L'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) ont conclu vendredi 20 juin un accord de financement inédit d'un montant de 300 millions d'euros (environ 3,25 milliards de dirhams), structuré sous la forme d'un prêt indexé sur des objectifs de durabilité, une première dans le secteur énergétique d'Afrique et du monde arabe. Ce dispositif, qualifié de sustainability-linked loan (SLL) par les parties contractantes, repose sur deux indicateurs de performance déterminants : la réduction de l'intensité carbone de l'électricité produite au Maroc et l'accroissement de la part des énergies renouvelables dans la production nationale. Ces objectifs, rigoureusement arrimés aux engagements actualisés du Maroc au titre de la contribution déterminée au niveau national (CDN), ont été certifiés comme ambitieux par un prestataire indépendant de renom, mandaté dans le cadre d'un examen conforme aux principes internationaux encadrant ce type d'instrument. Le processus d'évaluation a bénéficié du concours de l'organisation FSD Africa. Ce prêt inédit entend d'une part renforcer la résilience financière de l'ONEE face aux soubresauts du marché énergétique mondial, et d'autre part favoriser une mutation progressive vers un système électrique décarboné. À cet effet, l'ONEE s'est engagée à retirer certaines capacités thermiques à forte teneur en carbone à moyen terme, rejoignant ainsi l'objectif national de neutralité climatique à l'horizon 2050, affirmé lors de la COP28. Dans cette dynamique, la BERD accompagnera l'ONEE dans l'élaboration d'une stratégie de décarbonation, l'approfondissement de sa gouvernance climatique, ainsi que dans la définition et la mise en œuvre d'une feuille de route numérique, destinée à structurer l'usage des technologies digitales dans ses fonctions stratégiques. Une mutation profonde au service du long terme Outre la réduction de l'empreinte carbone, le prêt prévoit le développement des capacités de planification du réseau et du raccordement des énergies renouvelables à l'échelle nationale, tout en affinant les mécanismes de répartition de la production électrique selon une logique d'intensité carbone. Le vice-président chargé des partenariats et des politiques publiques au sein de la BERD, Mark Bowman, a salué cet accord comme une percée régionale : «Ce prêt indexé sur des objectifs de durabilité – le premier du genre dans le secteur énergétique du continent – illustre la manière dont une ingénierie financière judicieuse peut servir les impératifs de transformation structurelle. Le soutien de la BERD, en étroite coordination avec le gouvernement marocain, permet à l'ONEE de conjuguer trajectoire de décarbonation, virage numérique et solidité financière dans un contexte de tensions énergétiques accrues.» Le directeur général de l'ONEE, Tarik Hamane, a pour sa part souligné l'ancrage stratégique de cet appui : «Le Maroc s'impose comme l'un des pays les plus engagés de la région en matière de transition énergétique. L'ONEE œuvre de manière résolue à faire progresser la part des renouvelables dans le mix électrique national, afin d'atteindre l'objectif de 52 % de capacité installée verte d'ici 2030. La BERD, partenaire constant de notre mutation énergétique, nous accompagne à nouveau dans cette étape décisive vers un système plus sobre, plus résilient et plus propre.»