Plus l'échéance des éléctions législatives approche, plus les inquiétudes au sein du PJD se font entendre. Peu confiants dans la direction d'El Othmani, certains en appellent au retour de Benkirane. Comme dans les films de super héros, Abdelilah Benkirane pourrait faire son come back. Le week-end dernier dans sa villa à Rabat, l'ancien chef du PJD s'est réuni avec un groupe restreint de fidèles dont des députés. Le président du Mouvement Unicité et Réforme, Abderrahim Chikhi, était également présent. Cette présence est importante dans la mesure où un éventuel retour de Benkirane ne peut se réaliser sans la bénédiction de la matrice du parti. Pour mémoire en 2017, le MUR avait fait barrage au projet de l'ancien secrétaire général de briguer un 3e mandat lors du congrès de décembre 2017. Les proches de Benkirane souhaitent proposer l'organisation un congrès extraordinaire du PJD avant l'échéance des législatives de 2021. Ils estiment que la situation interne du parti est «inquiétante» et nécessite un redressement avant d'aborder le scrutin de 2021. Signes de la fébrilité au sein du parti, les tensions criantes entre les «frères» que ce soit au Maroc ou en Europe. La semaine dernière les membres du bureau de la section du parti en Allemagne ont présenté une démission collective au motif qu'ils ne partagent pas la ligne suivie par la direction. Le secrétariat provincial de la Lampe à Errachidia a connu aussi la défection de six membres. Des démissions qui interviennent dans le sillage du refus de conseillers islamistes d'assister à la session d'automne du conseil de la région Tafilalet-Draâ, pourtant présidé par le pjdiste Habib Choubani. Benkirane en sauveur ? A cela s'joute la faible affluence des membres du PJD aux meetings animés par El Othmani. En témoignent ceux tenus à la commune d'Essouihla à Marrakech, le 18 novembre, et une semaine plus tard à Kenitra. Rien à voir avec les sorties de Benkirane hors de Rabat alors qu'il était secrétaire général et chef du gouvernement. Les failles observées dans la structure de la Lampe n'expliquent pas à elles seules le projet du retour de Benkirane. «Il y a également les considérations relatives à la répartition des rôles entre les formations politiques représentées au Parlement après les élections législatives de 2021», nous confie une source. «En effet il est le seul capable de convaincre les bases du parti, y compris au sein de ses fidèles les plus radicaux, d'adhérer à une éventuelle alliance avec le PAM et former ensemble un gouvernement», indique-t-elle. Et de rappeler la manière avec laquelle il a pu persuader l'ensemble des structures du PJD de boycotter les premières marches du Mouvement du 20 février en 2011. Le Conseil national du PJD est l'instance habilitée à déclencher la procédure de l'organisation d'un congrès extraordinaire. Si Abdelilah Benkirane n'est qu'un membre, le conseil est contrôlé par ses proches. L'ancien chef du gouvernement ne s'est pas encore exprimé sur un éventuel retour. Mais il continu à maintenir une activité politique comme pour mieux démentir toute retraite anticipée. Dimanche 1er décembre, alors qu'il recevait une délégation de l'association «Jeunes de l'Atlas» de Khénifra, Abdelilah Benkirane a une nouvelle fois couvert d'éloges la monarchie.