Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a défendu sa décision controversée d'interdire aux associations de poursuivre en justice les élus et responsables pour «dilapidation de deniers publics» dans le cadre de la nouvelle loi sur la procédure pénale. «Laissons les institutions faire leur travail. La lutte contre la corruption est souvent détournée de son véritable objectif», a-t-il déclaré lors d'une interview accordée à Med Radio. «Si ces associations étaient vraiment efficaces, elles auraient ce droit. Mais elles font partie intégrante du problème de la corruption. Je reçois constamment des plaintes pour escroquerie les concernant.» Abdellatif Ouahbi Reprenant son ancien rôle d'avocat, Ouahbi a souligné que «la réputation, la dignité et l'honneur des individus ne doivent pas être des terrains de surenchère». Il s'est interrogé : «L'Etat peut-il permettre à quelqu'un de voler sans réagir ? Je ne comprends pas cette logique. La sûreté nationale et le parquet général peuvent-ils rester inactifs face au vol ? Et il en va de même pour la Cour des comptes.» Ouahbi a également accusé les partis d'opposition de nourrir la polémique autour de la corruption, affirmant que «c'est la voie la plus facile pour eux». Pour rappel, deux institutions constitutionnelles, le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) et le Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH), ont critiqué l'article 3 du projet de loi sur la procédure pénale, qui empêche les associations de poursuivre en justice les élus et responsables pour dilapidation de biens publics. Ces critiques n'ont pas empêché les députés d'adopter le texte en seconde lecture le 22 juillet, malgré l'absence d'environ 330 députés lors du vote.