Malgré une majorité confortable dans les deux Chambres du Parlement, le gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch ne semble pas pressé d'imposer une réforme des quatre caisses de retraite au Maroc. Une posture réaffirmée par la ministre des Finances, Nadia Fettah Alaoui, devant la Chambre des conseillers, mais qui continue d'alimenter la défiance des syndicats et du Front marocain contre les lois sur la grève et les retraites. DR ‹ › Ce mardi, la ministre des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a présenté à la Chambre des conseillers de nouveaux éléments sur l'avancement du dialogue social entre le gouvernement et trois syndicats concernant la réforme des caisses de retraite. Elle a annoncé que le comité technique chargé d'examiner la situation des régimes de retraite avait commencé ses travaux, multipliant les réunions pour élaborer une méthodologie rigoureuse et définir les grandes lignes de la future réforme. Mme Alaoui a précisé que la phase opérationnelle de la réforme ne pouvait pas encore débuter, en raison de la complexité du dossier et de ses nombreux paramètres techniques. Elle a souligné qu'aucune décision ne serait prise avant une analyse exhaustive et complète de la situation de tous les régimes. Le gouvernement, les syndicats et le patronat ont convenu, a-t-elle précisé, d'examiner séparément la situation de chaque régime de retraite, en s'appuyant sur des données chiffrées, des documents de référence et des informations détaillées, en présence des responsables et gestionnaires concernés. Une lettre adressée à Akhannouch La ministre a rappelé qu'au cours de la réunion du comité technique en juillet dernier, le gouvernement s'était engagé, devant tous les partenaires sociaux, à ne soumettre aucune proposition ou solution sans consensus. Cette position, justifiée par l'impact social majeur de cette réforme touchant près de cinq millions de Marocains, a été réaffirmée. Pour rappel, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, avait déclaré en septembre, lors d'une interview avec les chaînes Al Aoula et 2M, que «le chantier des réformes des caisses des retraites ne peut aboutir qu'à travers un accord avec les partenaires sociaux et dans le cadre d'un dialogue sérieux et responsable». Cette approche n'a cependant pas convaincu les groupes d'opposition à la Chambre des conseillers, qui ont vivement critiqué ce qu'ils considèrent comme une «incapacité» de l'exécutif à proposer des solutions concrètes et efficaces pour sortir les régimes de retraite de l'impasse. Ils accusent le gouvernement de vouloir faire porter la majeure partie du coût de cette crise aux travailleurs marocains. De son côté, le Front marocain contre les lois sur la grève et les retraites a réaffirmé, la semaine dernière, son opposition à toute réforme qui ferait peser sur la classe ouvrière les conséquences des déséquilibres structurels du système. Dans une lettre adressée au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, le Front estime que «les travailleurs ne sont pas une ressource à exploiter lorsque l'Etat se montre incapable de lutter contre les lobbies rentiers et l'influence du capital». Le Front dénonce également des tentatives récurrentes, menées depuis des décennies, visant à restreindre les droits des travailleurs par des calculs jugés «étroits» et «purement mathématiques», au détriment d'une approche sociale et équitable de la réforme. Les quatre caisses de retraite concernées par la réforme sont la Caisse marocaine des retraites (CMR), qui couvre les fonctionnaires et les militaires, déjà réformée en 2017 sous le gouvernement Benkirane, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) pour les salariés du secteur privé, la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR), régime complémentaire privé, et le Régime collectif d'allocation de retraite (RCAR) destiné aux agents du secteur public et semi-public.