L'hépatite virale «C» est très répandue dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, où environ 9.2 millions de personnes seraient infectées. Un constat qui démontre, si besoin est, que la situation est préoccupante et que de nos jours il n'est plus à démontrer que l'hépatite C constitue un réel problème de santé publique pour l'ensemble des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. C'est pourquoi ces pays doivent se soutenir mutuellement à travers l'échange des meilleures pratiques et des conseils techniques, et la mise en place de recommandations à l'échelle régionale. Grâce à l'implication d'experts médicaux dans le Moyen-Orient et Afrique du Nord, c'est aujourd'hui chose faite. Retour sur la déclaration de consensus relative à l'identification et aux défis liés à l'hépatite virale «C». Les experts médicaux dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ont annoncé, dans un communiqué conjoint, une déclaration de consensus relative à l'identification et aux défis liés à l'hépatite virale «C», appelant les gouvernements nationaux et locaux ainsi que les prestataires de soins de santé à coopérer afin de faire face à ce problème. L'hépatite virale «C» est très répandue dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, où environ 9.2 millions de personnes seraient infectées. Cette déclaration a été faite lors d'une conférence de presse à Dubaï à l'occasion de la Journée internationale de l'hépatite, et qui a connu la participation d'experts internationaux et de la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. La déclaration vient à la suite de l'étude menée en 2010 dans 12 pays par l'agence scientifique internationale «PharmARC» avec le soutien financier des laboratoires MSD. L'étude a consisté en une revue des publications et d'avis d'experts sélectionnés dans l'hépatite virale «C» de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, y compris le Maroc. Apres avoir eu les résultats de cette recherche, les experts sont réunis sous forme d'un «réseau clinique» pour produire des recommandations régionales sur la prévention de l'infection et la prise en charge de la maladie, ainsi que des initiatives nationales afin de guider les efforts face aux défis de l'hépatite virale «C». Un sérieux problème de santé publique Les principales conclusions de l'étude établie par des experts en hépatite virale «C» au Maroc sont comme suit : Les experts estiment qu'environ 40% des patients appartiennent à la tranche d'âge 15-50 ans et 60% des patients sont âgés de plus de 50 ans. Le taux de répartition de l'infection entre hommes et femmes est presque égal. Environ 60% des patients ont le génotype1, 30% ont le génotype2, 10% ont le génotype 3 et moins de 1% ont le génotype 4 de l'hépatite virale «C» (HCV-4). Environ 5% de tous les patients infectés par l'hépatite virale «C» portent également le virus de l'hépatite virale «B». Environ 60-70% des personnes atteintes d'hépatite virale «C» appartiennent au groupe socio-économique moyen, 30% appartiennent au groupe inférieur et moins de 10% appartiennent au groupe supérieur. L'infection se fait pour environ 20-30% des cas de la maladie par le transfert de produits sanguins contaminés et 5-10%par le biais des outils de tatouage». Nos résultats ont démontré que l'hépatite virale «C» est un sérieux problème de santé publique auquel il n'est pas accordé une attention suffisante dans la région MENA. En vue de ce constat, nous avons convenu que nos conclusions et nos recommandations devraient soutenir un consensus sur l'hépatite virale «C» dans la région MENA», d'après le Pr. Benazzouz, Professeur d'hépato-gastro-entérologie au CHU Ibn Sina. «Nous sommes convaincus que ce consensus permettra de mieux sensibiliser la population générale, et les acteurs responsables de la prévention de l'hépatite virale «C» chez la population non infectée et la prise en charge de la pathologie chez les patients infectés». Coordonner les efforts pour relever les défis Selon le Livre Blanc sur le fardeau socio-économique de l'hépatite virale «C», dans certains pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, notamment les pays avec un PIB faible, l'exposition au matériel non stérilisé dans les établissements de santé est la principale voie d'infection, et donc des mesures strictes pour contrôler l'infection doivent être mises en œuvre conformément aux meilleurs standards de pratique. Dans certains pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, le nombre de personnes qui sont infectées à travers l'injection de drogues et la pratique du tatouage augmente, et en conséquence, tous les Etats doivent être conscients des menaces grandissantes de ces comportements dans le transfert de l'hépatite virale «C», et prendre les mesures nécessaires.C'est la première fois qu'une rédaction de lettres et de notes fortes, claires et cohérentes est faite dans le domaine des hépatites virales «C» dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord par des experts renommés et à travers un exposé conjoint, basé sur l'expertise de recherche à travers les pays. L'objectif est de détecter l'accord et l'engagement à traiter le problème de l'infection, l'hépatite virale «C». L'effort conjoint dans les pays du Moyen-Orient et l'Afrique du Nord va attirer l'attention des décideurs et des responsables de la santé, il va aussi exploiter cet effet pour travailler collectivement à résoudre les défis qui entourent la maladie, l'hépatite virale «C» dans la région. La prévention est le maître mot A travers la déclaration de consensus, les experts appellent à créer une approche systématique pour la collecte d'informations sur l'hépatite virale «C», afin d'améliorer les connaissances sur le nombre de personnes à risque, infectées, diagnostiquées et traitées, et le pourcentage des patients infectés par le virus et qui sont dans un état avancé de la maladie. Par ailleurs, les patients doivent être mieux informés sur les risques et les options de traitement. «Un programme de sensibilisation, visant à la fois la prévention et le diagnostic de l'hépatite virale «C», devrait être développé et mis en œuvre; il doit être conçu pour la population générale, les écoliers et les personnes appartenant à des groupes à haut risque», a ajouté le Pr. Benazzouz, spécialiste d'hépato-gastro-entérologie au CHU Ibn Sina, «des mesures de contrôle des infections devraient être examinées et développées pour s'assurer que les individus ne sont pas exposés au risque de contracter le virus, en particulier dans les milieux de soins. Il est important de mettre en œuvre une initiative visant à promouvoir l'accès au test de dépistage de l'hépatite virale «C», et donc la détection précoce de l'infection chez les personnes à haut risque». Puisqu'un grand nombre de problèmes liées à l'hépatite virale «C» est commun à tous les pays de la région, les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord doivent se soutenir mutuellement à travers l'échange des meilleures pratiques et des conseils techniques, et la mise en place de recommandations à l'échelle régionale. Il faut installer un plan d'action géré par le gouvernement pour appliquer les recommandations de la déclaration de consensus avec la création, au niveau local et national, de réseaux multidisciplinaires de prévention, de soins et de traitement, de manière à renforcer une approche efficace pour gérer l'hépatite virale «C». Un travail de longue haleine qui nécessitera l'implication de tous les pays du moyen orient et de l'Afrique du nord, la responsabilité incombe donc aux décideurs de ces pays qui doivent coordonner leurs efforts pour relever le défi qui est celui de vaincre ou à défaut de maîtriser l'hépatite C. Le Maroc peut être d'une aide précieuse dans ce domaine eu égard à son expérience, à son expertise et aux nombreuses compétences connues et reconnues à travers le monde par les plus hautes instances médicales .