La société canadienne Falcon Energy Materials, cotée à la Bourse de Toronto et anciennement connue sous le nom de SRG Mining, a conclu le 20 mai un accord de partenariat stratégique avec l'entreprise marocaine FluorAlpha, en vue de l'établissement, à Jorf Lasfar, d'une première unité pilote puis d'une installation industrielle dédiée à la production de matériaux actifs pour anodes (active anode material, AAM). La future unité pilote, dont les travaux doivent débuter au deuxième trimestre 2025, aura une capacité de production quotidienne de 100 kilogrammes de graphite sphéronisé purifié (CSPG). Elle sera suivie d'un complexe industriel de grande échelle capable de produire annuellement 25 000 tonnes de ce matériau critique, destiné à l'industrie des batteries, selon des informations qui ont émergé mardi 3 juin. FluorAlpha, implantée dans la zone industrielle de Jorf Lasfar (près de Casablanca), exploitera ses installations actuelles pour fournir à Falcon Energy Materials de l'acide fluorhydrique anhydre (AHF), composant essentiel dans le traitement du graphite sphéronisé. Cette substance est issue de l'acide fluorosilicique (AFS), sous-produit capté lors de la fabrication d'engrais phosphatés. FluorAlpha extrait le fluor à partir de roches phosphatées, ressource dont le Maroc dispose en abondance. En parallèle, FluorAlpha construit dans la même zone deux lignes de production industrielles, qui devraient entrer en service en 2026. Elles permettront d'obtenir chaque année 20 000 tonnes d'AHF et 30 000 tonnes de fluorure d'aluminium (AlF3), destinés aux filières de l'électronique, des batteries et du photovoltaïque. Le graphite utilisé dans la nouvelle usine proviendra en partie du projet de Falcon Energy Materials en Guinée (Lola), ainsi que de concentrés fournis par des tiers. Par ailleurs, Falcon a noué des accords techniques avec deux entreprises chinoises spécialisées dans la production d'anodes, Hensen Graphite et Shanghai Shanshan, en vue de qualifier et standardiser ses produits. La présence de cette installation au Maroc, pays signataire d'un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, pourrait conférer un avantage stratégique au projet dans le cadre de la loi américaine sur la réduction de l'inflation (Inflation Reduction Act, IRA). En effet, les autorités américaines envisagent actuellement l'imposition de droits antidumping pouvant atteindre 721 % sur les importations d'anodes naturelles et synthétiques en provenance de Chine. L'édification conjointe de ces unités — graphite sphéronisé pour l'un, composés fluorés pour l'autre — devrait renforcer la présence industrielle du Maroc dans la chaîne de valeur mondiale des matériaux de batteries, tout en réduisant sa dépendance aux importations de réactifs fluorés.