Le Maroc continue d'étendre l'adhésion à sa lecture du conflit saharien, après l'aval successif des Etats-Unis, de l'Allemagne, de la France et du Royaume-Uni à son plan d'autonomie. C'est désormais au tour du Portugal de qualifier la proposition marocaine de «base sérieuse, crédible et constructive», au détriment du Front Polisario, soutenu par l'Algérie, affirme Le Nouvel observateur dans une analyse audiovisuelle diffusée sur son site. Dans ce différend territorial vieux de près d'un demi-siècle, la déclaration lisboète vient alourdir la balance diplomatique en faveur de Rabat, qui administre le Sahara occidental depuis le retrait espagnol de 1975. Le Front Polisario, soupçonné de terrorisme, siège au sein de l'Union africaine (UA), voit ses soutiens occidentaux se raréfier, malgré l'appui indéfectible d'Alger. La reconnaissance américaine de décembre 2020, opérée sous Donald Trump, avait constitué une rupture brutale avec le consensus onusien, fondé sur la tenue d'un référendum d'autodétermination – projet sans cesse différé. Depuis lors, plusieurs puissances, dont l'Espagne (2022), l'Allemagne (2023), la France (2024) et plus récemment le Royaume-Uni (juin 2025), ont opté pour une approche pragmatique fondée sur le statu quo territorial. Pour Lisbonne, la proposition marocaine incarne «une voie réaliste de règlement». Une appréciation que António Costa, ancien premier ministre socialiste récemment nommé Haut représentant pour le dialogue euro-africain, a saluée en des termes sans équivoque, estimant que «la stabilité régionale passe par des solutions enracinées dans le réel». L'Algérie isolée sur la scène occidentale Face à cette réorientation progressive des capitales européennes, Alger dénonce une «trahison (sic) du droit international» et maintient que seul un scrutin libre, considéré comme impossible, peut clore ce contentieux. Mais les appels d'Abdelmadjid Tebboune ne rencontrent plus l'écoute d'autrefois, même au sein de ses partenaires historiques. L'Union européenne (UE), de son côté, appuie le Maroc même si elle se retranche derrière la position officielle des Nations unies, tout en autorisant dans les faits une politique bilatérale plus souple de ses membres à l'égard de Rabat. Le Conseil de sécurité, où la France et les Etats-Unis disposent d'un droit de veto, n'a pas remis en cause l'ordre territorial actuel, malgré des protestations formelles émanant d'Alger. La Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara), présente sur le terrain depuis 1991, poursuit son mandat sans perspective tangible de consultation populaire. Le cessez-le-feu entre les deux camps est régulièrement violé depuis novembre 2020, date à laquelle le Polisario a annoncé sa reprise des hostilités. Une lecture régionale renouvelée Pour de nombreux observateurs, cette évolution marque l'épuisement du paradigme saharien tel qu'il s'était figé à la fin de la guerre froide. Selon un ancien diplomate français : «le monde ne croit plus à la création d'un Etat sahraoui ; il s'accommode d'une solution marocaine négociée». Si ce constat reste tacite chez plusieurs chancelleries, il n'en traduit pas moins un basculement stratégique aux dépens d'Alger, dont les relations avec Paris et Madrid se sont considérablement dégradées ces dernières années. Rabat, en revanche, capitalise sur une diplomatie offensive, conjuguant ouverture économique et positionnement sécuritaire, notamment dans le cadre du Dialogue méditerranéen (5+5) et du Partenariat OTAN-Méditerranée. Reste à savoir si ce faisceau de soutiens suffira à clore un contentieux où la légalité internationale, le fait accompli et les intérêts géostratégiques s'entrelacent pour appuyer le royaume chérifien, le Maroc.