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Ciment : Les Marocains arrivent
Publié dans Challenge le 07 - 04 - 2008

Miloud Chaâbi, Anas Sefrioui et Sâad Kettani. Trois nationaux qui ont investi dans des usines de production de ciment, cette poule aux œufs d'or, par ailleurs chasse gardée de quatre multinationales. Si ces usines ne seront opérationnelles qu'à partir de 2010, elles semblent d'ores et déjà susciter le débat au sein de l'Association Professionnelle des Cimentiers regroupant Ciment du Maroc, Holcim Maroc, Lafarge Maroc et Asment de Témara. Avançant le risque de surcapacité à l'horizon 2011, l'APC récolte les pires remarques, accusant ses membres de jalousie. Ces deniers sont déjà habitués à essuyer des accusations de tout genre : entente sur les prix, abus de position dominante… et doivent composer avec l'arrivée de trois nouveaux opérateurs qui doubleront la capacité de production du secteur et promettent d'impacter la courbe des prix. Feront-ils cavaliers seuls ou s'allieront-ils pour des raisons d'intérêt économique aux vieux routiers du ciment ? la guerre semble d'ores et déjà enclenchée entre deux clans aux intérêts visiblement divergents.
Dès la mi-mars, les entreprises cotées en bourse se bousculent pour organiser des conférences où elles présentent leurs performances financières, certaines par pure obligation du respect des règles de communication imposées par la loi sur les sociétés cotées, d'autres ae cette occasion pour pouvoir se targuer de résultats records. «En dehors du secteur financier, la cimenterie est l'activité qui dégage les meilleurs indicateurs depuis quelques années», souligne d'emblée un analyste financier. Chiffres à l'appui : en 2007, Lafarge Maroc, Ciments du Maroc et Holcim ont affiché un résultat groupé de 2,6 milliards de DH ! Un autre chiffre qui illustre mieux l'ampleur de l'euphorie du marché : la marge nette moyenne de ces trois structures est d'environ 27 %. Elle avoisine les 32 % pour Lafarge Maroc, leader de son secteur.
Normal alors que personne ne puisse rester insensible à de telles performances et que les commentaires se fassent très abondants quant il s'agit du ciment. Mais il n'y a pas que les analystes financiers et autres journalistes qui s'intéressent à cette poule aux œufs d'or. Des opérateurs économiques aux reins solides en font de même. A une différence près. C'est en y investissant chacuns à coups de plusieurs milliards de dirhams que ces colosses du monde économique manifestent leur intérêt. Miloud Chaâbi, Anas Sefrioui et Sâad Kettani (en partenariat avec l'espagnol Lubasa) forment le nouveau trio qui entrera de plain-pied dans le secteur cimentier dès le début de la deuxième décade du millénaire. S'ils s'aventurent à miser dans ce créneau environ 10 milliards de DH, c'est qu'ils veulent eux aussi grignoter des parts du gâteau, aujourd'hui chasse jalousement gardée de quatre opérateurs, tous filiales de multinationales.
La convoitise
des nationaux
En dehors de l'espagnol Essentium, qui s'installera dans la région de Nador en vertu d'une convention signée avec le gouvernement marocain, le fait marquant de ces deux dernières années est l'arrivée des Marocains en masse. Aujourd'hui, les nationaux débarquent et c'est Miloud Chaâbi qui ouvre le bal. Celui qui ne manquait aucune occasion de pointer du doigt les marges substantielles que les opérateurs de ce secteur pratiquent, et ce en dépit de l'économie d'échelle dont ils profitent, décide de changer de mode de protestation. En ayant eu ras-le-bol de crier à la cherté de cette matière, il a fait un pas surprenant en annonçant sa volonté de lancer le projet de création de sa propre cimenterie : Ynna Asment. Un pas crucial qui va non seulement lui permettre de s'autoalimenter, mais aussi de concurrencer ses anciens fournisseurs. Le projet est ambitieux: l'investissement est de 3,3 milliards de DH et d'une capacité de production prévisionnelle de 3 millions de tonnes. Selon Miloud Chaâbi, président d'Ynna Holding, «le terrain étalé sur plus de 700 ha est déjà acheté et les constructions démarreront dans trois mois». Objectif : être fin prêt en 2010. «Nous sommes dans la phase finale de discussion avec des fournisseurs potentiels, notamment du continent européen», ajoute Saïd El Arja, DG d'Ynna Asment. Il n'est plus question que de deux ans avant que Chaâbi Lil Iskane, filiale immobilière du groupe Ynna, rompe complètement avec les crises connues par le passé : problème d'approvisionnement, de prix… «Cette filiale ne sera pas la seule à profiter de l'effet de synergie avec la nouvelle cimenterie. Super Cérame, Dimati ou encore la SNEP s'approvisionneront chez Ynna Asment», poursuit Saïd El Arja.
