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Financer l'Afrique : Mo Ibrahim prêche-t-il dans le désert ?
Publié dans Challenge le 12 - 06 - 2025

Alors que l'Afrique représente aujourd'hui l'un des réservoirs majeurs de croissance démographique, énergétique et économique de la planète, elle reste dramatiquement sous-financée.
Le rapport 2024 du Ibrahim Forum met en évidence une réalité troublante : le continent attire moins de 3 % des flux financiers mondiaux, alors qu'il abrite près d'un cinquième de la population de la planète.
Longtemps dominé par l'aide au développement, depuis les années 70, le paysage du financement du développement de l'Afrique a fait sa mue. Si les APD sont de moins en moins présentes, d'autres sources de financement ont émergé ces dernières années : l'investissement direct étranger (IDE), les envois de fonds et les emprunts sur les marchés financiers internationaux... Aujourd'hui, nombreux sont les Etats qui optent pour les emprunts extérieurs pour financer leur développement, au grand dam des coûts d'emprunts, trois fois plus élevés que ceux des Etats avancés selon un calcul de l'OCDE. Et ces dernières décennies, Pékin a été le berceau de la nouvelle destination de la politique de la dette africaine. Le montant des prêts qu'elle a accordés à 49 pays africains et institutions régionales entre 2000 et 2022 a dépassé les 170 milliards de dollars. Rappelons d'ailleurs ici que la dette publique en Afrique a atteint le chiffre effrayant de 1 800 milliards de dollars US en 2022. Même si les objectifs sont louables, le développement par la dette extérieure, pour beaucoup d'économistes, place les Etats africains dans une position inconfortable. Ces prêts faramineux accordés aux emprunteurs pour des projets de financement d'infrastructure viennent, dans certains cas, avec des conditions spéciales.
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Depuis des années, le philanthrope Mo Ibrahim, au travers de sa fondation, a fait de cette question du financement de l'Afrique une priorité.
Dans son rapport 2024, la Fondation Mo Ibrahim remet une couche en appelant à une prise de conscience sur le sujet. « Le rapport 2024 du Ibrahim Forum met en évidence une réalité troublante : le continent attire moins de 3 % des flux financiers mondiaux, alors qu'il abrite près d'un cinquième de la population de la planète », explique le rapport. Cette marginalisation financière ne reflète ni le potentiel du continent, ni ses besoins criants en matière d'infrastructures, de santé, d'éducation ou de transition énergétique. Les pays africains sont confrontés à un système de financement international fondamentalement inéquitable : ils paient plus cher pour accéder aux marchés, subissent les arbitrages biaisés des agences de notation.
Dans une tribune publiée dans le Times, le milliardaire appelle l'Afrique à investir en elle-même. « Les richesses naturelles de l'Afrique sont bien connues ; le continent abrite 30 % des réserves mondiales de minéraux. Mais pour exploiter pleinement leur potentiel, les pays africains doivent progresser dans la chaîne de valeur et dépasser le modèle extractif. Cela commence par une gouvernance prioritaire, avec des contrats et des accords de licence plus transparents et de meilleure qualité. Ce ne sont là que quelques-unes des mesures concrètes qui peuvent être prises pour garantir que les richesses naturelles de l'Afrique se traduisent en richesse pour ses citoyens, plutôt que d'accroître les profits des entreprises étrangères. »
Et d'ajouter : « Les investisseurs africains doivent également investir davantage sur notre continent. Nous ne pouvons pas faire appel aux investisseurs internationaux tout en canalisant nos propres capitaux ailleurs. Je le dis par expérience. Transformer Celtel en une entreprise de 3,4 milliards de dollars n'a pas été un hasard. L'Afrique était perçue comme un continent où il était trop risqué de faire des affaires et son immense potentiel a été occulté. Mais j'ai compris que cet écart croissant entre perception et réalité représentait une opportunité – et nous l'avons saisie en créant le réseau de téléphonie mobile à la croissance la plus rapide au monde. J'ai parié sur l'Afrique et j'ai gagné. »
Vers un changement de paradigme
Contacté par Challenge, l'économiste Mohammed Azirar aborde dans le même sens : « Le logiciel afro-africain doit changer sur deux plans :Proposer des projets bancables à des échelles régionales, voire continentales, en assurant des conditions de leur gouvernance. Et surtout mobiliser, dans le cadre de fonds souverains continentaux, les finances nécessaires. L'énorme potentiel en ressources naturelles et stratégiques doit backer ces fonds. Là aussi, un cadre de gouvernance continental est à assurer. Un cas particulier : IMIS a proposé dans ce sens la création, autour de Tanger Med, d'un marché sous forme de plate-forme numérique des matières premières africaines (cf. www.imis.ma). Avantages : groupage, pouvoir fort de négociation, finances suffisantes drainées qui soustraient l'Afrique à la dépendance de la dette extérieure et des marchés spéculatifs. »
Par ailleurs, la Fondation a aussi appelé à la solution de l'épargne publique.
L'analyse établie par la Fondation Mo Ibrahim dresse d'abord un constat sans appel : les dépenses domestiques comme extérieures, et surtout les flux financiers illicites quittant le continent, ne permettent pas d'atteindre les objectifs de développement socio-économique. Or, aujourd'hui, le taux d'épargne nationale moyen de l'Afrique est de 20 %. Comme l'a démontré l'ascension économique des quatre dragons asiatiques (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taïwan), l'épargne publique a un rôle clé dans la croissance économique. Elle permet à un gouvernement de financer la majeure partie de son capital public, ce qui, par effet domino, réduit notamment la dette extérieure.
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Aujourd'hui, cette question en soulève une autre : la dépense publique. La solution de la dette s'est érigée en doctrine de gouvernance. Dans de nombreux pays occidentaux, l'appel public à l'épargne ainsi que la gestion efficiente des dépenses publiques sont des outils de financement pratiques et moins contraignants. Dans cette Afrique encline aux défis constants de développement socio-économique, le financement est aujourd'hui un enjeu de gouvernance. Alors, quel choix : entre financement par l'emprunt et financement par l'épargne publique ?


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