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Condamnation du rappeur « El 7a9ed » : La société civile continue la mobilisation
Publié dans Yabiladi le 15 - 05 - 2012

Vendredi 11 Mai, Mouad Belghouat, alias «El 7a9ed», a été finalement condamné à un an de prison ferme pour «insultes à l'égard des autorités» et «outrage à un corps constitué». Le rappeur paie ainsi au prix fort la rançon de son impudence : celle de s'en être pris ouvertement aux autorités en publiant une vidéo parodique et dénonciatrice, "Kilab ed-Dowla". Depuis l'annonce de sa sentence, ONG de défense des droits de l'homme et société civile montent au créneau pour condamner ce cas de bafouage exemplaire du droit constitutionnel à la liberté d'expression. Compte-rendu.
Un an de prison ferme. C'est ce qu'il en coûtera au rappeur El 7a9ed pour s'en être pris verbalement aux services de la DGSN (Direction Générale de la Sûreté Nationale) au travers d'une vidéo-montage intitulée «Kilab ed-Dowla» («Les Chiens de l'Etat») dans laquelle il dénonce, entre autre, la corruption de la police et la servilité de l'entourage du Roi. C'est le verdict qu'a rendu, vendredi dernier, le tribunal de première instance d'Ain Sebâa à Casablanca.
Prononcé en l'absence de ses avocats, qui avaient collégialement décidé de se retirer de ce pastiche de procès lors de l'audience du 7 mai, le verdict est tombé comme un couperet alors que s'ouvre dans moins d'une semaine les festivités musicales du festival Mawazine de Rabat, un festival censé promouvoir verbatim : « l'ouverture […] et la tolérance ».
Un procès expéditif où l'absence de preuves devient un motif de sentence
Faisant fi du témoignage du chanteur, ou de l'absence de preuves permettant d'établir factuellement sa participation à l'élaboration du vidéo-montage pour lequel il est inculpé, le tribunal de la première instance d'Ain Sebâa a rendu son verdict au début du week-end dernier ; un verdict sans appel: en vertu de l'article 263, Mouad Belghouat est jugé coupable d'outrage «à l'encontre des représentants des forces de l'ordre dans l'exercice de leur fonction» dans l'intention de «salir leur honneur» et, en vertu de l'article 265, coupable «d'outrage à l'encontre d'un corps constitué».
Toutes les charges sont donc retenues contre lui. La cour a d'ailleurs rejeté toutes les motions visant à le faire libérer. Indignés, les avocats du chanteur ont donc fait savoir qu'ils iraient en appel.
Réactions : Human Rights Watch, AMDH et société civile montent au créneau
Evidemment, la sévère condamnation de Belghouat provoque de vives réactions, à commencer par celles des ONG de défense des droits de l'homme. Figure de proue de cette contestation, l'ONG américaine «Human Rights Watch», qui est montée au créneau dès le début de l'affaire. Sa présidente régionale (Nord Afrique et Moyen-Orient), Sarah Leah Whitson, relevait d'ailleurs dès samedi (soit au lendemain du procès) le paradoxe entre «le Maroc [qui] accueille prochainement un festival international de musique des plus célèbres et l'emprisonnement d'un de ses chanteurs» simplement parce que celui-ci a émis «des paroles et des images qui déplaisent aux autorités».
Ce paradoxe parait d'autant plus flagrant que la Nouvelle Constitution consacre le droit à la liberté d'expression (cf. article 25). Or, dans les faits, la mise en application de ce principe constitutionnel se heurte aux articles du code pénal sur lequel les Cours de Justice du royaume se basent pour déterminer leurs sentences.
C'est précisément «ce décalage entre les principes constitutionnels et leur mise en application» à retardement différé que déplore Mme Khadija Ryadi, la présidente de l'Association Marocaine des Droits Humains (AMDH), contactée par nos soins. Selon la présidente de l'AMDH, ce décalage n'est d'ailleurs qu'un des dommages collatéraux «du manque d'indépendance de la justice» qui, rappelle-t-elle, «est lui aussi garanti par la Nouvelle Constitution». Selon la susnommée, le fait que la justice soit placée sous le joug de l'exécutif est à l'origine de la tournure qu'a pris «l'Affaire Belghouat». Car de fait, si Belghouat est devenu «un prisonnier d'opinion» , c'est bel et bien parce qu' «il représente quelque chose de gênant pour le pouvoir en place», à savoir : «un activiste du mouvement du 20 Février», qui s'en «prend ouvertement» au makhzen, et qui, par le biais de sa musique, «touche et fédère les jeunes».
Il est vrai qu'en écrivant des textes engagés et dénonciateurs, la musique d'El 7a9ed parle aux jeunes, et ce, qu'ils soient issus de milieux populaires ou non. C'est pourquoi ils ont été très nombreux à se mobiliser pour lui, à lui venir en aide tout au long de son procès. Manifestant leur indignation dans la rue et sur la toile, les jeunes ont ainsi multiplié les appels de solidarité visant à faire libérer le rappeur contestataire. De nombreux groupes (sur Facebook : «Free Mouad ») et blogs militant pour que justice lui soit rendue ont émergé sur les réseaux sociaux et plus généralement sur la toile. Figure emblématique de la contestation populaire, la libération du jeune chanteur est d'ailleurs devenue un mantra collectif, si bien qu'une vidéo-pétition a été mise en ligne pour exhorter la justice marocaine à l'écrouer de ces charges. Dans cette vidéo, on voit des personnes du monde entier tenant une pancarte à la main sur laquelle est toujours inscrit le même message : «Liberté pour El7a9ed». Et la justice marocaine de leur répondre, par décision arbitraire interposée, d'attendre l'année prochaine.


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