C'est aussi dans la région de Settat, plus particulièrement à Ben Hmed, que le groupe Sefrioui compte construire l'une de ses deux usines abritées sous la nouvelle enseigne du groupe baptisée Ciment de l'Atlas. L'investissement et la capacité de production n'ont rien à envier à l'unité d'Ynna. Un investissement de plus de 3 milliards de DH et une capacité de production de plus de 2 millions de tonnes. La deuxième cimenterie du groupe sera installée à Beni Mellal. Le choix du site suscite beaucoup d'interrogations. Car si la région de Settat offre l'avantage de sa proximité avec Casablanca, zone d'explosion immobilière avérée, il n'en est pas de même pour Beni Mellal. «Les besoins de la région où sera implantée notre usine de Beni Mellal dépassent de loin la capacité installée dans la région. Cette région est desservie par les cimenteries de Meknès, Fès et Marrakech, qui enchérissent considérablement le coût du ciment, compte tenu des coûts de transport», explique par ailleurs Rachid Ibenkhayat, directeur du projet.
Risque de surcapacité
en 2010 : info ou intox ?
En effet, c'est le facteur du transport qui a motivé le choix de Kettani d'implanter sa nouvelle cimenterie dans la région de Sidi Kacem. «La logique de cet homme d'affaires averti est de profiter de la croissance soutenue qu'enregistre le secteur, sans pour autant prendre le risque de concurrencer des ténors de la filière confortablement installés depuis plus de dix années», explique une source proche du secteur. Une question soufflée par le secteur: la filière cimentière supporterait-elle de nouveaux entrants, d'autant plus que les opérateurs déjà installés ont tous lancé des investissements importants en vue d'assurer une extension de leur capacité de production ? Mohamed Chaïbi, président de l'Association Professionnelle des Cimentiers est catégorique : «la situation de surcapacité est inévitable à l'horizon 2011. La production globale doublera par rapport à l'existant, portant les capacités à 28 millions de tonnes. Cela suppose que la consommation moyenne par habitant passe de son niveau actuel, qui est de 420kg, à 860Kg à l'horizon 2011. Un niveau largement supérieur à la moyenne méditerranéenne enregistrée en haut de la course et qui est de seulement 670kg par habitant».
Le scénario futur serait-il si dramatique pour les trois cimenteries en cours de construction? «Une usine de cimenterie qui tourne à moins de 60 % de sa capacité de production perd beaucoup d'argent. Et si la situation perdure, l'usine ne peut pas éviter la fermeture. Ce n'est qu'à hauteur d'un pourcentage de plus de 85% que l'on peut parler de haut de cycle », ajoute celui qui a passé toute sa vie dans le secteur. Une réplique qui ne fait qu'assombrir davantage l'avenir des trois nouvelles cimenteries.
Qu'en pensent les premiers concernés ? Miloud Châabi répond d'abord par un éclat de rire avant d'enchaîner non sans ironie: «tant mieux si cela peut engendrer une baisse des prix et profiter aux consommateurs finaux», se contente-t-il de dire. Même son de cloche au groupe d'Anas Sefrioui : «la capacité en ciment actuelle installée est saturée, les principaux acteurs cimentiers ont procédé à des importations de clinker (produit semi-fini) aussi bien en 2007 qu'en 2008. L'augmentation annuelle du marché du ciment s'est établie à 12% depuis deux ans, ce qui se traduit par un besoin de 1,5 million de tonnes par an, ce qui veut dire une cimenterie nouvelle par an», avance Rachid Ibenkhayat, DG de Ciment de l'Atlas, contre- argumentant la thèse du président de l'APC.
