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Entretien : L'art, un véhicule d'investissement alternatif, surtout en cas de crise
Publié dans Finances news le 10 - 01 - 2013

Badr Fadli, professeur universitaire en finance internationale et marché financier et gérant de la galerie «Amber Gallery», brosse l'évolution du marché de l'art au Maroc. Pour dynamiser l'investissement dans l'art, Fadli travaille sur la possibilité d'impliquer les banques privées afin de pouvoir mettre en place des paramètres économiques de mesures quantitatives validant les normes de mesures artistiques.
Finances News Hebdo : Depuis quelques années, le marché de l'art a connu un dynamisme remarquable au Maroc. Comment voyez-vous cette évolution ?
Badr Fadli : Evolution mais pas de révolution. Au cours des 10 dernières années, la croissance rapide du marché de l'art et de son infrastructure avec les galeries, les magazines, les salles de ventes aux enchères et les fondations d'art alimentent un intérêt croissant pour l'art comme une classe d'actifs. Ceci signifie que nous pouvons maintenant commencer à parler avec excitation des débuts d'un Art et de l'industrie des finances. Néanmoins, le marché s'est développé grâce à la peinture orientaliste et à une élite de peintres marocains (Gharbaoui, Cherkaoui, Chaibia...), et non pas sur la créativité artistique contemporaine. Le marché de l'art manque d'intérêt organisationnel des institutions.
Les collections d'art ont longtemps été considérées comme un domaine exclusif d'un petit cadre de passionnés de l'élite du pays, excluant la classe moyenne. C'est pour cela que le marché n'évoluera pas au-delà de sa forme actuelle, malgré son potentiel de croissance. Je pense que l'ajustement automatique se fera seulement si le marché parvient à se diriger vers un système fondé sur le marché de l'offre et la demande, car l'innovation artistique et esthétique de la concurrence semble toujours être le moteur de la dynamique du marché.
Les transactions d'art au Maroc sont limitées uniquement à l'art marocain et non pas à l'art international, ce qui veut dire qu'on est sur un marché régional. L'essor du marché de l'art au Maroc dépendra du développement de la scène culturelle.
F. N. H. : Vous avez ouvert, depuis 2 ans, la galerie «Ambre Galerie» à Mohammedia. Avec une formation financière, pourquoi avez-vous choisi de vous lancer dans ce projet ?
B. F. : Après avoir côtoyé le monde de l'art en tant qu'analyste financier certifié (CFA) aux U.S., l'art s'avère beaucoup plus tangible que les valeurs boursières. Je vois l'art comme un véhicule d'investissement alternatif, bien que des banques privées et gestionnaires de patrimoine soient réticents à investir dans quelque chose d'aussi ésotérique que l'art. Mais il faut mentionner qu'en temps de crise, les faibles taux d'intérêt conduisent les investisseurs qui préfèrent un plan d'investissement de préservation de capital avec un risque minimum, vers la recherche de classes d'investissement alternatif, qui sont réputées avoir une corrélation faible ou négative avec les principaux types d'investissements financiers. Notre intention est de surveiller et de faire prendre conscience que l'art est une classe d'actifs et conseiller les collectionneurs à réagir à la reconnaissance de l'art comme une catégorie de placement. Dans cet esprit, je travaille, avec un autre adhérent à l'idée, Mounir El Morchidi, banquier et chercheur universitaire, sur la possibilité d'impliquer les banques privées et de pouvoir mettre en place des paramètres économiques de mesures quantitatives validant les normes de mesures artistiques. Bien sûr, les paramètres quantitatifs doivent seconder les aspects qualitatifs en examinant la carrière d'un artiste qui est liée à la qualité de son travail, son intelligence sociale, la façon par laquelle il est arrivé à entrer dans le système de l'art...
La raison de quantifier est d'améliorer la transparence de ce marché par la recherche financière et économique, ainsi qu'un marché de l'art plus équilibré en choix par le résultat de ces investissements.
F. N. H. : Les Galeries d'art sont-elles, aujourd'hui, un marché porteur ?
B. F. : Le marché de l'art serait plus attrayant si on arrivait à augmenter la capacité financière de la classe moyenne, tel qu'il est le cas en Europe, Asie ou au Sud des Amériques (Brésil, Argentine, Chile...). Cela veut dire que la classe moyenne puisse s'offrir une nouvelle richesse avec un budget artistique et un conseil solide en matière d'acquisition d'art abordable diversifié (peintures, sculptures, lithographie), pas nécessairement pour accrocher, mais tout simplement à collectionner. Il faut créer un changement de paradigme pour se trouver dans un marché porteur à long terme. L'art devrait devenir un objet de désir.
Le marché n'est pas très porteur à court terme au regard de l'état des lieux. Les galeries ferment par ici et par là. A Rabat, par exemple, il y a de moins en moins d'expositions. Seul Casablanca et Marrakech manifestent un intérêt palpable qui attire une population plus riche et plus sophistiquée.
En ce qui concerne Amber Gallery, ainsi que d'autres galeries, nous capitalisons sur le fait de donner une première véritable expérience à nos visiteurs, tout en ciblant les collectionneurs et les amateurs de la classe moyenne. Nous essayons de démystifier l'idée que l'art est juste pour une certaine catégorie de personne; vous n'avez pas besoin d'être millionnaire pour être un collectionneur.
