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Casablanca à 2M ou l'homicide d'une cité
Publié dans Albayane le 15 - 07 - 2020

C'est bien rare que je regarde la télévision de peur d'être par la bêtise emporté bien qu'à y succomber, selon la tradition prophétique, c'est mourir en martyr. Mais ce soir on annonce une émission sur Casablanca où je suis né au 07 impasse Larache et où les matins me berçaient par l'appel à la prière de Jamaa Chlouh et les matines de l'église espagnole. Je me restaure donc rapidement et m'allonge sur le fauteuil prêt pour un voyage assis dans le vaste territoire du souvenir. Avant que la télé commande n'atteigne le canal de 2M et par un impérieux souci du partage j'appelle des amis pour leur dire de ne pas rater l'émission sur Casa...c'est sur 2M insistais-je.
J'ai vu l'émission de bout en bout et même lu l'interminable générique. A aucun moment mon cœur n'a vibré ; nulle émotion et pas même la plus fugace des rêveries. Casa se noyait dans l'arrogant et l'ostentatoire dans un discours spécialisé pour un portrait impeccable d'une ville ne souffrant nul impaire venant en trompe l'œil et à un point tel où je me suis demandé si j'appartenais à mon époque.
L'émission se voulait moderne et elle n'y a réussi qu'en apparence. Son modernisme était celui abhorré des poètes du Parnasse et de Baudelaire qui se réfugiait dans le spleen et le dandysme et réagissait en s'exilant dans le beau et l'idéal. Moi en tout cas et n'ayant pas les moyens baudelairiens, l'envie me prend soudain de me faire bonze pour m'enflammer sur la place publique comme un fétu de paille.
Le modernisme vanté ici ne brille que par le superfétatoire et se veut égaler celui de Paris, New York et Barcelone qui plutôt que par leurs gratte ciel et leur enseignes lumineuses brillent par leurs musées de tous genres, les nombreuses pièces de théâtre et les musiques qui s'y jouent en concert ou dans les rues, de Chklovski à Bob Marley. La modernité de Casa de même ne peut s'obtenir que par ses hommes, son Hbib Kadmiri et son Bouchayb Bidawi, ses peintres du cercle de Casa et sa revue souffle, ses Nass el Ghiwan et son Hay Mohammadi, mais aussi et surtout ses nombreux outsiders qu'on s'entête encore d'ignorer.
Et que dire de ses penseurs et romanciers : c'est du quartier Habous que Driss Chraybi et de Bab Marrakech que Md Kheir Eddine allaient en conquérants rafler au lycée Lyauté tous les accessits de la langue et de littérature française et c'est aussi de l'ancienne médina que Mustapha El Kasri rejoignait Olga et Janine dans leur cabane à Ain Diab et traduire par la suite à une langue arabe pure tout le recueil des fleurs du mal de Baudelaire. Et que dire de Casa militante, celle de la souricière et des carrières centrales...et les écoles du nationalisme, pépinières des cadres de l'administration du Maroc indépendant ? Non messieurs de 2M ce n'est pas le modernisme du mica et du blow up que nous réclamons, c'est à celui de l'esprit que nous aspirons et celui là ne réside pas dans une époque, le Cro-Magnon l'a été, Jésus l'a été et Mohammed V en mettant ses filles à l'école pour donner l'exemple, l'a été.
L'émission n'a brillé que par ses lumières et son plateau en demi-cercle...comme un amphithéâtre de la Grèce antique déserté des personnages d'Eschyle et d'Aristophane...c'était vraiment tragique!
Une tragédie sans thème ni conducteur, sans esprit et sans âme, sinon celle de Crésus et du roi Midas rendant un culte au veau d'or de la finance et du libéralisme aveugles. Je ne perds pas pour autant tout espoir et continue à croire en l'Homme, car parmi les intervenants, me semble-t-il, il en était qui se demandaient ce qu'ils étaient venus faire « dans cette galère» et ont même eu des réactions, par politesse, bien timides... «...un livre dont on n'a pas lu les toutes premières pages», et «la place de l'homme dans tout ce paysage urbanistique». D'ailleurs le professionnalisme et l'idéologie du média veillaient au grain détournant pour l'étouffer tout esprit de velléité.
Et puis comme on a été avare avec Casablanca et pourtant ce ne sont pas les archives qui manquent sur Casa, le CCM et l'INA en regorgent et ne demandent qu'à être revisités et divulgués auprès du public...on y suppléera par le plus éclatant des maquillages et voila Casa pucelle invitée à une fête pour chercher avec qui convoler.
Architecture et urbanisme semblent avoir constitué le thème principal de l'émission, je n'ai rien contre, mais comment en parler sans rappeler la vie des gens dans l'ancienne médina et aux habous où vivent des familles de toutes les conditions sociales du cadi et juriste consulte jusqu'à l'artisan dinandier et l'éboueur dans la plus totale harmonie, sans esprit de potlach et dans la fraternité de leurs enfants jouant au foot à la skala sous le regard approbateur du saint patron du quartier, Sidi 3allal al Karwani ? Urbanisme certes mais urbanité aussi pour qu'on entrevoie le «mi3mar», celui du Coran et de Ibn Khaldoun et où être bien avec les autres nécessite un mieux être dans sa personne.
Ce ne sont pourtant pas les modèles qui manquent et je trouve lamentable qu'on ne s'en inspire pas. Je pense ici à Frédéric Mitterrand rendant hommage à Tunis en venant s'abreuver à la source «Halfawiyin» afin d'étancher sa soif de la ville mythique. Un souvenir quand même mais ô combien douloureux ! je me suis souvenu de feu Mehdi Manjra. Il était ami de mon père à qui il rendait des fois visite chez-lui à la maison. En ami espiègle et quelque peu farceur l'hôte allumait la télé et au savant futuriste et tout prémonition, dans la plus bleue des colères « Mustapha, encore cette chaine sioniste? Si tu continues comme cela tu ne me verras plus chez-toi».
A l'époque je trouvais la réaction de Mehdi Menjra quelque peu excessive et je l'imputais à son caractère plein et entier, mais ce soir comme je le comprends et son esprit était totalement absent lui pourtant qui a été le premier directeur de la télévision marocaine. Comment parlant de moments culte de Casa ne retenir que la rencontre Arrafat-Rabine sans que personne ne rappelle le sommet africain avec des leaders comme Sékou Touré Mohammed V et Adiss Abéba. Oui il est bien plus facile d'affronter le sionisme lorsqu'il est déclaré que lorsqu'il est dû à l'ignorance et à la bêtise.
*Ecrivain


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