Avec 790 milliards de dirhams d'encours à fin octobre, les OPCVM confirment leur rôle central dans le financement public et privé. À l'ouverture de la Conférence annuelle de l'Association des Sociétés de Gestion et Fonds d'Investissement Marocains (ASFIM 2025), Tarik Senhaji, président de l'AMMC, a détaillé l'impact réel de cette industrie, tout en revenant sur la nouvelle loi 03-25 et sur les ambitions nationales portées par la gestion d'actifs. La Conférence ASFIM 2025, tenue à Rabat, a été l'occasion pour Tarik Senhaji de dresser un tableau précis de l'évolution des OPCVM depuis leur lancement en 1995. Le président de l'AMMC a rappelé l'essentiel : en trois décennies, l'industrie a atteint des niveaux jamais imaginés à ses débuts. Avec 790 milliards de dirhams sous gestion, elle s'impose désormais comme l'un des moteurs principaux du financement de l'État, des infrastructures publiques et du secteur privé. Cette montée en puissance intervient dans un contexte marqué par l'adoption récente de la loi 03-25, qui reconfigure en profondeur le cadre régissant les fonds d'investissement et ouvre la porte à de nouveaux instruments. L'intervention de Tarik Senhaji a permis de croiser trois dimensions : l'ampleur du chemin parcouru, les nouveautés introduites par la réforme et le rôle que cette industrie est appelée à jouer dans la mobilisation de l'épargne nationale. Un secteur devenu incontournable pour financer l'économie es chiffres présentés illustrent de manière nette l'importance économique des OPCVM. À fin septembre, ces fonds détiennent près de 40 % de l'encours total des Bons du Trésor, confirmant leur position parmi les principaux financeurs directs de l'État marocain. Leur présence est tout aussi marquée dans les infrastructures : 28 % des obligations du secteur autoroutier et ferroviaire, 47 % de celles du secteur portuaire, 69 % du secteur aéroportuaire, 80 % de l'eau et de l'électricité, et jusqu'à 88 % des télécommunications. Sur le marché boursier, leur influence est comparable, puisqu'ils représentent 43 % de la capitalisation flottante et 37 % des volumes échangés sur le marché central. Cette empreinte donne la mesure du rôle joué par la gestion d'actifs dans la formation du capital national. Senhaji a insisté sur le fait que derrière l'acronyme « OPCVM », parfois perçu comme technique, se trouve l'un des piliers de la stabilité macroéconomique du Maroc. Cette dynamique repose sur une capacité à capter l'épargne, à la transformer en financements pérennes et à irriguer l'ensemble de l'économie. La nouvelle loi 03-25 s'inscrit dans cette trajectoire. Elle introduit de nouveaux produits, comme les ETF et les OPCVM participatifs, particulièrement adaptés à la démocratisation du marché des capitaux. Avec seulement 8,2 % des actifs gérés par des particuliers et un nombre de souscripteurs inférieur à 25 000, le potentiel reste immense, d'autant que la participation des investisseurs individuels à la Bourse a été multipliée par plus de quatre ces dernières années. La réforme ouvre aussi la voie aux OPCVM en devises, aux produits dérivés, aux Règles de Fonctionnement Allégées et à l'intégration des titres d'OPCI, ce qui élargit considérablement les stratégies possibles et les profils d'investisseurs concernés. L'intervention de Tarik Senhaji a également souligné l'enjeu national qui accompagne le développement de la gestion d'actifs. L'industrie est appelée à jouer un rôle accru dans plusieurs domaines : la transition énergétique, le développement durable, le positionnement du Maroc comme hub financier régional, l'essor de la Fintech et l'inclusion financière. L'objectif est clair : orienter davantage l'épargne populaire et institutionnelle vers l'investissement productif, en cohérence avec les orientations nationales en matière de développement économique et social. Au-delà des perspectives, Senhaji a insisté sur l'exigence de protection des investisseurs et sur la nécessité pour les sociétés de gestion de renforcer leurs ressources pour assurer un suivi optimal des risques. La confiance des épargnants demeure le socle qui permet à cette industrie de poursuivre son expansion et de soutenir l'effort d'investissement du pays.