La sécheresse est devenue depuis un bon moment, récurrente voire structurelle. Et pourtant, l'Etat marocain n'arrive toujours pas à mettre en place une vraie politique d'industrialisation qui puisse permettre d'affranchir l'économie nationale des aléas climatiques. Cette inaptitude est encore valable aujourd'hui. Le plan anti-sécheresse annoncé par le gouvernement la semaine dernière pour faire face aux effets du retard des pluies rappelle encore une fois ce caractère structurel de la sécheresse. Le plan anti-sécheresse annoncé par le gouvernement la semaine dernière pour lutter contre les conséquences directes du déficit pluviométrique dans les zones Bour et sur les éleveurs permettrait de minimiser les effets de la sécheresse dans le monde rural. L'enveloppe de plus de 5 milliards qui lui a été consacrée sera orientée pour indemniser en partie les petits et les moyens fellahs localisés dans les zones Bour et cultivant les céréales. Elle sera dédiée également à la préservation du cheptel, à l'approvisionnement en orge et semences certifiées et à la vaccination du bétail. La priorité de ce plan dit anti-sécheresse doit être orientée vers les paysans qui cultivent les céréales dans les zones Bour et les éleveurs situés dans ces zones, souligne à Al Bayane, Mohamed Chiguer, économiste et président du Centre d'études et de recherches Aziz Belal (CERAB). Se référant à un ouvrage qu'il a rédigé en partenariat avec la CNUCED, l'organe des nations unies chargé des questions de développement, sous le titre « gestion de la sécheresse au Maroc », Chiguer précise que le fellah marocain, notamment celui qui travaille dans les zones Bour est très rationaliste dans la mesure où il ne cultive pas la totalité de son terrain au début de la campagne agricole. Il préfère attendre la fin du mois de mars pour avoir plus de visibilité sur son programme. Néanmoins, cela ne l'empêche pas de s'interroger sur cette incapacité de l'Etat marocain à affranchir l'économie marocaine des caprices du ciel. Il regrette ce délaissement du processus d'industrialisation du pays au moment où la sécheresse, depuis 60 ans déjà, est devenue récurrente et structurelle. Chiguer rappelle dans ce sens que l'agriculture qui représente moins de 5% dans les pays développés et moins de 10% dans les économies émergentes, dans les pays sous développés constitue plus de 15% du PIB national contre 13% pour l'industrie. Notre économiste voit aussi mal ce rôle du Plan Maroc Vert dans le développement des cultures céréalières au moment où la priorité de ce plan est de tourner l'agriculture vers l'export dans un pays connu pour sa grande consommation de pain.