L'agence Fitch Ratings a confirmé, lundi, la note de long terme du Maroc en devises étrangères à 'BB+', assortie d'une perspective stable. L'institution justifie cette appréciation par la continuité des politiques macroéconomiques, l'appui de créanciers multilatéraux et bilatéraux, ainsi que par la robustesse des réserves extérieures. Ces éléments favorables demeurent toutefois contrebalancés par un endettement élevé, des indicateurs de développement en retrait par rapport aux pairs et une dépendance persistante aux conditions climatiques. Pour rappel, le Maroc a retrouvé, vendredi 26 septembre selon l'agence américaine Standard & Poor's (S&P), son statut de débiteur souverain de catégorie Investment Grade, un rang perdu en 2021 sous l'effet de la crise sanitaire. D'après Bloomberg, l'organisme de notation a indiqué que «S&P Global Ratings a relevé la note souveraine de long et court terme du Maroc à "BBB-/A-3" contre "BB+/B" auparavant». Le média financier précise que «cette décision fait du Maroc le seul émetteur africain d'euro-obligations bénéficiant d'une notation de catégorie investissement». Réformes fiscales et trajectoire des recettes Selon Fitch, le déficit de l'Etat central devrait rester à 3,8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025, avant de se réduire à une moyenne de 3,1 % entre 2026 et 2027. Le rendement fiscal, estimé à 18,7 % du PIB sur la période, traduirait les effets des réformes engagées en matière de simplification et de conformité. L'agence anticipe toutefois une diminution des recettes non fiscales, qui passeraient de 4,2 % du PIB en 2024 à 3,6 % en moyenne, en raison de la réduction progressive des mécanismes dits « innovants » de financement. Dépenses publiques et endettement Fitch prévoit que les dépenses totales reculeront à 25,8 % du PIB en moyenne sur 2025-2027, contre 27,1 % en 2024, la baisse de l'investissement public compensant l'accroissement des charges courantes. Les dépenses de fonctionnement devraient s'élever à 20,2 % du PIB, en raison d'un effort accru dans l'éducation et la santé, tandis que l'investissement public reviendrait à 6 % du PIB, après l'achèvement progressif de plusieurs programmes majeurs, tels que le Plan national d'approvisionnement en eau potable et d'irrigation ou le dispositif d'aide au logement instauré en 2023. La dette de l'Etat central, bien que supérieure à la médiane des pays notés 'BB', devrait refluer de 68 % du PIB en 2024 à 65,3 % en 2027. Fitch relève la prédominance des instruments à moyen et long termes, à taux fixe et libellés en dirhams, limitant les risques de refinancement et de change. Croissance, réserves et risques sociaux La croissance, estimée à 3,8 % en 2024, devrait s'accélérer à 4,4 % en 2025, portée par un rebond agricole lié à de meilleures précipitations et par le dynamisme des industries exportatrices. Fitch prévoit néanmoins une aggravation du déficit courant, qui atteindrait 1,4 % du PIB en 2025 et 2,4 % en moyenne sur 2026-2027, en raison d'un alourdissement des importations liées aux grands projets d'infrastructures engagés en vue de la Coupe du monde 2030. Les réserves de change demeurent confortables, atteignant 45 milliards de dollars en août 2025, soit 5,3 mois de paiements extérieurs, renforcées par la ligne de crédit flexible du Fonds monétaire international (FMI). Fitch mentionne par ailleurs les tensions sociales observées dans plusieurs provinces, alimentées par des revendications en matière de protection sociale, de services publics et d'infrastructures. L'agence n'y voit pas de menace directe à la stabilité politique, mais avertit que des concessions budgétaires accrues pourraient en découler. Enfin, l'agence rappelle que le Maroc conserve une note élevée dans son évaluation de la gouvernance environnementale, sociale et institutionnelle, tout en soulignant les défis persistants liés à l'emploi urbain et à la participation citoyenne.