En avril, l'hebdomadaire Jeune Afrique citant un document de la DGST affirmait que deux groupes basés aux Pays-Bas et en Belgique finançaient le «Hirak». Hier, Assahab avance une autrebpiste plutôt surprenante : le Polisario. «Les détenus d'Al Hoceima ont reçu des fonds du Polisario» : C'est le titre accrocheur d'un article paru dans l'édition du quotidien Assabah. Citant des éléments de l'enquête en cours, le journal affirme «qu'un des détenus à la prison d'Oukacha a bénéficié de financements de la part du Polisario». Et d'ajouter que la source «qui lui a remis les fonds» a été identifiée ainsi que «les objectifs qui ont été tracés, avec pour justification un destin commun, le Sahara marocain et la région du Rif ayant été des colonies espagnoles». Assabah assure que l'enquête a pu déterminer «le nombre de rencontres entre le responsable du Front Polisario et l'accusé qui était un des leaders de la protestation et l'un de ses financiers». Pourtant, le quotidien arabophone ne produit aucun élément de preuve permettant d'avancer ces graves accusations. Khalid El Horri, rédacteur en chef d'Assabah se contentera de déclarer à TelQuel : «Avant la publication du papier, je n'ai même pas parlé avec le journaliste qui l'a écrit. Je ne lui ai pas non plus demandé de me divulguer ses sources. Je suis dans un rapport de confiance avec mes journalistes.» Contacté par Le Desk, un des avocats de la défense, Me Abdessadek El Bouchattaoui dénonce une opération de calomnie. Il annonce avoir décidé de poursuivre le quotidien Assabah. La version d'Assabah contredit celle de Jeune Afrique Force est de constater que la version relayée par le quotidien arabophone Assabah tranche complétement avec celle diffusée par l'hebdomadaire francophone Jeune Afrique en avril dernier. Si les deux pointent du doigt la «main de l'étranger», ils divergent sur la partie à accuser. Pour mémoire Jeune Afrique, citant un document de la Direction générale de la surveillance du territoire, avait avancé la thèse de la responsabilité de «deux entités basées aux Pays-Bas et en Belgique et actives au sein de l'émigration d'origine rifaine : l'ONG Agraw N'Arif et le Mouvement du 18 septembre pour l'indépendance du Rif». «Selon la police, ces organisations auraient joué un rôle important lors des manifestations du 26 mars (attaque d'une résidence policière) et du 9 avril, distribuant banderoles, gilets fluorescents et portraits d'Abdelkrim el Khattabi, le chef de l'éphémère République du Rif entre 1922 et 1925.» Le procureur général du roi près la cour d'Appel d'Al Hoceima avait accusé, dans un communiqué, les détenus du «Hirak» de «perception de sommes d'argent pour favoriser une activité et une propagande de nature à porter atteinte à l'unité du Royaume et sa souveraineté, à déstabiliser la loyauté des citoyens envers l'Etat marocain et les institutions du peuple marocain».