Les derniers développements entre Alger et Berlin révèlent un épisode inédit dans les relations complexes entre les deux capitales. L'annonce par la présidence algérienne de la libération de l'écrivain Boualem Sansal, présenté officiellement comme un "acte de clémence humanitaire", apparaît en réalité comme le résultat d'une pression diplomatique allemande soutenue. Selon plusieurs sources diplomatiques européennes, la décision aurait été prise à la suite d'échanges discrets entre les deux pays, après une intervention directe du président allemand Frank-Walter Steinmeier. Ce dernier aurait, d'après des médias allemands, conditionné la poursuite des soins médicaux du président Abdelmadjid Tebboune dans un hôpital de Berlin à la libération immédiate de l'auteur. Une condition qui a mis le régime algérien dans une situation d'embarras profond, contraint de choisir entre l'escalade diplomatique et la soumission à Berlin. Depuis plusieurs années, l'Allemagne exprime ouvertement son inquiétude face à la dégradation de la liberté d'expression en Algérie. L'arrestation de Boualem Sansal, intellectuel critique et romancier de renommée internationale, symbolisait cette dérive autoritaire. Berlin a saisi cette affaire pour rappeler son attachement aux droits fondamentaux et aux valeurs démocratiques, tout en utilisant le levier humanitaire pour imposer un rapport de force politique. La présidence algérienne a tenté d'enrober la décision d'un discours moral, évoquant "la clémence du chef de l'Etat" et des "motifs humanitaires". Mais les observateurs notent que cette rhétorique masque mal la réalité d'un recul diplomatique majeur. En Allemagne, la presse a largement salué cette "victoire des principes démocratiques sur la répression politique". En France, plusieurs éditorialistes ont évoqué une "capitulation silencieuse d'Alger face à Berlin". Sur le plan intérieur, la libération de Sansal a provoqué un vif débat. Certains y voient une manœuvre de communication destinée à redorer l'image d'un régime affaibli, alors que d'autres y lisent le signe d'un pouvoir acculé, incapable de résister à la pression internationale. À l'extérieur, cet épisode redéfinit l'équilibre des relations algéro-allemandes, tendues depuis que l'Algérie avait rappelé son ambassadeur à Berlin en 2021. Aujourd'hui, la dépendance d'Alger vis-à-vis des technologies, des médicaments et des investissements européens, notamment allemands, limite sa marge de manœuvre diplomatique. Derrière le voile d'un "acte humanitaire", c'est bien une démonstration d'impuissance politique qui s'est jouée à Alger. L'Allemagne a réussi, avec une diplomatie ferme et calculée, à imposer ses conditions sans provoquer de rupture publique. Pour le régime algérien, cette affaire rappelle une vérité dérangeante : dans le concert international, la souveraineté proclamée ne suffit plus lorsque la dépendance devient structurelle. Et comme l'a résumé un éditorial du quotidien Die Zeit : "Celui qui cherche à se faire soigner à Berlin ne peut prétendre guérir de son autoritarisme à Alger."