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Développement économique : Les femmes à l'épreuve des mentalités machistes
Publié dans Finances news le 01 - 11 - 2012

Le taux d'activité des femmes en régression, chutant à 25,5 % en 2011 vs 28,3 % en 2004.
Les entreprises féminines ne constituent que 10% de l'ensemble des entreprises créées.
Le point avec Mme Nouzha Skalli, députée à la Chambre des représentants.
- Finances News Hebdo : Dans le dernier rapport mondial sur les écarts entre les hommes et les femmes, le Maroc occupe la 129ème place sur 135 pays étudiés. À votre avis, pourquoi le Maroc n'arrive-t-il pas à réduire les inégalités entre les deux sexes dans des domaines tels que la participation politique et l'égalité économique ?
- Nouzha Skalli : Le rapport du Forum économique mondial évalue 135 pays, sur la répartition égale des ressources et des opportunités entre les hommes et les femmes, notamment dans quatre domaines : l'accès à la participation économique, à l'éducation primaire et secondaire, aux postes de décision et enfin à la santé.
Dans ces quatre domaines, des efforts ont été déployés dans notre pays, mais aussi dans la plupart des pays du monde, pour combler les déficits criants en matière d'égalité hommes-femmes et de participation des femmes. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes partis de très loin! La plupart des réformes ont été engagées il y a seulement une décennie.
Jusqu'en 2002, il y avait moins de 1% de femmes au Parlement et dans les Conseils municipaux. Les femmes au gouvernement étaient l'exception, ce qui confirmait la règle absolue : celle du pouvoir masculin. Aujourd'hui, malgré l'élection, par exemple, de 3.428 femmes conseillères municipales en 2009, moins de 1% des communes est dirigé par les femmes. Alors qu'en 2007 sept femmes avaient été nommées au sein du gouvernement, aujourd'hui malgré l'élection de 67 députées au Parlement, nous voici, hélas, avec une seule femme ministre. Il s'agit là d'une régression inadmissible alors que, de par la nouvelle Constitution, l'Etat est enclin à agir pour la parité.
Le statut juridique des femmes sous l'ancienne Moudawana ne lui permettait pas d'exercer une pleine participation, ni politique, ni économique.
Aujourd'hui, des progrès très importants ont, certes , été accomplis sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, des réformes majeures législatives et politiques couronnées aujourd'hui par la réforme constitutionnelle consacrant l'égalité hommes-femmes et la parité au sein de la société civile. Mais ce serait une grosse erreur que de croire que nous avons franchi le Rubicon. De nombreux obstacles entravent la pleine participation des femmes. Certains milieux entretiennent les résistances au changement en incitant au mariage précoce par exemple, qui a, malheureusement, connu une recrudescence ces dernières années. Le harcèlement sexuel et la violence à l'égard des femmes, malgré les efforts consentis par la société civile et l'Etat, sont entretenus par des offensives d'idéologies rétrogrades contre les droits des femmes. Les mentalités «machistes» et le manque de confiance à l'égard des capacités des femmes sont encore très répandus. Les femmes subissent encore de nombreuses discriminations dans le domaine de l'emploi, des salaires, de l'accès aux ressources, que ce soit pour la propriété de la terre ou pour les ressources financières et le crédit.
- F. N. H. : Les données du rapport indiquent une importante corrélation entre les pays les mieux disposés à réduire les inégalités entre les sexes et ceux qui sont les plus compétitifs sur le plan économique. Peut-on mesurer la contribution de la femme à l'économie marocaine ?
- N. S. : La promotion des droits des femmes et de l'égalité est reconnue comme facteur important du développement. D'ailleurs, c'est un axe auquel j'avais consacré un intérêt majeur, en tant que ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, à travers l'organisation d'une conférence nationale en mai 2010 sur le thème : «l'égalité hommes-femmes : levier du développement économique», pour faire un diagnostic participatif sur l'état des droits économiques des femmes, puis une table ronde en février 2011 sur le même thème.
Outre le fait que les droits économiques, sociaux et culturels constituent les droits humains fondamentaux des femmes (droit à l'éducation, à la santé, à l'emploi, etc..) aujourd'hui garantis par la Constitution, le bénéfice de ces droits est une porte d'entrée
incontournable pour le développement humain. D'ailleurs, l'ensemble des Objectifs du Millénaire pour le Développement des Nations unies est conditionné par la promotion des droits des femmes. La promotion des droits des femmes et la lutte contre les discriminations de genre conditionnent le succès dans la lutte contre la pauvreté, la scolarisation des enfants, filles et garçons, la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, de même que l'atteinte de l'OMD 3 qui cible la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes.
Selon un rapport récent de la Commission européenne à l'emploi, «l'égalité entre les femmes et les hommes s'inscrit dans la solution de sortie de crise et peut aussi contribuer à garantir la croissance, l'emploi et la cohésion sociale à long terme».
Au Maroc, nous disposons d'un document d'analyse très important avec le rapport du budget genre publié annuellement par le ministère de l'Economie et des Finances, qui analyse les politiques publiques de l'ensemble des secteurs gouvernementaux, d'un point de vue de genre et permet d'évaluer la place des femmes dans l'économie. Une contribution majeure, mais qui reste invisible et fortement présente dans l'économie informelle.
