Au coeur d'une polémique pour des écrits et des propos jugés racistes, l'animateur de télévision Pascal Sevran persiste et signe: "rien en moi n'est raciste", affirme-t-il, refusant de tenir compte des plaintes déposées contre lui et des appels lancés pour qu'il soit privé d'antenne. Les déclarations incriminées, contenues dans son livre "Le Privilège des jonquilles" paru en janvier dernier et reprises en substance dans un entretien au quotidien "Var Matin", ont conduit le MRAP et le Parti socialiste à réclamer vendredi l'exclusion du présentateur. L'animateur, convoqué par la direction de France-2, a affirmé que son entrevue avec Philippe Caudillon (le directeur général de la chaîne) s'était passé "calmement et amicalement". "Je ne fais l'objet d'aucune sanction", a-t-il assuré. "Aux hommes et aux femmes que j'ai pu peiner, je veux dire ma tendresse et leur présenter mes excuses", confie-t-il par ailleurs dans un entretien publié dimanche dans "Le Parisien" et "Aujourd'hui en France". "(L'animateur de M6 Marc-Olivier) Fogiel en a eu, tout le monde en a eu des plaintes", avait-il déclaré un peu plus tôt sur RFO. "Quand les gens liront le livre, ils verront bien. Il suffit que les gens qui me connaissent ou qui m'aiment parlent pour moi et puis voilà, je vais laisser passer ça." "Rien en moi n'est raciste", a-t-il insisté. "J'aime l'Afrique du Nord, j'y ai été beaucoup, l'Afrique noire également. C'est vraiment pas sérieux." Dans "Var Matin" du 2 décembre, l'animateur de variétés de France-2 déclarait notamment: "L'Afrique crève de tous les enfants qui y naissent sans que leurs parents aient les moyens de les nourrir. Je ne suis pas le seul à le dire. Il faudrait stériliser la moitié de la planète." S'il ne revient pas sur ses dires, il maintient également ses écrits. "Le texte est très beau, je ne retire pas une ligne du texte que j'ai écrit", a-t-il souligné. "Je dis que les adultes sont irresponsables et pas seulement les Africains que j'embrasse, et je serre sur mon coeur les bébés maltraités." Interrogé par RTL sur ses propos relatifs à la stérilisation, Pascal Sevran a maintenu "que le contrôle des naissances est important pour éviter que les enfants souffrent". "On a fait dire le contraire de ce que je voulais dire", a-t-il ajouté. "Je suis le contraire d'un raciste, ma mère ne le supporterait pas, elle-même fille d'émigrés espagnols." Interrogé sur la même antenne vendredi, le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres a dénoncé les propos "scandaleux, inadmissibles, racistes" de Pascal Sevran: "ils me semblent passibles de la loi", a-t-il ajouté. Samedi, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) a annoncé qu'il portait plainte contre Pascal Sevran pour "incitation à la haine raciale". Dans un communiqué, le CRAN demande au PDG de France-Télévision Patrick de Carolis de constater "le plus rapidement possible, l'incompatibilité entre les prises de position de M. Sevran et le service public", ainsi qu'à Nicolas Sarkozy "de préciser sa position sur les déclarations de M. Sevran qui compte parmi ses plus fervents soutiens". Dans un communiqué, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) dénonce des "propos révulsants" qui "révèlent l'analphabétisme qui caractérise Pascal Sevran en matière de connaissance des causes réelles de la pauvreté en Afrique". Il "véhicule les stéréotypes et clichés racistes les plus éculés à l'endroit des populations noires". Le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais a pour sa part annoncé le dépôt d'une plainte pour propos racistes et eugénistes, tandis que Faouzi Lamdaoui, secrétaire national chargé de l'égalité des chances au Parti socialiste, demandait l'"exclusion pure et simple du service public de l'audiovisuel" de cet "ami personnel" du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.