Selon les estimations d'ONU SIDA, 24 000 est le nombre de personnes atteintes du VIH au Maroc. Parmi elles, 11 300 personnes sont conscientes de leurs maladies et vivent avec, tandis que 49% l'ignorent. L'Association de Lutte Contre Le Sida (ALCS) a relevé un challenge de taille, à savoir sensibiliser les marocains à cette maladie, les encourager à se faire dépister et prendre en charge les personnes atteintes et les accompagner dans le long processus de prise en charge. L'association a également fait de la proximité une pièce maîtresse dans sa démarche. Elle dispose d'ailleurs de 28 centres de dépistage anonyme et gratuit. A l'occasion de la journée mondiale du SIDA, célébrée le 1er décembre de chaque année, dr Fatiha Rhoufrani, présidente de l'ALCS section de Rabat a accepté de répondre à nos questions. Les marocains prennent-ils l'initiative de faire un test de dépistage plus facilement qu'avant? De nos jours, les gens sont beaucoup plus ouverts au test anti-sida. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il n'y a pas que les professionnels du sexe qui se rendent à nos locaux. Depuis quelques années, toutes les catégories sociales viennent se faire dépister. Auparavant, les gens refusaient même l'idée de faire un test, et ce, pour des raisons sociales, sociétales ou cultuelles. On a souvent tendance à penser que seuls les professionnels du sexe courent le risque d'attraper le VIH, que disent vos statistiques à ce propos ? Plus de 70% de femmes atteintes du VIH l'ont contracté dans le cadre du mariage et 100 enfants par an naissent avec le VIH. C'est une épidémie qui ne peut pas être limitée à une tranche sociale, bien au contraire. Elle est capable de se répandre facilement dans notre communauté, d'où la nécessité de se protéger et en cas de doute, il vaut mieux faire un dépistage pour éviter de contaminer d'autres personnes. Après plusieurs années de combat et de lutte contre le SIDA, quelles sont les avancées enregistrées par le Royaume au niveau du dépistage et du traitement ? Il faut souligner que le taux d'infection et le nombre de décès ont baissé par rapport aux années précédentes. La couverture du traitement, quant à elle a augmenté de 42%. Le ministère de la santé a également mis en place des services de prise en charge dans plusieurs villes du royaume. Aujourd'hui on est plutôt dans une stratégie « dépister traiter », c'est-à-dire que toute personne dépistée est traitée. Les médicaments sont mis à disposition des malades. Là encore, on est passé de 20 comprimés par jour à un seul comprimé.