Les producteurs marocains de tomate, notamment dans la région de Souss-Massa (sud), font état d'une tension passagère dans l'approvisionnement en auxiliaires entomophages destinés à contenir Tuta absoluta, redoutable ravageur sud-américain qui a proliféré l'an passé après une rupture collective dans les protocoles de lutte biologique. L'engouement pour ces solutions vivantes a renoué avec vigueur, traduisant une correction stratégique après les déboires de la campagne 2023-2024. L'insecte prédateur, communément désigné sous l'acronyme Nesi, avait été écarté de nombreux itinéraires techniques en raison de soupçons de transmission du virus ToBRFV (Tomato brown rugose fruit virus). Cette précaution excessive s'est révélée lourde de conséquences, l'infestation de Tuta absoluta s'étant accélérée en fin d'hiver, parfois jusqu'à l'arrachage prématuré des cultures. Outre le Nesidiocoris, d'autres outils biologiques ont retrouvé les faveurs des agriculteurs, à l'instar des pièges englués noirs, des attractifs à base de phéromones ou des nématodes entomopathogènes, dont les premiers essais contre les larves de Tuta se révèlent probants. Une organisation industrielle calibrée pour les campagnes à venir Face à un intérêt grandissant et à l'extension des superficies de tomates sous abri, notamment dans les provinces du sud et de l'Oriental, la crainte d'un engorgement de la filière ne semble pas partagée par Koppert Maroc, dont le dispositif repose sur une planification rigoureuse des lâchers. Dans un contexte de plus grande dépendance aux solutions écocompatibles et face aux limites croissantes des produits phytopharmaceutiques conventionnels, les opérateurs misent sur la fiabilité des méthodes biologiques et sur la continuité logistique des grands fournisseurs. Le souvenir du naufrage phytosanitaire de 2023 n'a pas été effacé, mais il semble avoir permis un redressement méthodique des pratiques agricoles en matière de lutte intégrée.