Le phénomène de transhumance profite pratiquement à tous les partis politiques et le dénoncent quand il favorise les concurrents. C'est un constat de notre vie politique. Et cela refait surface lors de chaque échéance électorale. Cette donne, qui porte préjudice à l'édifice démocratique, va-t-elle changer avec l'élection d'un nouveau parlement en octobre prochain, après la mise en place de la nouvelle Constitution en juillet et l'éradication des pratiques malsaines qui avaient fait tourner le dos aux jeunes à la chose politique et électorale ? La question semble trouver la réponse dans l'intervention, mercredi, du ministre de l'Intérieur, Taieb Cherqaoui, devant la commission de l'Intérieur, de la décentralisation et des infrastructures à la Chambre des représentants. T. Cherqaoui, qui a présenté un projet de loi relatif au traitement informatique des listes électorales générales après l'opération de révision exceptionnelle, a indiqué que son département mettra un terme à toutes pratiques qui fissurent l'édifice de la démocratie, notamment le phénomène de la transhumance. La législation actuelle interdit cette pratique, mais elle a été toujours pratiquée. Lors des derniers rendez-vous électoraux, (communales de juin 2009, renouvellement du tiers de la deuxième Chambre en octobre 2009 et les législatives de 2007), plusieurs élus et parlementaires ont changé leur étiquette politique. L'inaction du gouvernement face au phénomène a été fortement critiquée notamment par les formations de Gauche. Abdellatif Ouammou, membre du bureau politique du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et député à la deuxième Chambre avait soulevé la question à plusieurs reprises lors des séances des questions orales. «Il faut mettre un terme définitif à ce sale jeu. Il faut appliquer la loi contre ceux qui faussent la bonne marche démocratique», avait-t-il déclaré. Pour le politologue Mohamed Darif, il faut absolument introduire un article dans le nouveau code électoral, interdisant le phénomène de transhumance, car le texte prohibant cette pratique dans la loi sur les partis reste général et non applicable lors des élections. D'ailleurs, a-t-il dit, la majorité des partis politiques exigent l'introduction d'un texte dans ce sens dans le code électoral dans leurs propositions faites au ministère de l'Intérieur. Donc, a-t-il conclu, le phénomène de la transhumance sera éradiqué lors des prochaines élections législatives. Rappelons que la transhumance politique est «un déplacement vers des formations politiques où les conditions d'élection, de réélection ou encore d'accès aux postes seraient plus favorables». Etymologiquement, la transhumance est un «système d'élevage fondé sur le déplacement, sous la conduite de bergers, de troupeaux vers des régions où les conditions sont plus favorables». En plus du phénomène de la transhumance, d'aucuns soulèvent également la fronde de l'absentéisme. Des projets de lois engageant l'avenir de tout un peuple ne sont approuvés parfois que par une trentaine de députés. C'est dire qu'il faut aussi instaurer une loi dans ce sens pour freiner le fléau. Il y va du bien de l'institution parlementaire, de son image, de la démocratie dans le pays et de l'intérêt du peuple.