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REPORTAGE: Quand l'eldorado Européen se prénomme… Tanger
Publié dans Barlamane le 23 - 12 - 2017

Sakina est une jeune femme Congolaise arrivée clandestinement à Tanger le 7 mai 2013, en compagnie de sa fille âgée à l'époque de 7 ans (Destinée) ainsi que de son compagnon.
Elle a fui la pauvreté, la crise politique, et les traumatismes d'une enfance écorchée et violée.
Pour Sakina, le Maroc n'était au début qu'une transition, un point de chute qui la mènera vers l'eldorado européen.
‘'Le but c'est de traverser la mer''
‘'Avant mon départ, les gens me disaient, on fait ça pour traverser la mer, mais une fois sur place, les choses ne sont pas si simples'', se confie Sakina.
‘'J'ai essayé plusieurs fois, mais à chaque fois on nous arrête, on nous frappe (…) je suis une mère maintenant, je ne peux plus risquer ma vie comme ça''.
‘'Je suis tombée enceinte une deuxième fois, mon fils s'appelle Esli, il est né ici à Tanger le 8 mai 2014''.
‘'Près de deux ans plus tard, je suis re tombée enceinte de mon troisième enfant, qui s'appelle Miracle''…
Sakina s'est dès lors retrouvée confrontée à plusieurs obstacles, notamment financiers. Avec trois bouches à nourrir, et un compagnon qui travaille de temps en temps en vendant des téléphones portables volés.
Seule issue ? Mendier…
‘'J'ai pris l'enfant, à l'âge de deux mois, j'ai mis l'enfant sur le dos, j'ai commencé à marcher en route, pour aller mendier, pour que mes enfants puissent avoir ne serait ce qu'un bout de pain à manger'', déplore Sakina, la voix tremblotante.
‘'Au début je sortais avec mon fils au dos et ma fille, maintenant qu'elle va à l'école, elle ne m'accompagne plus… elle me disait souvent maman ça me fait du mal de te voir comme ça-assise par terre- il y'a des gens qui se moquent de nous, ça me fait du mal…''
Sakina avait un rêve, le rêve d'une vie meilleure et d'un avenir sûr pour ses enfants…
Entre ce qu'elle espérait et ce que la vie a daigné lui donner, le fossé se creusait de plus en plus.
Tiraillée entre l'espoir et la nécessité, Sakina a dû mettre sa fierté de côté, et tendre la main à des inconnus, dans un pays qui lui était étranger.
‘'Mendier, bien sur c'est bien, mais c'est aussi mauvais, parce que la main qui demande est toujours en bas et la main qui donne est toujours en haut'', insiste Sakina.
‘'Mais je n'ai pas le choix, si quelqu'un te donne, tu prends… comme je suis vraiment dans le besoin, il faut que je prenne tout' ‘, poursuit-elle.
Exposée au froid, à la faim et à l'hostilité de certains passants, Sakina ne généralise pas et ne met pas tout le monde dans le même panier.
Elle arrive tant bien que mal à relativiser et tenir le coup, car elle est consciente que sa vie ne lui appartient plus…
‘'Si je ne mendie pas… tout est foutu pour moi''
Sakina avait un rêve, le rêve d'une vie meilleure et d'un avenir sûr pour ses enfants …
Il y'a des jours, raconte Sakina, où des âmes charitables viennent cogner à la porte de sa petite chambre, où elle vit entassée avec ses trois enfants et son mari.
Plusieurs sacs à la main, des couches pour son bébé, du lait, des friandises et des vêtements.
C'est à travers des initiatives comme ça, que Sakina arrive à garder espoir, et ne cesse de répéter que ‘'si elle est toujours en vie aujourd'hui et qu'elle nourrit ses enfants, c'est grâce aux Marocains''.
‘‘Je ne suis l'esclave de personne… je suis esclave de ma propre vie… ‘'
Sakina ne veut pas passer sa vie à mendier, elle espère trouver un travail qui puisse subvenir à ses besoins et ceux de sa petite famille, mais n'y arrive hélas pas.
‘'L'autre jour une femme m'a appelée pour le ménage, c'est comme si j'étais rentrée dans l'esclavagisme (…) Comme on nous appelle «Azziya» Moi ce mot là je ne l'aime pas''.
Sakina travaillait toute une journée à faire le ménage, la lessive, la vaisselle de 8h du matin à 17h de l'après midi pour la modique somme de 50 dhs.
Pour rentrer chez elle après une dure journée, elle déboursait près de 15dhs en transport (bus, grand taxi) et se retrouvait une fois chez elle, avec 30 dhs en poche.
‘'Rentrer au pays… avec quoi ? Des enfants ?''
Face à tant de souffrance, j'ai voulu demander à Sakina, quelle était la raison qui l'empêchait de rentrez chez elle ? Et si elle y pensait des fois ?
‘'Chez nous les Africains noirs (je ne sais pas si c'est pareil pour vous les Marocains) Mais chez nous, comme ça fait 13 ans que je suis partie, si je repars, tout le monde va se dire oh elle était à l'étranger, elle a ramené de l'argent, elle va acheter une maison pour ses parents…''
‘'On me voit là bas, premier jour, deuxième jour, troisième jour… je n'ai rien du TOUT''.
Prise au piège dans la spirale infernale ‘'du qu'en dira-t-on ?'', Sakina préfère prendre son mal en patience, avec l'espoir que la vie lui sourira un jour.
Le Maroc lui a selon ‘'elle ‘' était clément, sa fille âgée à l'heure actuelle de 11 ans, va à l'école publique Marocaine, elle parle même Darija avec l'accent tangérois.
Elle s'est intégrée malgré les difficultés, s'est faite des amis, et souhaite juste que sa mère n'ait plus à mendier dans la rue.
Esli le petit né à Tanger, est aussi inscrit à la maternelle, grâce à l'aide d'une voisine de palier de Sakina. Loin de tous ces problème d'adultes, le sourire ne quitte pas son visage.
Miracle n'est quant à lui qu'un bébé, un bébé en bonne santé…
Avec la naissance de ses deux enfants sur le sol Marocain, Sakina a vite pu régulariser leur situation sur le plan légal, ce qui a également été le cas pour ‘'Destinée'' sa fille ainée''.
Au final, la vie est comme un gâteau, on finit toujours par avoir notre part… mais quelle part ? Telle est la question …


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