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Yennayer, un hymne à la terre et à l'agriculture
Moha Moukhlis, militant amazigh et journaliste
Publié dans Albayane le 16 - 01 - 2014

Al Bayane : Que signifie Yennayer, le nouvel An amazigh ?
Moha Moukhlis : La célébration du nouvel An Amazighe, qui correspond au 13 janvier du calendrier grégorien, s'inscrit dans l'histoire millénaire des Imazighen. Il s'agit bien sûr d'une date arbitraire qui ne coïncide pas avec le début de l'histoire des Amazighs. Comme pour d'autres peuples, un événement historique sert de repère : le calendrier grégorien est lié à la naissance du Christ, l'année de l'hégire, comme son nom l'indique, réfère à «l'émigration» du prophète de la Mecque à Médine. Pour les Amazighs, il s'agit de l'accession d'un roi amazigh, officier dans l'armée des Pharaons, au pouvoir. Il régna sur la 22e dynastie de 950 à 929 av. J. Christ. L'accès au pouvoir de ce roi sera célébré de manière festive, et c'est cette tradition qui continue à être fêtée de nos jours. Il est appelé «Id Seggwas», «Yennayer» ou «Hagouza» par les arabophones. Il s'agit du passage vers le nouvel an. Et cette célébration est accompagnée de rites et de pratiques socioculturelles. C'est aussi un hymne à la terre et à l'agriculture.
Treize ans déjà après le discours d'Ajdir, quel regard portez vous aujourd'hui sur la situation amazighe ?
Il s'agit d'un constat mitigé. D'un côté, la reconnaissance officielle de l'amazigh en tant que langue officielle dont la constitution a libéré des énergies et a induit des actions multiformes sur tous les plans. L'amazigh n'est plus un tabou et personne n'ose, franchement, s'opposer à la réhabilitation et au développement de cette langue et de cette culture. L'Institut Royal de la culture amazigh a accompli un travail formidable au niveau de l'édition et de l'intégration de l'amazigh dans les Nouvelles technologies de l'Information et de la Communication. Il mène aussi un travail de recherche de mise à niveau de la langue. Le tissu associatif se «professionnalise» et les débats théoriques et idéologiques ont laissé place à un travail pratique de création et de production.
D'un autre côté, le retard de la promulgation de la loi organique a entraîné des perturbations et un quasi-blocage du processus au niveau des structures de l'Etat, particulièrement l'enseignement, la culture et les médias. L'attente se fait longue. Et les acquis sont menacés ou du moins «gelés». Cette situation provient de l'inaction du gouvernement qui manque de visibilité et ne possède aucune stratégie dans ce domaine. C'est dangereux, car la stagnation et le flou nourrissent les frustrations. Espérons que nos décideurs en soient conscients.
L'amazighité ne se limite pas à la question de la langue. Bien au contraire. C'est elle qui offre au royaume sa spécificité et son authenticité. Sa réhabilitation et la mise en œuvre des mécanismes de sa promotion permettent au citoyen - amazighophone – de s'identifier et d'adhérer au projet de l'Etat, qui se veut démocratique, tolérant et ouvert sur le monde. Les valeurs véhiculées par l'amazighité sont celles de l'avenir d'un Maroc qui ambitionne de se positionner comme acteur au sein des grandes nations.
Est-il temps de réclamer Yennayer comme jour férié ?
Je pense que la satisfaction de cette revendication légitime, réclamée par le mouvement amazigh, en Afrique du nord et dans la Diaspora amazighe, ne peut que renforcer le processus de reconnaissance officielle de l'amazighité, en tant que fondement et substrat de base de notre identité nationale et nord africaine.
Ce serait un acte de réconciliation des citoyens avec leur histoire et une valorisation d'un événement qui reste vivace dans notre mémoire collective.
Où en sommes-nous en matière de la loi organique relative à la mise en œuvre du statut officiel de l'amazigh?
Plusieurs propositions ont été formulées dans ce cadre par l'Institut Royal de la culture amazighe, mais aussi par le tissu associatif amazigh, en plus des formations politiques qui se sont penchées sur la question. Je pense que l'élaboration de cette loi organique s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la Constitution. Cette loi organique ne devrait pas être conçue comme action technique. Elle devrait considérer l'Amazighe comme système de valeurs et vison du monde. Le retard et les atermoiements ne peuvent qu'exaspérer la mouvance amazighe et, partant, hypothéquer la stabilité sociale et décrédibiliser le discours officiel. La dimension morale de l'Etat sera affectée.
***
Devoir de mémoire
Ces artistes qui ont brisé l'amnésie...