En ce qui nous concerne, nous avons opté pour une politique sélective par segment du marché. Nous pouvons offrir à notre clientèle un Claude Monet (certifié par une experte américaine assermentée auprès du FBI) s'il elle le désire, un Alexei Butirsky, Adolph Chreyer ou Chaibia, mais aussi des jeunes comme Karim El Afia ou Bouchra Elazahar, pour diversifier notre portefeuille client.
Sur un autre volet de la promotion de l'art, Amber Gallery, en partenariat avec Said Jamil, fondateur du groupe scolaire Vivaldi-Galilée, a lancé une opération de sensibilisation des élèves de la ville de Mohammedia pour capitaliser sur le long terme, en initiant les générations futures à avoir une vision solide qui pourra bénéficier au marché de l'art au Maroc dans l'avenir. Ce projet comprendra aussi bien les institutions privées que publiques.
F. N. H. : De plus en plus de Marocains sont séduits par l'investissement dans le domaine artistique. Selon vous, à quoi est dû cet engouement pour les placements financiers en œuvres d'art ? Peut-on dire que l'art est une valeur refuge ?
B. F. : Peter Wilson, le président visionnaire de la maison de vente aux enchères Sotheby, a repéré les acheteurs potentiels d'art. La question était de savoir comment gagner plus de ce groupe de personnes, qui avaient les moyens financiers d'acquérir de l'art, mais pas de plus-value pour cela ? Sa réponse fut simple : l'art se positionne à la fois comme un symbole de statut social et un investissement rentable. En 1967, Wilson a conçu l'indice du Times-Sotheby, qui est oublié aujourd'hui; c'était une première tentative de tracer le coût des beaux-arts, tout comme n'importe quelle autre marchandise. Avec cet indice, la hausse des prix de l'art est devenue visible et sa rentabilité future plausible. Autrefois un passe-temps de quelques collectionneurs, et donc un coût non prohibitif, l'art est devenu un symbole de statut social et un investissement spéculatif promettant des gains à la fois en termes de distinction sociale et le profit monétaire.
Le marché de l'art se développe et l'idée de l'art comme un investissement attire les consommateurs (collectionneurs) et donc les producteurs (artistes). L'art est considéré comme réussi quand il devient coûteux. Le prix devient donc un signal de qualité contournant ainsi l'œuvre d'art elle-même.
«Art & Finance» est un nouveau secteur d'activité, les fonds d'art placent des sommes plus importantes de façon conservatrice. Je pense en terme de stratégie d'allocation d'actif : l'art est attractif d'un point de vue investissement financier sur le long terme, car il s'agit d'une préservation de valeur qui génère un véritable rendement positif, en plus d'être actif réel. L'art a aussi une faible corrélation avec les actions et les obligations et offre des possibilités de diversification, et donc un nouveau véhicule d'investissement. Surtout dans un pays comme le Maroc où le marché boursier ne verrait jamais un mardi noir et donc pas de possibilité pour un spéculateur de se faire un profit énorme comme le scenario «buy low and sell high».
Le marché de l'art offre des taux de retour bien plus intéressants que les dépôts à terme par exemple, en jugeant par les prix des salles de ventes. Mais, on doit prendre en considération le ratio Beta de volatilité du marché due aux différentes tendances artistiques qui sont appréciées par les collectionneurs (comme ce fut un temps pour les orientalistes) et qui varient constamment, et la non structuration du marché. Pour contrarier cette volatilité, plusieurs stratégies peuvent être mises en place afin de diversifier le portefeuille artistique et en prenant en considération les besoins d'investissement dans l'art.
F. N. H. : Le cadre juridique constitue un handicap majeur dans la mise à niveau du secteur, d'après les professionnels. Ceci ne freine-t-il pas les investisseurs potentiels ?
B. F. : Le freinage, et par conséquent le ralentissement qui est dans sa définition une diminution de la vélocité, est bien visible. Ce handicap constitue une défaillance majeure dans les rendements de l'art et peuvent faire du marché de l'art un fonds de placement nettement faible. Cela est essentiellement dû aux nombres de faux en circulation, au manque d'experts convergents sur une opinion cohérente.
Toutes les parties devraient participer à l'amélioration de l'ordre, de la réglementation et de la législation du marché de l'art qui sont les impératifs à traiter en premier si le Maroc veut faire valoir son statut de marché de l'art à l'échelle internationale.
En outre, nous sommes en retard en terme de la législation du marché de l'art. Comme nous le savons tous, un marché de l'art a besoin de maturité, du contrôle de certaines lois, car les lois peuvent protéger les intérêts de toutes les parties. Mais, cela doit se faire à travers des institutions auto-régulatrices ayant la force de loi...
F. N. H. : D'après vous, quelles sont les mesures à mettre en place pour faire face aux différentes contraintes du secteur ?
B. F. : Nous avons besoin de bonnes politiques culturelles et du soutien professionnel. Par exemple, il doit y avoir un soutien financier. Bien sûr, nous comprenons la valeur de l'art, mais nous devons trouver des moyens raisonnables et professionnels de travailler ensemble. Nous devons établir des règles pour le marché de l'art de notre pays axées sur quatre aspects : mettre en place des normes de qualification industrielle pour les évaluateurs d'art, réglementer les procédures d'évaluation d'art et la diffusion des informations pertinentes, réglementer les procédures des ventes et enfin appliquer des méthodes technologiques dans l'évaluation des pièces.
Propos recueillis par Lamiae Boumahrou


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