Alors que le Maroc est invité à préciser les contours de son plan d'autonomie pour le Sahara occidental, Paris a suggéré à Rabat de s'inspirer du modèle de gouvernance appliqué depuis 1984 en Polynésie française. Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, se rendra à Paris les 22 et 23 octobre, a révélé ce mardi Africa Intelligence. Ce déplacement, maintes fois reporté, s'inscrit dans le cadre de discussions cruciales avec son homologue français, Jean-Noël Barrot, où la question du Sahara occidental sera au cœur des échanges. Cette visite intervient à un moment stratégique, alors que le Conseil de sécurité des Nations unies s'apprête à voter, le 30 ou 31 octobre, une nouvelle résolution visant à prolonger d'un an le mandat de la MINURSO au Sahara. Le Maroc espère que cette résolution réaffirmera la primauté de son plan d'autonomie proposé en 2007. Toutefois, ce plan nécessite aujourd'hui des mises à jour et des clarifications quant à son application concrète. La France est appelée à jouer un rôle clé dans cette démarche. Vers une révision du mandat de la MINURSO ? Selon Africa Intelligence, la diplomatie marocaine a reçu, le 29 août dernier, une note de la France concernant l'initiative d'autonomie. Paris y a formulé plusieurs demandes de précisions, notamment sur la représentation de la population locale, les conditions de retour des Sahraouis des camps de Tindouf, ainsi que sur le modèle d'autonomie envisagé. La France aurait également suggéré à Rabat de s'inspirer du système politique en vigueur en Polynésie française depuis 1984, où un gouvernement local, dirigé par un président et des ministres, exerce des compétences propres, soutenu par une Assemblée territoriale et un Comité économique, social et culturel. L'article premier de la loi n° 84-820 du 6 septembre 1984 établit que «la Polynésie française constitue un territoire d'outre-mer doté de l'autonomie interne dans le cadre de la République française». Le média francophone rapporte également que les consultations autour du projet de résolution se poursuivent au sein du Conseil de sécurité. Ce texte, que l'administration américaine devrait bientôt soumettre, pourrait inviter officiellement le Maroc à détailler son plan d'autonomie pour le Sahara occidental. Quant à une éventuelle restructuration du mandat de la MINURSO, Africa Intelligence reste prudent, mais indique que l'ONU pourrait demander à la mission de concentrer davantage ses efforts sur la surveillance des hostilités entre les Forces armées royales (FAR) et le Front Polisario. Pour rappel, le Conseil de sécurité avait déjà souligné, dans la résolution 2440 adoptée le 31 octobre 2018, l'importance de parvenir à «une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara occidental, fondée sur le compromis, et qu'il est crucial d'adapter l'action stratégique de la MINURSO et d'affecter les ressources des Nations Unies à cette fin».