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Maroc : L'inégalité entre les sexes durera encore longtemps
Publié dans Yabiladi le 20 - 12 - 2012

Il y a des moments dans la vie de chaque Marocain où on ressent ce qu'on appelle bien chez nous "L7ougra" certains la vivent tous les jours à la gare quand les gens passent devant eux sans faire la queue, d'autres aux commissariats quand le policier les fout à la porte parce qu'ils ne connaissent pas "les bonnes personnes", d'autres au Hammam parce que la tyaba a pris leur place pour la donner à une grosse dame qui elle, paie mieux !
Moi, je l'ai ressenti ce matin devant l'écran de mon ordi, ma tasse de café en main, mes yeux encore à mi-clos, j'ai regardé le reportage d'Al Jazeera sur les mères célibataires au Maroc, et le sentiment de 7ougra n'a fait qu'augmenter pendant les 50min du reportage. J'ai senti le dégoût, la honte, la tristesse, la rage, la fierté pour ces femmes, et l7ougra sur ma propre personne.
Hanane, de 3 ans ma cadette, séduite par un homme qui l'épouse sans l'aval de sa famille, lui fait un enfant, et se barre. Halima a été emportée par les rêves de maternité par un homme qui ne voulait plus entendre parler de son propre fils… Des filles jetées à la merci des chiens de rue, payant pour une erreur qu'ils ont commis à deux, des enfants que la société réclame d'abandonner, au lieu d'affronter la "honte" que ces filles apportent à la famille
des enfants qui crient le nom d'un père qu'ils ne connaîtront jamais, des enfants qui sourient aujourd'hui, mais qui ne souriront plus demain, parce qu'ils paieront pour la faute de leurs mères qu'ils détesteront un jour, parce que la société a donné raison au "mâle" et pas à la femme. Et plus je regarde ce reportage, et plus ça m'offense. Des témoignages poignants de ces femmes qui endurent dans les hôpitaux ce que leurs familles leur infligent.
Comment elles ont vécu ce jour d'accouchement qui est sensé être le plus terrifiant mais aussi le plus beau jour de la vie d'une femme. Comment elles ont trouvé refuge auprès des bonnes sœurs, non pas à la mosquée, non pas chez leurs propres familles. Et ce sentiment de rage augmentait au fur et à mesure que je n'entendais pas parler de ces hommes ! Ces femmes ne se sont pas envoyées en l'air seules, ces enfants ne sont pas tombés de l'arbre avec la pomme
mais personne ne blâme l'homme, personne ne va le chercher, personne n'en parle, parce que l'homme n'a rien perdu aux yeux de la société.
Et ça m'amène à vous dire que nous sommes gouvernées par une "queue" et je blâme pour cela les mères qui ont éduqué leur fils à être "supérieur" par son sexe à ne pas ranger la table parce qu'il est "rajel", à lui offrir des capotes parce qu'il est "rajel", à rentrer et sortir quand il veut parce qu'il est "rajel", à gérer la vie de sa grande soeur parce qu'il est "rajel" !
Ce concept de merde, d'être un rajel me révolte au plus haut point ! Que des femmes, et par conséquent toute une société mette un homme sur un trône, excuse toutes ses bêtises parce que c'est un mâle, ne trouve aucun sens à mes yeux. Et je ne vous ai jamais parlé du cas Amina, je ne vous ai jamais parlé des femmes violées puis mariées à leur violeur parce que j'ai toujours pensé : qui suis je pour écrire sur elles, du haut de mon bureau, tranquillement à siroter mon latte et taper des mots d'indignation ? J'ai mis mon silence sur le compte de la pudeur mais aujourd'hui je dis qu'il y'en a marre ! Marre de voir une société écraser un enfant et sa mère et vénérer un homme et son sexe, marre de sentir l7ougra tous les jours quand je mets une chaîne nationale, marre de voir ses héroïnes du quotidien ramener au rôle de prostituées par une société qui se proclame juge et bourreau, marre de me voir, rien à faire en observatrice et critique !
Et je ne crois pas aux changements, et je ne crois pas aux belles paroles, et à l'espoir d'un Maroc meilleur. Un Maroc meilleur est un pays où aucune petite fille ne souhaiterait être née garçon, où aucun violeur ne sera soulevé sur une 3emaria (palanquin), où aucun juge ne dira à une fille : «accepte pour ne pas faire honte à ta famille», où aucune famille ne prendra sa fille par la main pour l'emmener à sa mort, où aucune mère ne dira à sa fille: «écoute ton frère houwa li rajel !», où aucune mère ne dira à sa fille: «lui n'a rien perdu contrairement à toi», où aucune femme n'acceptera de se lier à un homme qui la juge, où aucun homme qui a vécu sa vie en long et en large ne viendra chercher la sainte nitouche en haut d'une montagne de l'atlas.
Le changement ce n'est pas un TGV, le changement c'est une greffe du cerveau !
Comment croire à un changement quand la moitié d'un pays souffre de maladie mentale sévère ? Le Marocain te dit, si tu n'écartes pas les jambes tu es une prude et une menteuse, si tu les écartes tu es une salope et tout le quartier est passé par là.
Comment croire à un changement dans un pays où une femme comme Aicha Chenna qui a consacré sa vie à trouver un travail et aider des femmes pour que plus jamais une mère ne soit séparée de son enfant, est traitée de proxénète ?
Comment croire aux changements quand j'entends ces femmes dire, que ce qui est arrivé est entièrement de leur faute, qu'elles sont "mal éduquées" et idiotes, parce que la société les a convaincu de leur infériorité… depuis quand nous avons tort de croire en l'amour, en la bonne foi, en "roujoula" quand on a 18ans ?!!
Tant qu'un enfant engendré hors des liens du mariage restera la responsabilité de la femme seule, tant qu'un viol restera la faute de la victime, tant que les hommes se serreront la main en se disant wa 3ibna wa7ed moi j'emmerderais la "queue' qui nous gouverne et celui qui la dirige vers moi!!
Une marocaine en colère
Visiter le site de l'auteur: http://www.etats-dame-dune-marocaine.com/


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