Ainsi, au Maroc, le taux d'activité des femmes est très faible, l'un des plus faibles de la région MENA. Le pire est que ce taux est en régression régulière puisqu'il est passé de 28,3% en 2004 à 25,5 % en 2011! On peut imaginer quelle serait la plus-value pour l'économie nationale si on utilisait les potentialités de ces millions de femmes en âge de travailler.
Dans le monde rural, les femmes, par leur savoir-faire et les activités qu'elles entreprennent, dans les ménages et les exploitations, sont des actrices principales du développement du monde rural mais, au demeurant, seulement 4% des terres fertiles sont détenus par des femmes. Les entreprises féminines ne constituent que 10% de l'ensemble des entreprises créées.
- F. N. H. : Afin de réduire les inégalités et surtout d'augmenter la contribution économique de la femme, quelles sont les politiques appropriées prises par le Maroc ?
- N. S. : Les droits des femmes constituent un tout indivisible. On ne peut réellement promouvoir la participation économique des femmes sans lutter de manière transversale contre les discriminations et la violence à leur égard et sans promouvoir l'égalité et l'autonomisation auxquelles elles ont droit.
Il s'agit d'assurer l'égalité pour l'accès à une éducation de qualité et à la formation professionnelle, à l'emploi, mais aussi de combattre la vulnérabilité économique des femmes. Il faut assurer les conditions de l'égalité des droits civils et politiques et en matière d'accès des femmes aux postes de responsabilités et de décisions. Il s'agit aussi d'accompagner ces réformes par la promotion de la culture des droits humains et de l'égalité.
Une grande dynamique a été impulsée ces dernières années au sein de nombreux secteurs gouvernementaux pour promouvoir l'égalité. Citons le ministère de l'Emploi, celui de l'Education nationale, de la Modernisation des secteurs publics, le ministère de l'Intérieur, le ministère de l'Economie et des Finances à travers la budgétisation sensible au genre et, bien sûr, le ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité.
Parmi les importants chantiers entrepris au Maroc en la matière, on peut citer le programme Tamkine, lancé en mai 2008 et destiné à lutter contre les violences de genre par l'autonomisation des femmes et des filles, qui fait converger l'action de 13 secteurs gouvernementaux et l'agenda gouvernemental de l'égalité, un plan d'action sur 5 ans qui favorise la synergie de 25 secteurs gouvernementaux comportant une centaine de mesures pour lutter contre les discriminations de genre et promouvoir l'égalité des sexes. Cet agenda a été adopté en mars 2011 par le précédent gouvernement et repris par l'actuel, sous le nom de Plan d'action gouvernemental pour l'égalité vers la parité. Aujourd'hui, la vigilance est de mise pour maintenir cette dynamique et continuer ces chantiers de réforme.
- F. N. H. : Quels sont les domaines qui nécessitent plus de persévérance de la part de toutes les parties prenantes pour parvenir à l'amélioration du statut économique des femmes ?
- N. S. : Il s'agit de valoriser le rôle économique des femmes et de rendre effectif son impact positif sur l'amélioration de leurs conditions de vie et celles de leurs familles.
Il est indispensable de favoriser l'accès des femmes aux ressources et à leur contrôle, de les placer dans une position économique influente dans les Conseils d'Administration des grandes entreprises et favoriser l'entrepreneuriat féminin, par des mesures prises en partenariat avec les associations actives dans ce domaine. Cela nécessite le développement des infrastructures et des services permettant aux femmes de maintenir l'équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie familiale.
Parmi les 9 domaines prioritaires de l'Agenda Gouvernemental de l'Egalité, le domaine 7 est consacré à la lutte contre les inégalités, se rapportant au genre dans le marché de l'emploi. Parmi les mesures qu'il comporte, on peut citer :
la mise en application des droits égaux des femmes dans le monde du travail, et ce par la réduction des écarts des salaires, le respect de la parité parmi les nouvelles recrues et dans l'évolution des carrières;
l'intégration de l'égalité de genre dans les normes de conformité sociale et la sensibilisation des entreprises au respect de l'égalité de genre;
l'adoption et la mise en œuvre de mesures économiques et sociales permettant la protection et le soutien des femmes dans les secteurs économiques;
la mise en place de mesures rendant formelles des unités de production, notamment pour ce qui concerne les femmes.
Plus globalement, il est indispensable de mettre en œuvre, sans réserves, le contenu très avancé de la nouvelle Constitution, et notamment celui de l'article 19 à travers des politiques publiques transversales en vue de la mise en place de l'égalité, et l'adoption urgente de la loi organique relative à la création de l'APALD (Autorité pour la Parité et la Lutte contre la Discrimination). Mais, au-delà de ces plans d'actions et mesures, il est indispensable que le gouvernement, les partis politiques, les syndicats, la société civile et l'ensemble des intervenants prennent pleinement conscience du fait que le progrès pour les femmes, c'est le progrès pour tous et que notre pays ne peut réussir son grand projet de développement, sans la promotion des droits des femmes et de l'égalité.
SM Mohammed VI n'a cessé de promouvoir cette idée depuis son accession au Trône, il s'agit aujourd'hui de la mettre en œuvre.


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