La création d'un département autonome dans le gouvernement Jettou consacré à l'eau reflète la position centrale de la question hydraulique dans les préoccupations actuelles des pouvoirs publics. Rationaliser la récolte, la conservation et la distribution de l'eau constitue un objectif national stratégique. Les dernières catastrophes provoquées par les inondations accélèrent cette prise de conscience. En dépit de l'ambitieux programme des barrages réalisés par le Maroc, le pays n'est pas à l'abri des caprices dramatiques du climat. Deux risques potentiels, liés à l'eau, sont souvent présents. Le manque fait planer les aléas de la sécheresse ; l'abondance, elle, peut causer bien des dégâts. Comme en témoignent les derniers et dramatiques événements de Mohammedia, Settat, Berrechid, Moulay Yacoub, etc. Mais si le pays dispose d'énormes avantages naturels, qui le dotent d'une bonne disponibilité en eau, le problème de sa conservation et de la rationalisation de son utilisation demeure réel. Au même titre que celui des moyens d'assainissement des eaux et de protection des populations. Les inondations qu'ont connues certaines régions du pays doivent nous amener à revoir quelques aspects de la politique des barrages, qui, rappelons-le, a constitué le grand acquis du Maroc indépendant. Pour le Maroc, les barrages sont, schématiquement et presque réellement, l'équivalent des hydrocarbures pour l'Algérie. C'est dire la valeur de cette richesse naturelle, qui peut, si elle est utilisée à bon escient, permettre au pays prospérité et développement. Car les disponibilités hydrauliques ne sont pas un atout dans le seul développement agricole, mais aussi industriel. D'où la nécessité de capitaliser les bienfaits et de prévenir les dommages qui pourraient être causés par les crues. L'aspect sécuritaire est primordial. Avec les risques d'inondation et les dommages potentiels, il faudra revoir les outils de prévision et de gestion des barrages. L'état de certains ouvrages et l'évolution des bassins versants sont deux données déterminantes dans l'évolution de la sécurité des populations, des infrastructures et des industries locales, agricoles et industrielles, face aux inondations. Des tâches claires découlent de cette problématique. Il faudra prévoir l'impact des débordements ou des ruptures, délimiter les zones à risques, évaluer les pertes économiques ou quantifier les évacuations de population à prévoir dans différents contextes, particulièrement dans les opérations d'urgence. Il faudra aussi revoir et réadapter le niveau de sécurité d'un aménagement en permettant la conception ou la transformation de certains ouvrages. Certes, le risque hydraulique sera toujours présent. Mais, il faudra tout simplement, le moment venu, être outillé pour faire face aux imprévus. Cela passe aussi par une connaissance et une approche de l'estimation statistique des crues. Les crues devront être maîtrisées, de sorte à transformer le mauvais coup en un double coup bénéfique : la conservation de l'eau et la préservation des infrastructures et des populations limitrophes. Les deux fonctions essentielles des eaux de barrage (irrigation et eau potable) et la maîtrise des crues doivent être appréhendées comme étant des éléments d'égale importance pour le développement humain et économique du pays. Un front de combat où il ne saurait être question de gaspillage des munitions. S'agissant des barrages, il faudra surveiller tous les points qui peuvent être altérés par des changements importants de niveau et de débit. Cela doit concerner tous les édifices, au sens large.Des principes doivent être respectés, en matière d'exploitation, de surveillance et de d'entretien tant des barrages que des ouvrages annexes. Le but est de prévenir les bris. Ils doivent tenir compte de trois facteurs : la population, les installations et l'environnement. D'abord il faudra s'assurer de l'exploitation sécuritaire, par l'instauration de l'inspection régulière, notamment du comportement structurel, afin d'éviter, à chaque fois, une situation d'urgence.