Ce dernier aurait rencontré un à un les trois opérateurs pour les mettre en garde contre les risques qu'ils courent. «J'ai fait ce que j'ai pensé être de mon devoir en tant que président de l'association. Il est foncièrement déplacé de penser que mon intervention était motivée par un quelconque sentiment de jalousie, puisque je ne m'exprimais pas en tant que PDG de Ciment du Maroc, mais comme responsable tenu de veiller aux intérêts de tous les intervenants du secteur et de les informer des risques patents et latents qu'ils peuvent courir. Après, il leur revient de décider en toute connaissance de cause», se justifie-t-il.
Si la surcapacité est imminente, pourquoi Ciment du Maroc et toutes les autres cimenteries renforcent-elles alors leurs capacités, lance sarcastique une source proche du dossier. «La question ne se pose pas si on veut garder nos parts de marché intactes. Ceci dit, nous ne sommes pas dans la même situation que les nouveaux. Une grande partie de nos équipements est amortie, sans oublier que nous disposons d'ores et déjà de fonds de commerce. Ce sont les nouveaux qui subiront de plein fouet l'effet de la surcapacité et qui ne pourront éviter de passer par une période de vaches maigres», répond sans sourciller Mohamed Chaïbi.
Une chose est sûre. Même le président de l'APC en est conscient. Personne ne peut présider sans risque de se tromper sur ce qui se fera demain dans un secteur où tout se joue au niveau de la demande, influencée à son tour par la croissance de l'immobilier et des projets d'infrastructures. Aujourd'hui, le boom immobilier promet de continuer. Le logement social produit en grande quantité, et le manque généré chaque année par centaines de milliers en logements tous standings confondus, constitue un levier de croissance considérable pour le secteur cimentier, et ce pour encore plusieurs années.
Enquête sur la concur-
rence: poudre aux yeux ?
Objet de toutes les convoitises, la filière du ciment ne manque pas non plus d'être la cible d'accusations diverses, informelles pour certaines, mais aussi des plus officielles pour d'autres. L'enquête sur le secteur menée, il y a plus d'une année de cela, par la direction de la concurrence au ministère des Affaires générales, est à citer en exemple. L'enquête, enclenchée suite à un débat houleux au Parlement, imputant aux quatre opérateurs du marché (Asment du Maroc en plus de ses trois concurrentes cotées en Bourse) une entente sur les prix, mais aussi sur les implantations géographiques, tarde à aboutir. Ce qui n'empêche pas les accusateurs des cimentiers de parler de lobbying pour faire traîner le dossier. La réplique d'un responsable au ministère des Affaires générales ne dissipe pas les doutes quant à une éventuelle manipulation. «C'est une enquête qui peut durer jusqu'à dix ans, d'autant plus que les moyens humains manquent cruellement pour mener des enquêtes bien fouinées sur le terrain. Et même si la direction recrute, il faut au minimum 5 ans pour former un enquêteur», lance la source. Ils ne sont qu'une dizaine à composer l'effectif de la direction de la concurrence, qui a pourtant à sa charge la lourde responsabilité de veiller au plein respect des règles imposées en la matière.
Partant de là, ils sont amenés à faire des arbitrages sur les dossiers auxquels ils doivent accorder le plus d'importance et laisser de côté ceux qui «peuvent attendre». Depuis quelques mois, le pétrole, la farine et le sucre accaparent toute l'attention du personnel de la direction des Prix, avec comme objectif politique de leur trouver des solutions populaires avant le 1er mai, fête du travail et tribune privilégiée des syndicalistes.
Dans ce contexte, l'affaire du ciment est mise au placard, le temps que les enquêteurs se libèrent de la gestion de dossiers plus urgents. Logiquement, il n'y a pas de quoi inquiéter les cimentiers, qui ont de longues années de tranquillité devant eux avant que l'enquête n'apporte éventuellement des preuves attestant d'une entente verticale ou horizontale.
