Un sit-in a été organisé, ce vendredi 8 novembre, devant la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), par les familles des détenus du Hirak du Rif, soutenues par l'Alliance démocratique pour la libération des détenus politiques et la fin de l'embargo sur le Rif. Photo Mounir Mehimdate Les manifestants dénonçaient « la torture subie par les détenus du Hirak du Rif et les prisonniers politiques à la prison de Ras El Ma de Fès, placés dans des cachots et privés des visites familiales et des appels téléphoniques pour une période de 45 jours, depuis la fuite de l'audio de Nasser Zefzafi ». Une sanction qui a été justifié par la DGAPR comme étant une décision « prises à l'encontre d'un groupe de détenus qui se sont rebellés et ont refusé de se soumettre aux ordres ». Pour Aziz Ghali, président de l'AMDH, et coordinateur de l'Alliance « le sit-in intervient en réponse aux dernières décisions prises par la DGAPR surtout celle de mettre les prisonniers du Hirak du Rif dans des cachots. Donc c'était un appel des familles auxquelles se sont joints pas mal de démocrates et associations. Le plus important c'est la présence massive des familles des détenus politiques. Elles étaient toutes là. La revendication principale, est la libération des détenus politiques. La deuxième est d'améliorer la situation dans les prisons, la situation dans laquelle se trouvent les prisonniers politiques et surtout l'annulation de ces dernières sanctions qui vont à l'encontre de plusieurs pactes qu'a signés le Maroc, notamment ce qu'on appelle les standards minimums de Nelson Mandela ». Photo : Mounir Mehimdate L'un des standards minimums de Nelson Mandela stipule qu' «on ne peut pas mettre un prisonnier dans le cachot pendant 45 jours, c'est abusif », s'indigne le militant au micro de Hespress Fr. Et d'ajouter : « Selon les recommandations minimales de gestion des prisons, la sanction au cachot ne doit pas dépasser 15 jours. La décision de mettre un prisonnier dans le cachot pendant plus de 15 jours est tout simplement une torture ». Ainsi, notre interlocuteur nous fait savoir que malgré la réaction rapide de l'Alliance, les détenus du Hirak sont toujours au cachot et interdits de communication avec leurs familles. La seule communication qui a été faite c'est avec les avocats, puisque ces derniers ont le droit de leur rendre visite. Interrogé sur le « feed-back » des avocats des détenus du Hirak après la visite, Aziz Rhali nous apprend que l'avocat de Nasser Zefzafi a rapporté que ce dernier a entamé une grève de faim. « Il dit aussi avoir remarqué des bleus et des signes de violence sur son corps, et un autre détenu du Hirak, Nabil Ahamjik, a également entamé une grève de la faim. En gros, +la situation est dramatique+ », se désole notre interlocuteur. Photo : Mounir Mehimdate Selon le président de l'AMDH, « il n'y a aucune procédure dans le monde qui dit, que les responsables au sein de la prison peuvent mettre un prisonnier au cachot pendant 45 jours. Alors que les recommandations de Nelson Mandela disent que la sanction du cachot est une sanction extrême. Deuxièmement, les recommandations soulignent pareillement qu'une enquête doit-être ouverte et que les prisonniers ont le droit d'être entendus pour donner leur version des faits». Selon Ghali, les explications avancées par la DGAPR concernant cette sanction ne sont là que « pour justifier leur décision, mais la cause principale est la fuite de l'audio de Nasser Zefzafi où il affirme avoir été violenté et violé lors de son arrestation à Al Hoceima ». « Malheureusement le dossier du Rif se complique de plus en plus. C'est-à-dire que l'Etat au lieu de trouver une solution, complique encore plus ce dossier. Parce que si on croit la DGAPR, ils ont dit à Fès il a eu rébellion des détenus du Hirak la raison pour laquelle ils sont intervenus, mais pourquoi ils ont déplacé le prisonnier Dahchour et un autre prisonnier dans d'autres prisons ? Un a été transféré à Guerssif et l'autre à Taza» révèle-t-il. In fine, le président de l'AMDH nous fait savoir que son association adressera à partir de la semaine prochaine une lettre ouverte au chef du gouvernement, Saad Dine El Otmani, parce qu'ils sont arrivés à une impasse avec le délégué de la DGAPR. Photo : Mounir Mehimdate « On ne peut plus communiquer avec le délégué général. Parce que nous sortons un communiqué par là, et lui il le dément par là. En plus de ça, le gouvernement doit assumer ses responsabilités. Parce que ce délégué a un supérieur, et son supérieur c'est le chef du gouvernement. Et le plus grave dans la situation, est que quand ils ont posé la question au porte-parole du gouvernement sur cette affaire, il a répondu qu'il n'avait pas de données. Si le gouvernement n'a pas de données dans une situation pareille, qui dispose alors des données ? » se demande-t-il. Il n'a pas manqué également de pointer du doigt les partis politiques, qui selon lui, n'ont pas joué leur rôle dans cette affaire. « Les partis ne veulent rien faire. Avec les élections qui sont à la porte, ils laissent un technocrate dire ce que bon lui semble, alors que la responsabilité politique dans une telle affaire est claire », martèle-t-il. Pour conclure, Aziz Ghali estime que pour mettre fin à ces bouleversements quotidiens dans l'affaire des détenus du Hirak du Rif une fois pour toutes, « il faut rassembler les détenus politiques dans une prison proche de leurs familles, améliorer leurs conditions de détention et les laisser purger leur peine en paix ».