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Sahara : «Le projet du Polisario se trouve en état de coma et la voie la plus raisonnable consiste à conclure un grand accord avec le Maroc» affirme Hach Ahmed
Dans une tribune publiée par le quotidien canarien La Provincia le 24 août, Hach Ahmed, premier secrétaire du Mouvement sahraoui pour la paix (MSP), affirme que le conflit du Sahara se trouve à un moment décisif qui pourrait précipiter sa conclusion. Selon lui, «le temps joue contre les Sahraouis», car le projet porté par le Front Polisario «conçu dans l'ombre de disputes et de rivalités régionales, s'est mué en otage de l'interminable querelle entre l'Algérie et le Maroc». L'auteur estime que le conflit, en l'absence d'une issue politique, risque de rejoindre «la liste noire des litiges que la communauté internationale préfère regarder du coin de l'œil ou oublier dans un tiroir poussiéreux». Pour Hach Ahmed, le danger est clair : «Si rien ne change, la cause sahraouie sombrera dans l'oubli». Marginalisation des Sahraouis originels Dans son analyse, le premier secrétaire du MSP met en avant un paradoxe central : «Les véritables protagonistes – les Sahraouis originaires du territoire, héritiers de la période sous administration espagnole – ont été systématiquement marginalisés». Il décrit ces habitants comme portant «Le poids de l'exil, de la guerre et de la nostalgie», tout en étant écartés des choix décisifs. Il ajoute : «Depuis plus de cinquante ans, le Polisario est figé, incapable d'avancer ni de reculer, prisonnier d'un schéma qui a épuisé ses ressources et l'a privé d'avenir». M. Ahmed retrace l'histoire de la naissance du Front Polisario, qu'il décrit comme marquée par «des manipulations et des conspirations externes». Selon lui, plusieurs fondateurs provenaient «des rangs de miliciens marocains déçus par leur propre trajectoire, qui s'allièrent ensuite à Kadhafi pour transformer leur combat en une franchise de la révolution libyenne au Sahara». Cette filiation aurait, selon lui, éloigné le mouvement de toute authenticité populaire. «Le Polisario n'est pas né d'un mouvement sahraoui enraciné, mais d'un projet imposé de l'extérieur», écrit-il. Un projet «En état de coma» Après plus d'un demi-siècle de confrontation, le jugement de Hach Ahmed est implacable : «Malgré les sacrifices et l'exil, le projet du Polisario se trouve en état de coma, sans direction, figé dans le temps et s'approchant graduellement d'une fin triste et chaotique. Les grands perdants sont les enfants de la terre». Il souligne aussi que «les Sahraouis ont payé un prix élevé en sacrifices et en exil, mais ils ne possèdent toujours pas la moindre parcelle de souveraineté réelle sur leur territoire». Il rappelle que la création en 2020 du Mouvement sahraoui pour la paix (MSP) avait pour objectif d'ouvrir une voie nouvelle : «Fondé principalement par des Sahraouis nés et éduqués dans l'ancienne colonie espagnole, le MSP vise à redonner à l'élite sahraouie originelle la capacité de proposer une alternative modérée et sensée». Malgré son jeune âge et ses ressources limitées, le mouvement a déjà trouvé une reconnaissance internationale en intégrant l'Internationale socialiste. Néanmoins, Hach Ahmed dénonce la réaction du Front Polisario, qui aurait multiplié les campagnes de dénigrement et de stigmatisation contre les membres du nouveau parti. «Beaucoup de cadres sahraouis, victimes d'exclusion et de répression, ont quitté le Polisario sans trouver d'alternative, demeurant en terre de personne par peur d'être traités de traîtres», regrette-t-il. Il ajoute une critique directe du rôle d'Alger : «L'Algérie a utilisé le Polisario comme un instrument dans sa rivalité historique avec le Maroc, transformant le sort des Sahraouis en variable de sa politique régionale». Une proposition de compromis avec le Maroc Hach Ahmed plaide désormais pour ce qu'il considère comme la seule option réaliste. Selon lui, «la voie la plus raisonnable consiste à s'associer à la dynamique actuelle et à conclure un accord avec le Royaume du Maroc, fondé sur la proposition d'autonomie de 2007, assorti de garanties internationales protégeant les droits et les intérêts de la population». Il propose d'établir des liens privilégiés avec les îles Canaries et de s'inspirer des expériences espagnoles en matière d'autonomie, notamment en Catalogne et au Pays basque. L'ancien cadre du Polisario suggère également que les Sahraouis tirent profit des réseaux historiques avec l'Espagne, ancienne puissance coloniale, afin de garantir leur place comme acteurs légitimes dans les négociations. Dans le même esprit, il insiste : «Notre objectif est de tendre la main à tous les Sahraouis, où qu'ils soient, pour qu'ils prennent enfin en main leur propre destinée, loin des slogans vides et des manipulations étrangères». Une alerte solennelle Dans sa conclusion, Hach Ahmed adopte un ton grave et presque testamentaire : «L'horloge tourne, et le destin des Sahraouis ne peut plus demeurer enchaîné à des slogans dépassés ni à des rivalités étrangères. Le dilemme est d'une brutalité simple : Maintenant ou jamais». Son avertissement s'adresse directement aux intellectuels sahraouis formés durant l'administration espagnole, qu'il exhorte à sortir de l'apathie et à assumer leur rôle historique. «Le dénouement final pourrait effacer à jamais les Sahraouis comme protagonistes de l'avenir du territoire», prévient-il, en soulignant que s'accrocher au Polisario et à la rivalité algéro-marocaine équivaudrait à «Une condamnation irréversible». Pour Hach Ahmed, la conclusion est sans ambiguïté : «Le temps joue contre les Sahraouis», et seule une réconciliation négociée avec Rabat, sous protection internationale, peut leur offrir une place digne dans l'avenir du Sahara.