Les cimentiers accusent
les intermédiaires
A l'Association Professionnelle des Cimentiers, organisation qui regroupe les quatre opérateurs du secteur, le ton est presque indifférent à l'égard à de telles accusations. «Les résultats positifs que dégage le secteur sont à l'origine de l'acharnement exprimé à son égard», souligne de prime abord Mohamed Chaïbi, président de l'APC. «Et pourtant, plus de 45% de notre chiffre d'affaires vont aux caisses de l'Etat. D'ailleurs, le prix TTC qui apparaît au consommateur peut certes paraître élevé, mais il faut savoir que l'Etat se sert du ciment comme collecteur important et fiable de taxes, dont la TIC qui profite directement au logement social», avance-t-il. Et d'ajouter, «sur les 15 dernières années, le prix hors taxe départ usine a toujours été à un niveau inférieur à la courbe de l'inflation. Comment peut-on alors nous accuser de pratiquer des hausses de prix vertigineuses ?», s'exclame-t-il.
La tension sur les prix est pourtant réelle. Les plus importantes hausses datent de 2002 et de 2007. «L'augmentation de 2002 est due à une hausse à hauteur de 50DH appliquée à la taxe spéciale sur le ciment et qui a été répercutée sur le prix, et cela a constitué la hausse la plus remarquée en l'espace de 15 ans. Une autre augmentation de 50DH de la TSC a été décidée en 2004. Cette fois-ci, les cimentiers n'ont pas jugé bon de la répercuter», explique Mohamed Chaïbi. Mais qu'en est-il alors de la hausse la plus récente, qui a porté le prix du sac dans certaines régions à plus de 75DH hors taxe (son prix officiel sortie d'usine est de moins de 45 DH) ? «Les prix apparents subissent aussi les effets conjoncturels et peuvent concerner des régions en particulier. Il se peut que face à une pénurie dans certaines zones, les grossistes soient partis chercher le ciment ailleurs, ou que les stocks existants aient fait l'objet de spéculation», lance-t-il l'air innocent.
Pourra-t-il continuer d'arborer cette même allure quand il s'agira d'évoquer la question d'entente sur les prix. «Nous ne sommes responsables que de nos prix au départ de l'usine. Au-delà, nous n'intervenons pas dans la politique tarifaire conçue quant à elle par les grossistes. Si les prix sont identiques, il faut le demander aux grossistes. Quant aux cimentiers, ils ont tous affiché des prix relativement différents en fonction de la qualité du ciment, du coût de revient de chacun, mais aussi de la politique commerciale propre à chaque groupe».
La responsabilité, toute la responsabilité, est donc mise par les cimentiers sur le dos des grossistes, qui eux peuvent manipuler les cours et faire la loi face aux promoteurs immobiliers. «Ils se sucrent le doigt en faisant supporter au consommateur final l'effet de la spéculation», argumente M. Chaâbi. Si tel est le cas, pourquoi les cimentiers n'investissent-ils pas dans la distribution de leurs propres produits ?
«En 2007, certains intermédiaires ont eu recours à la spéculation du produit afin de faire monter les enchères et d'augmenter le prix de vente, et c'est à ce moment-là que les cimentiers ont été interpellés par le ministère de l'Industrie afin de faire eux-mêmes la distribution de leurs propres produits», souligne Ahmed Bouhaouli, directeur général de l'APC. Ceci dit, l'existence d'une législation dans ce sens est encore méconnue, cette question ressort donc de la politique commerciale propre à chaque cimentier.
L'histoire du ciment racontée en 7 phases
1913-1949
Le monopole de fait est né
1913 : création de la première usine de cimenterie à Casablanca avec une production de 20.000 tonnes. Elle est restée l'unique cimenterie au Maroc jusqu'aux années cinquante.
1915 : début de la production du ciment: 20 000 tonnes/an environ avec un four droit.
1930 : démarrage du premier four rotatif au Maroc, d'une capacité de 120.000 tonnes.
1950- 1973
Création de nouvelles usines
1952/53 : construction de 4 cimenteries : Agadir, Meknès, Tétouan et Tanger. 1960 : tremblement de terre à Agadir, le ciment de l'usine d'Agadir, épargnée, a servi à reconstruire la ville. 1972 : décision de construire une cimenterie à Oujda dénommée CIMA par l'Office du Développement Industriel et la SNMC, organisme représentant le Maroc et l'Algérie. Mise en veille du projet suite au retrait de la partie algérienne.
