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Conjoncture : La croissance inclusive en débat
Publié dans Finances news le 05 - 02 - 2015

Le Maroc est confronté à la problématique d'un pays à deux vitesses et à des inégalités sociales, de genre et spatiales encore patentes en dépit des avancées enregistrées ces 20 dernières années. Chercheurs et décideurs politiques sont unanimes: il faut imaginer un modèle de développement multidimensionnel qui profite à tous. Eclairage.
‘‘Ces dernières décennies ont été marquées, partout dans le monde, par la réalisation d'une croissance économique qui s'est accompagnée d'une accentuation des inégalités de toutes sortes. (...) Ces inégalités se sont malheureusement exacerbées ces dernières années, sous les effets prolongés de la crise économique au point de remettre complètement en cause les modèles de développement dominants». D'emblée, Mohamed Boussaïd, ministre des Finances, plante le décor, lors du colloque sur la croissance inclusive organisé par la Direction des études et prévisions financières (DEPF), l'institution Brookings et l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) : la croissance économique, telle que communément admise en tant que création quantitative de richesse ne doit plus être considérée comme une fin en soi. Décideurs politiques, intellectuels, académiciens doivent accorder une attention particulière à la qualité de cette croissance, sa durabilité et sa capacité à profiter à de larges couches de la population, notamment les plus vulnérables.
Pour l'ensemble des intervenants à ce colloque, la croissance inclusive s'est imposée lors des dernières années comme une thématique brûlante à l'ensemble des pays, quel que soit leur niveau de développement. Loin d'être un concept à la mode, ou un simple verbiage pour se donner bonne conscience, la notion de croissance inclusive revêt un caractère beaucoup plus fondamental qu'il n'y paraît. En effet, comme le souligne l'ambassadeur du Japon au Maroc, Tsuneo Kurokawa, «les notions d'équité sociale, d'éducation, de santé, etc... sont les bases fondamentales de toute prospérité économique». La croissance inclusive apparaît dès lors comme «la clé de la stabilité dans la région MENA. Sans stabilité, pas de croissance. Et sans croissance pas de stabilité», affirme-t-il très justement.
Le développement multidimensionnel
Le Maroc, en dépit des avancées réalisées depuis le début des années 2000 en termes d'acquis socioéconomiques, est «toujours confronté aux limites factuelles de ses capacités inclusives», selon le ministre des Finances. Un constat que le Souverain avait mis en exergue lors du discours royal du 30 juillet 2014 en soulignant que « si le Maroc a connu des avancées tangibles, la réalité confirme que cette richesse ne profite pas à tous les citoyens». Il convient désormais de «penser un nouveau modèle de développement multidimensionnel, plus soucieux d'égalité et d'équité et de respect de la dignité. Il faut mettre l'accent sur la qualité de la croissance et ses effets sur les citoyens», explique Mohamed Chafiki, directeur de la DEPF et architecte de ce colloque scientifique de haut niveau.
Pour expliciter la relation non linéaire entre croissance économique et ses effets sur les populations, Hafez Ghanam, chercheur au Brookings center, utilise l'indice du taux d'insatisfaction qui est resté relativement important durant les années 2000 dans les pays arabes, et au Maroc en particulier, malgré les taux de croissance enregistrés durant cette période. «Les gens se sentent exclus de cette croissance», explique-t-il. Dans ce contexte, il estime que pour améliorer l'inclusion il faut agir sur quatre composantes essentielles : le développement d'une classe moyenne, la création d'opportunités pour les jeunes, le règlement du problème de la parité hommes/femmes, et le développement rural et régional. La classe moyenne est certes en croissance, mais 80% de cette classe moyenne est plus proche de la pauvreté (entre 2 et 5 dollars consommés par jour). Les économistes la nomment «lower middle class». Quant aux jeunes, seuls 20% d'entre eux travaillent dans le secteur formel qu'il soit public ou privé, d'où une grande précarité. Les femmes ne sont pas mieux loties : le taux de participation des femmes au monde du travail est le plus faible au monde dans la région MENA. Le taux de pauvreté dans le monde rural est de l'ordre de 14,4%. Il est trois fois supérieur à celui du monde urbain.
Hafez Ghanem recommande de mettre en place un programme de croissance inclusive qui vise à développer le secteur privé formel pour donner plus d'opportunités aux jeunes et aux classes moyennes. Il préconise également une réforme de l'éducation, un programme de soutien à l'emploi des femmes ainsi qu'un programme de développement rural et régional.
Droits fondamentaux
L'accès aux opportunités économiques constitue l'une des problématiques majeures du modèle de croissance actuel. En effet, selon M. Chafiki, «les opportunités économiques générées par la croissance ont été dans certains pays essentiellement saisies par des grandes entreprises sans un essor significatif des petites structures du secteur privé et sans un accroissement considérable de leur savoir-faire. Cela se traduit concrètement par des difficultés d'accès au capital productif, à savoir le foncier, le capital, l'investissement, etc...».
Et cela appelle, toujours selon M. Chafiki, à un repositionnement méthodologique et conceptuel qui consiste à repositionner l'égalité des chances et les droits fondamentaux au coeur de toute stratégie de modèle de développement et des politiques publiques. L'emploi décent est certes la première nécessité mais cela n'est pas suffisant. Il faut intégrer la dimension et le référentiel des droits fondamentaux dans toute action publique afin de mettre l'accent sur la qualité de la croissance et ses effets sur les citoyens. «Le respect des droits fondamentaux de la personne est le socle sur lequel nous pouvons fonder une nouvelle ambition pour un développement humain soutenable continuellement irrigué par la participation et la créativité de tous dans l'équité et la solidarité», conclut-il.
Les esprits les plus sceptiques pourraient craindre, face à de si beaux discours, que cette réflexion sur la croissance inclusive demeure au stade de la déclaration d'intention. Mais comme cela a été dit plus haut, les enjeux de la croissance inclusive sont trop importants pour la prospérité du Maroc de demain pour que cela soit le cas. Ce colloque a eu au moins le mérite de lancer la réflexion et de nourrir le débat sur la croissance inclusive, qui, à coup sûr, sera au coeur de la stratégie de développement du gouvernement pour les prochaines années.


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