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Entretien avec Driss Benali, universitaire : «Le Budget manque de réalisme et est plein de contradictions»
Publié dans Finances news le 22 - 11 - 2007

* Les hypothèses de la Loi de Finances sont difficilement tenables.
* Une croissance «utopique» de 6,8% n’est réalisable qu’avec une excellente année agricole et un bon comportement de l’économie mondiale.
Finances News Hebdo : À votre avis, le projet de Loi de Finances, est-il réaliste et surtout réalisable ?
Driss Benali : En effet, les hypothèses sur lesquelles se base le projet de Loi de finances sont loin d’être réalistes. Encore moins d’être réalisables puisqu’elles se basent sur l’hypothèse d’un baril de pétrole à 75 dollars, alors qu’il frôle les 100 dollars. Ils se basent aussi sur une année moyenne de récolte. Apparemment, il est encore très difficile de pouvoir se prononcer. Mais une année moyenne suppose qu’on soit actuellement à 59 ml. Actuellement, on est encore à 37 ml. Les barrages ne sont remplis qu’à hauteur de 43%. Cette hypothèse pour l’instant est une hypothèse et c’est tout. L’autre hypothèse consiste à supposer un ordre de croissance mondiale de l’ordre de 4,7%, alors que là c’est le taux de croissance européen qu’il faudrait prendre en considération qui est notre partenaire et pas «le monde». A côté de cela, il y a un certain nombre de fondamentaux qui s’imposent, c’est-à-dire une inflation de l’ordre de 2%, le déficit budgétaire de 3%, et tout ça avec des réductions fiscales d’un côté, des augmentations de l’autre. Bref, je crois que c’est un Budget qui manque de réalisme et qu’il y a plein de contradictions. En ce sens qu’il veut ménager le chou et la chèvre. Le projet table sur une croissance «utopique» de 6,8%, or ce pourcentage n’est réalisable qu’avec une excellente année agricole et un bon comportement de l’économie mondiale. Pour l’instant, je ne vois pas cela.
F. N. H. : La baisse des taux de l’IS et de la TVA ne serait-elle pas de nature à affecter les recettes étatiques et donc influer négativement sur les engagements déjà pris par le gouvernement ?
D. B. : Cela est un fait. Je crois que le gouvernement table sur une chose : réduire la fiscalité pour accroître la compétitivité des entreprises et amener aussi d’autres entreprises, une bonne partie, à la légalité ; la baisse des impôts facilite cette intégration. Au moment où l’on subit de plein fouet les augmentations des prix du pétrole, le gouvernement veut faire un geste envers le tissu industriel et commercial.
Par ailleurs, la balance commerciale du Maroc ne fait que des dégringolades, cela veut dire que nous sommes en train de perdre des marchés à l’extérieur et donc notre compétitivité diminue. Ce geste est tout à fait raisonnable. Mais de l’autre côté, le consommateur sera relativement sacrifié puisque c’est lui qui va subir l’augmentation de la TVA.
L’Etat mise sur une augmentation des recettes fiscales de 17%.
Mais le grand problème reste toujours au niveau de l’assiette fiscale au moment où l’importance de la fraude fiscale et de l’informel devient de plus en grande. Seulement 1/3 des entreprises paient l’impôt.
F. N. H. : C’est donc aussi une hypothèse difficilement tenable ?
D. B. : Assurément. Il reste à savoir si les entreprises vont enfin intégrer le domaine fiscal ? Est-ce qu’elles vont saisir ce message ? De son côté, est-ce que le gouvernement peut prendre des mesures d’envergure pour obliger les récalcitrants au paiement de l’impôt et les soumettre à la loi. Les soumettre à la loi suppose des moyens très développés pour l’Administration fiscale et une volonté politique très forte. Car ce sont des lobbies qui existent partout et qui siègent même au Parlement. Ils sont là pour défendre un certain nombre d’intérêts et quand on trouve des entreprises déficitaires pendant des années et qui sont toujours sur le marché, c’est inexplicable en terme de fiscalité.
F. N. H. : Au niveau de la politique sectorielle, certains secteurs ont été marginalisés alors qu’ils sont vitaux pour l’économie nationale. Partagez-vous cet avis ?
D. B. : L’agriculture est un secteur stratégique. Il faut bien le dire. L’Etat part de l’hypothèse depuis quelques années que l’agriculture est un secteur en perte de vitesse et qu’il faut réduire sa place dans l’économie en tant que facteur déterminant. Apparemment, l’agriculture et le textile sont en train de perdre de leur compétitivité. A cause de la concurrence asiatique et des conditions climatiques défavorables.
F. N. H. : Mais ce ne sont pas des raisons pour délaisser des secteurs qui emploient une bonne partie de la population active…
D. B. : C’est juste. Seulement l’Etat fait l’arbitrage suivant : jouer sur l’Offshiring et le plan Emergence c’est créer beaucoup d’emplois pour les jeunes citadins qui font beaucoup de bruit. Par ailleurs, l’Etat se dit que le Budget doit plutôt alimenter les secteurs émergents plutôt que ceux en perte de vitesse.
F. N. H. : Donc, c’est condamner le monde rural… à l’exode ou à chercher d’autres alternatives, d’après ce raisonnement ?
D. B. : Chercher d’autres alternatives, c’est possible. Mais du moment que le Maroc a fait le choix de la mondialisation, je crois qu’une partie de son agriculture devait être sacrifiée. Parce que le Maroc n’a pas d’avantages comparatifs dans ce domaine. Ce qui permet à l’économie de tenir ce sont les recettes du tourisme, des PME et celles provenant de l’Offshoring et des activités de l’exportation.
F. N. H. : Sur un autre registre, l’esprit de la Loi de Finances, s’inscrit-il en continuité ou en rupture par rapport aux précédentes ?
D. B. : Depuis les années 90, il y a deux principes essentiels qui guident le Budget marocain : le premier est le respect stricto sensu des équilibres macro-économiques. Ça a commencé depuis que Mohamed .Berrada et Abdellatif Jouahri étaient ministres des Finances. Le deuxième principe est le souci social.
Après les constats sur la fracture sociale, le taux de pauvreté qui galope, l’enclavement du monde rural, le côté social est devenu net dans les Lois de Finances.
Par conséquent, cette Loi de Finances est en continuité avec les précédentes. Au sein d’un climat mondial aussi défavorable, la marge de manœuvre est réduite.
F. N. H. : Est-ce que vous pensez que la Caisse de compensation doit changer de vocation ?
D. B. : Au niveau économique, la Caisse de compensation est un fiasco. Mais sur le plan social, la compensation est importante. Les Marocains sont très sensibles à l’augmentation des prix des produits de base. On se rappelle que toutes les émeutes qu’a connues le Maroc en 1981 à Casablanca, 1984 dans le nord et 1990 à Fès, ont été des émeutes de la faim. L’Etat est très attentif à ce niveau. Nous avons une très forte fracture sociale ; faire jouer la liberté des prix est trop risqué. 45% des Marocains sont une population vulnérable.


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