1974-1979
Pénurie et politique de zoning
Cette phase fut marquée par une pénurie importante de ciment qui a déclenché la mise en place par l'Etat d'une politique de zoning, de quotas et d'administration des prix pour une répartition régionale de la production. La consommation du ciment a enregistré durant cette période une forte progression, passant de 1,5 M de tonnes à 3,5 M de tonnes, soit un rythme de croissance de 9,78 %. Le Maroc importe du ciment. 1976 : démarrage de l'usine de Marrakech.
1979 : lancement des cimenteries d'Oujda et de Témara.
1980-1987
Baisse de la croissance
Le rythme de croissance du secteur s'est beaucoup ralenti, chutant à 1,2 %.
Conséquence : arrêt de la politique du zoning et début de la libéralisation du secteur. Le fait marquant de cette phase fut le démarrage en 1982 de la nouvelle usine à Casablanca (Bouskoura) d'une capacité de 1,3 M de tonnes.
1988-1992
Reprise de la croissance
L'activité du secteur est revenue à son niveau des années soixante-dix, avec une progression moyenne de 9,96%. Une dynamique d'investissement a accompagné cette croissance, qui s'est traduite par le démarrage de nouvelles unités.
Le fait marquant de cette phase était l'ouverture d'un centre de distribution à Laâyoune pour mieux répondre à la demande des provinces du Sud.
1992-2000
Démarrage de nouvelles unités
1992 : construction de
l'usine de Safi.
1993 : construction d'une ligne de production clinker à Fès-Ras El Ma.
1994 : démarrage de l'exportation qui a porté cette année-là sur un tonnage de 250.000 tonnes de
clinker et 28.000 tonnes
de ciment, soit 3,5 % de la
production nationale.
1997 : mise en place d'une
installation de broyage ciment
à Fès-Ras El Ma.
1998 : réalisation d'un atelier de broyage et d'ensachage à Nador
Depuis 2001
Poursuite de l'augmentation des capacités
La consommation du ciment s'inscrit dans une croissance continue qui est soutenue depuis quelques années déjà par le bâtiment, qui figure parmi les secteurs qui enregistrent le plus fort taux de croissance.
Cette progression de la croissance résulte également de la politique des grands travaux, en particulier l'accélération du programme autoroutier et divers autres constructions : stades de football, plan Azur d'aménagement des zones touristiques, etc. Depuis 2001, plusieurs unités de production, d'ensachage, de distribution, de broyage… ont démarré leur activité.
Repères
Akhannouch y va par étapes
Repères
Akhannouch
y va par étapes
Si Chaâbi, Sefrioui et Kettani ont tous les trois choisi d'entrer de plain- pied dans le secteur cimentier en investissant frontalement dans la production, Akwa fait plus dans la prudence. Voulant également profiter de la croissance à deux chiffres qu'affiche le ciment depuis quelques années, ce groupe préfère y aller par étape. Même si les statuts de l'entreprise Ciment du Souss affichent noir sur blanc l'activité de production parmi tant d'autres, Akhennouch ne compte s'attaquer dans un premier temps qu'au négoce du ciment. Dotée d'un capital de 2MDH, la nouvelle entité est présidée par le très discret Ali Wakrim, associé d'Akhennouch dans Akwa. La prudence est de mise dans le montage du projet lui-même. Ne maîtrisant pas l'activité, Akwa a préféré investir cette nouvelle activité en se faisant épauler par un partenaire comptant déjà une expérience dans le domaine. Il s'agit de l'espagnol Cementos 2001, d'ores et déjà installé aux Iles Canaries. Le choix du partenaire n'est pas fortuit, puisque les premières commandes que lancera Ciment du Souss se feront avec les Iles Canaries. La proximité géographique avec la capitale du Souss et les prix compétitifs auxquels l'archipel propose son ciment font de son importation une bonne affaire. Selon une source proche du dossier, «Ali Wakrim serait en train de sonder le marché avant de rejoindre le trio marocain qui sera opérationnel dès 2010. Le renforcement du pôle immobilier du groupe Akwa le motivera davantage pour investir en amont, soit dans la production». Ce ne serait donc qu'une question d'étape pour un groupe historiquement cantonné dans ses activités de base, l'énergie en l'occurrence. Un facteur lui aussi important dans le coût de revient du ciment.


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