu'au moins l'équivalent de 10% des 700 millions de dollars par an de contrebande soit injecté dans l'économie formelle locale. Ce taux aurait pu être largement suffisant pour un véritablement renouveau de notre région, en termes de développement social et économique, mais aussi au niveau national pour ce que cela représente comme victoire politique.
En d'autres termes, ce ne serait plus la survie de Fnideq qui dépendrait de Ceuta mais plutôt l'inverse. Nous aurons ainsi réussi à cerner de manière efficace les deux enclaves, tout en renforçant le sentiment de notre souveraineté nationale sur deux villes qui restent encore colonisée.
Mais malheureusement, la réponse des autorités marocaines à cette revendication ne s'est pas accompagnée d'alternatives économiques comme la création d'emplois directs pour les jeunes dans la région et la baisse des taxes à M'diq-Fnideq pour y encourager l'installation d'investissements, alors que c'est une question stratégique.
Qu'a été la réaction des autorités locales face à la crise et à la contestation sociale ?
L'approche des autorités a été plutôt différente de celles que nous avons observées jusque-là dans d'autres régions, dans la mesure où l'on a ouvert des possibilités de formation des jeunes dans certaines spécialités. Il y a d'ores et déjà des options de financement de petites entreprises. Les femmes sont concernées en premier lieu par l'emploi dans des usines formelles de textile, à Tanger et dans des secteurs industriels à Tétouan.
Certaines initiatives ont été lancées pour contenir les effets de la crise, mais il ne faut pas oublier que ce sont les tous premiers pas pour une sortie de longues décennies où M'diq-Fnideq a vécu de l'économie informelle, entre le commerce de contrebande et la culture de cannabis. Dans cette zone qui compte plus 70 000 habitants, la vie s'est principalement reposée sur un modèle hybride nécessitant de se donner le temps nécessaire pour s'en détacher.
Ce que nous voyons actuellement, c'est que les autorités sont dans une approche transversale avec une participation et une consultation active de la population locale.
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Les manifestations ont cependant été marquées par des arrestations…
L'approche sécuritaire a en effet été adoptée, lorsque les autorités ont arrêté quatre personnes durant le premier rassemblement qui a eu lieu à Fnideq. Après la troisième manifestations, les détenus ont été remis en liberté, après leur condamnation à six mois avec sursis, ce qui nous a laissé entrevoir que les autorités redirigeaient leur approche vers le social et l'économique plutôt que celle uniquement sécuritaire.
Vous êtes natif de la région. Quelles sont les potentialités locales sous exploitées ?
Il s'agit tout d'abord des potentialités humaines et cela pose la réelle question de justice territoriale au niveau de la région élargie. Très souvent, de jeunes énergies et des habitants pourtant formés mais issus de Martil, Tétouan, Fnideq passent au second plan lorsqu'il s'agit de l'accès à l'emploi portuaire à Tanger, donc cette activité ne bénéficie par à l'insertion large de la population.
Dans un autre registre, les approches et les politiques menées dans le secteur touristique dans tout le nord gagneraient à être revues. Même avant la crise sanitaire, l'activité s'est essoufflée et les visiteurs ont eu de moins en moins d'intérêt pour une zone qui a perdu de son attrait, car on y a trop capitalisé sur une seule forme de tourisme qu'est le balnéaire. Or, le tourisme culturel ou rural dans des zones comme Chefchaouen, Martil ou les environs de Tétouan peut apporter beaucoup mais reste sous exploité.


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