La province de Taroudant vient d'élaborer une stratégie de croissance durable et globale qui s'étend sur une trentaine d'années. Elle est l'œuvre de tous les opérateurs de la vie active de cette contrée impériale dont l'Histoire fait une destination de haute qualité patrimoniale et développementale. Pour jeter davantage d'éclairage sur cette vision inédite dans les annales de l'ébauche collective et perspective, à l'échelon national, nous faisons appel aujourd'hui, au gouverneur de la province de Taroudant, Fouad M'hamdi, qui a bien voulu répondre à nos questions : AlBayane : Voulez –vous nous parler un peu de cette stratégie d'une manière laconique ? Fouad M'hamdi : Je vous remercie tout d'abord pour l'intérêt que vous portez à ce travail. En effet, la province de Taroudant regorge de potentialités énormes qu'il va falloir valoriser. Toutes ces richesses aussi bien naturelles qu'historiques nous ont incités à mettre en avant une stratégie concertée. Pour ce faire, nous nous sommes forcés d'associer toute les composantes de la province : les institutionnels, les pouvoirs publics, les élus, les acteurs associatifs, les professionnels…afin de mener une action inclusive et judicieuse. En quoi consiste votre stratégie ? - Tout d'abord, nous avons scindé ce travail ambitieux en trois phases à court terme, moyen terme et long terme. Toutes nos réflexions et idées étaient axées sur l'élément humain, en tant que principale motivation de ce plan d'action. S'inspirant des Hautes Directives Royales en termes de développement humain, nous sommes partis d'un diagnostic exhaustif de ce qui est existant et, de ce fait, nous avons envisagé les défis à relever, à la lumière de ce potentiel intrinsèque. Nous sommes, bien entendu, très conscients des contraintes et des difficultés qui persistent, mais nous nous sommes attelés à transformer ces enjeux en points positifs et concrets. Quels sont les secteurs que vous avez pris en considération ? - Tous les axes de développement ont pris leur part de focalisation. Etant donné l'importance de l'agriculture dans la vie des citoyens et compte tenu de la nature de cette zone, nous avons axé notre pensée sur le potentiel agricole que renferme cette région, en dépit des pénuries des ressources hydriques. Des mesures précises ont été mises en fonction au niveau des primeurs, des agrumes et des produits du terroir, notamment l'huile d'Argane, le Safran, le Cactus, l'amande... A cet effet, on a envisagé la mise en fonction d'un Agropole, tout en se focalisant sur l'amélioration de l'état des viandes, des produits laitiers... Qu'en est-il du tourisme ? - De prime abord, il est à souligner que nous nous sommes intéressés à la reconstitution du conseil provincial de tourisme pour le redynamiser. Notre espoir est d'insuffler une dynamique intense dans le tourisme rural et l'artisanat afin que Taroudant soit un pôle d'attraction du centre au milieu de Marrakech et d'Agadir. Dans ce sens, notre effort s'oriente vers l'édification des conditions de restauration, d'hébergement et de randonnée pédestre, à travers la mise en place des gites, des auberges, des maisons d'hôtes…, éparpillées partout dans le territoire de la province. Cette activité accrue bénéficiera, en fait, au touriste partisan de la nature, de l'écologie et de l'exotisme, mais pareillement au citoyen qui sera amené à améliorer son produit et assurer un revenu honorable. Viennent également dans ce dynamisme, les tourismes d'élite et de chasse qui drainent de plus en plus d'adeptes. En ce qui concerne le secteur de l'industrie, quelles démarches avez-vous adopté ? - Il faut dire que la province est riche en ressources minières, dans nombre de points où il y a un riche gisement de minerais. Cette situation nous encourage à mettre en œuvre une plate-forme pour cette richesse. D'autre part, il est loisible de signaler aussi la mise en fonction des zones industrielles à Oulad Teima et Taroudant et déjà des investisseurs sont intéressés par les opportunités offerts en matière de terrains, sous une nouvelle formule, ce qui aura des retombées positives sur le marché d'emploi, en plus les répercussions pécuniaires sur les revenus des communes. Et la culture ? - Certes, ce domaine est névralgique pour la vie quotidienne de cette communauté aux traditions ancestrales riches. A cet égard, nous nous focalisons sur la restauration des anciens remparts, les palmeraies de Tiout, les Igoudars, les ruchers d'Argana …Concernant le côté social, nous nous efforçons de mener une bataille ardue contre le désenclavement, la dotation en eau potable, à partir du barrage Aoulouz, la mise en place du réseau d'assainissement, l'électrification générale, le réseau routier, les accès dans les points les plus reculés…, en plus des infrastructures de base, de la pratique sportive, les conditions de la femme et l'enfant, l'éducation avec un lycée technique dont a besoin la région, la santé auxquelles nous portons un intérêt tout particulier par des mesures réfléchies et réalisables. Pourrait-on avancer que votre stratégie qui touche tous les aspects de la vie quotidienne des populations, ne sera en contradiction avec la stratégie de la région Souss Massa Drâa, adoptée il y a quelque temps et la régionalisation en cours de finalisation ? Pas du tout, notre stratégie s'insère, en fait, au cœur de la stratégie régionale, car nous agissons en conformité avec nos spécificités et nos potentialités. La régionalisation puisera aussi dans le travail de défrichement et de valorisation de notre labeur collectif. Nous serons prêts à ce rendez-vous de grande utilité pour toutes les composantes de la région.