Un nouveau morceau conçu par l'éminent compositeur marocain Nabil Benabdeljalil. Cette œuvre, intitulée « Magdalena », nocturne n°2, vient de faire le bonheur des mélomanes dans le cadre des African Concert Series London 2021 sur interprétation au piano par le grand artiste Marouan Benabdellah. A écouter la composition de M. Benabdeljalil, le mélomane découvre différents airs dans la même œuvre. Une impression confirmée par le compositeur qui remonte le temps. «L'esquisse mélodique de la pièce remonte à la jeunesse du compositeur (années 90), quand il avait dans son esprit l'image d'un Orient spirituel et mystique, un Orient Corano-biblique commun», détaille-t-il. A cette époque aussi, ce compositeur avait une «sensibilité esthétique toute spéciale envers la vie du Christ sous un angle philosophique et monothéiste général, et non chrétien». Quant au titre Magdalena, il vient témoigner, selon l'artiste, «à la fois de cet intérêt spirituel, mais aussi d'une image spécifique de la grâce et de la fragilité féminine, ainsi que de la faiblesse humaine en général, du sentiment de regret et de la tendance -qui s'impose- vers l'épuration par la lumière divine». Outre cette nouvelle composition, il a composé en 2020 le beau poème «Adha Attanaî» (La distance nous sépare) du grand poète andalou de Cordoue, Ibn Zaydoun, en mode gharnati pour un accompagnement en chant de Zainab Afailal. Dans cette belle aventure, les deux artistes étaient également accompagnés par l'ensemble Zakharif, avec toutefois le banjo à la place du Ûd (luth). Avec ce groupe, il a eu l'occasion de se produire le temps de manifestations musicales. Et ce n'est pas tout ! En 2019, il a vu son «Adagio pour cordes» interprété par l'Orchestre Philharmonique du Maroc (OPM). «Dans mon «Adagio pour cordes», c'est plus l'appartenance à la grande culture arabo-islamique qui est mise en évidence », avance-t-il dans un entretien accordé à cette occasion à ALM. Dans cette oeuvre, il a, comme il l'explicite, «utilisé tout simplement une version du Adhan dans deux modes (maqamat) différents de la musique arabe moyen-orientale. Les modes «rasd» et le «naqriz» sont perceptibles de manière assez claire». «Dans mon œuvre, ce n'est ni de l'arrangement ni de la fusion. D'ailleurs, il y en a ceux qui vont reconnaître cet «Adhan» très difficilement». Comme il le détaille, son «Adagio pour cordes» est le 3ème et dernier mouvement de sa symphonie de chambre. Celle-ci se compose de trois mouvements. Les plus joués sont le 3ème et le 2ème. Celui-ci a déjà été joué à l'opéra de Berlin. Avant d'être joué par l'OPM à Essaouira, cet Adagio a été joué par l'English Chamber Orchestra à Londres. L'ensemble de la symphonie ayant été joué une seule fois par les Boho Strings sous la direction de David Ramael en Belgique l'an dernier. Pour rappel, la formation académique de M. Benabdeljalil est en composition avant tout. Il a fait des études de composition à Kiev à l'académie Tchaïkovski dans les années 90 et il a un master dans le domaine. Après quoi, il a fait une autre formation au conservatoire de Strasbourg et avec d'autres professeurs. Un brillant parcours qui le destine à une grande créativité.