Les Amazighs célèbrent aujourd'hui leur nouvel an. Une bougie de plus qui annonce une nouvelle année porteuse de paix, d'amour et de prospérité. A l'occasion de cet évènement populaire et historique, des festivités meublent les différentes activités. Des artistes ayant œuvré pour la sauvegarde de la mémoire amazighe de l'oubli nous ont quittés ces dernières années. Un souvenir en leur mémoire.
Rouicha... quand Loutar ranime la mémoire !
Mort il y a deux ans à l'âge de 62 ans dans sa ville natale : Khénifra, Mohamed Rouicha demeure l'une des voix authentiques amazighes qui ont marqué le paysage artistique national par ses chansons puisant ses thèmes dans la mémoire amazighe. Cette idole germée des montagnes du Moyen Atlas marocain, fit de la musique, un moyen pour véhiculer les valeurs humaines et les lettres de noblesse des Amazighes. Doué dès son jeune âge d'un talent exceptionnel, de paroles profondes, d'une harmonie des rythmes de Loutar, bendir (alloun) et de l'attraction des danses de chikhates, le chanteur a pu de faire de cet instrument et cet art, un type musical universel. En chantant la nature, l'amour, la paix, la justice et la beauté, l'artiste a charmé, à plusieurs reprises, le public marocain et mondial sur scène. Ces morceaux sont chantés aujourd'hui par de nombreux artistes, ainsi que ses fans. Il reste une référence musicale immortelle et un modèle d'artiste original à suivre.
Nba... Une voix militante
C'est une voix engagée venue du Sud-est Marocain. Il a choisi la musique comme instrument de militantisme. Mbarek Oularbi, fondateur du groupe musical amazigh Saghru Band est décédé, Le 9 janvier 2011, à l'âge de 29 ans à Mellaâb, dans la province d'Errachidia. Nba comme ses fans aiment le nommer, a versé un nouveau sang dans les veines de la jeune musique amazighe. «M'barek Oularbi, alias Nba, dit Asafar Lihi, jeune militant amazigh, nous a quittés trop tôt, décédé à 29 ans des suites d'une maladie mystérieuse. Fondateur de la légendaire troupe musicale Saghru Band, feu Nba a réalisé en peu de temps une tâche impressionnante aussi bien au niveau quantitatif que qualitatif. » « Sa discographie, a-t-il dit, compte plus de quarante titres révélant l'éclectisme de son répertoire et son intérêt marqué pour les chants traditionnels amazighs. Peintre et poète, Nba est un artiste complet qui a dignement su s'imposer sur la scène artistique marocaine tout en restant simple et fidèle aux valeurs dont il se réclame, en l'occurrence l'Amazighité. » Lauréat du Prix du meilleur chanteur amazigh, décerné par l'Institut Royal de la Culture Amazighe, la mort de Mbarek a laissé un grand vide dans la jeune scène artistique. NBA était, affirme Cherqui Ameur, « critique du cinéma et ami du défunt, une de ces exceptions que la nature nous prodigue très rarement. Il était de ces artistes qui vivait en parfaite harmonie avec ses croyances, ses principes et ses références. Sa poésie respirait liberté et espoir, ses chants traduisaient une révolte contre tous les abus et toutes les injustices. Quand il faisait le portrait de l'un des ses amis, surtout en noir et blanc, il y avait de fortes chances que le sujet peint adopterait des comportements narcissiques. Dans la vie, il tolérait les bêtises et se comportait en sage. Il semait le sourire et la joie là où il passait. Il chantait bien, écrivait bien, il était une forme de perfection dans la vie. Sa mort est une grande perte, un moment de chagrin et de douleur qui est réitéré à chaque rencontre du beau. ».
Mohand Saidi... ou hymne au Tifinagh
C'était une triste nouvelle pour l'art amazigh. L'artiste peintre Mohand Saidi décédait le 21 décembre 2013, des suites d'une longue maladie. En effet, via les couleurs, l'artiste a défendu sa culture, son identité et ses racines amazighes. « Mohand Saidi, écrit Mallal, est l'une des rares personnes, que l'on trouve présente dans toutes les activités amazighes. Ses caricatures pèsent beaucoup pour notre cause. » « Elles dégagent des flammes brûlant tous ceux qui ont la tête "gonflée" par l'horizon d'orient camouflé. » A-t-il conclu. Mohand Saidi est professeur des arts plastiques à Errachidia. Il est considéré parmi les artistes peintres amazighs qui ont rendu et présenté le tifinagh avec une beauté artistique sublime.
Des figures immortelles et omniprésentes dans les mémoires. Mohand Saidi, Rouicha et Mbarek Oularbi...sont morts alors même qu'ils naissaient, artistiquement, à une vie nouvelle.


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