La crise sanitaire et économique que nous vivons actuellement au Maroc ainsi que tous les défis que nous aurons à surmonter collectivement ne poussent pas à se comparer à aucune autre situation survenue depuis plus d'un siècle dans le Royaume. Touchant l'ensemble des sphères, politiques et autres de notre société, nous devons tous faire preuve de précaution, de résilience, de flexibilité et de courage pour nous adapter à une situation des plus périlleuses et trouver les meilleures solutions possibles et imaginables pour nous en sortir. C'est qu'il s'agit d'une nouvelle réalité causée par une crise sanitaire majeure, engendrant une situation économique et politique autant difficile que fatale. Dans ce contexte, le besoin de réponses et de soutien de ceux qui nous dirigent et ceux qui les contredisent, la sphère politique marocaine dans toutes ses splendeurs et composantes (majorité et opposition) doit être à la hauteur des événements que subissent de plein fouet, malgré eux, nombre de citoyens marocains qu'ils soient jeunes, retraités, chômeurs, travailleurs, entrepreneurs, politiciens ou autres. En tant que Marocains et précisément face à la conjoncture actuelle, nous ne pouvons aucunement être fiers de telles modalités d'intégration sociétale pour n'avoir pas eu cette volonté et cette capacité de nous serrer les coudes pour faire face à l'adversité de l'infiniment petit, en plus de pouvoir compter sur nos élus peu responsables et pas du tout, unis devant cette crise. Nos partis politiques sont blâmables autant que l'exécutif, en cela où ils n'ont rien vu venir et qu'ils ont subi une situation donnée sans réagir du moins pour les politiciens. Tous coupables donc ! Neuf mois après le début de la pandémie du coronavirus (Covid-19) qui ravage le monde et le Royaume quelle a été la valeur ajoutée de la part de ceux, que le citoyen marocain a élu, qu'ils soient apparatchiks, in ou out dans l'appareil de l'exécution ? Nulle, et heureusement pour notre salut serions-nous tentés de dire qu'elle est une volonté royale recadrant quelques égarés en leur dictant des directives. A l'heure actuelle, nos partis politiques l'ont mise en veilleuse trop préoccupés en cela à leur petit jeu favori, celui des alliances et des pronostics avec comme horizon les législatives 2021 et comme ambition un petit portefeuille au chaud quelque part, une récompense d'un militantisme déjà dépassé par la transformation digitale à laquelle, ils n'arrivent même pas à s'adapter et qui s'impose et s'imposera avec ou sans post-Covid-19. La politique du futur y est, et ne pas y puiser quand on a du potentiel de vote dans les tranches d'âges de 24 à 54 ans (42,41%) ou même dans la tranche de 14 à 24 ans (16,83%) sera criminel voire fatal. Mais insulter l'avenir nos partis en savent des choses. Bref, nos institutions politiques trop concernés par d'autres intérêts n'ont plus les moyens de préparer une éventuelle sortie de la tempête qui fait rage. Manque de moyens et d'outils adaptés à un retour à la normale et bien loin d'une époque de naguère déjà dépassée, virus nouveau oblige. Désormais il faudra s'adapter ou périr. Notre monde politique en est-il capable ? A ce propos, Hespress.fr a joint le professeur universitaire de sciences politiques à la faculté de droit Agdal-Rabat, Abdelhamid Benkhattab, qui de sa bienveillance légendaire a bien voulu nous éclairer quant à cet égard. « Nos partis politiques ont comme partout ailleurs été dépassés par les évènements. Pris au dépourvu, et en plus de leur faiblesse congénitale, nos partis politiques n'ont pas été capables d'apporter des réponses claires et précises à la situation que nous traversons actuellement et qui va en empirant et dont ils n'ont jamais pu maîtriser ni les tenants ni les aboutissants ». Et Abdelhamid Benkhattab de poursuivre et de toucher un point crucial , « nos partis subissaient déjà une crise de mutation puis est venue la crise sanitaire du coronavirus qui a accentué leurs petites misères sachant en cela et il faut le préciser que les partis politiques au Maroc peinent à opérer vers une transition numérique et c'est là où le bât blesse ». Et de développer « La crise sanitaire du coronavirus a mis à nu leur léthargie naturelle dans laquelle ils baignent voilà plus de deux décennies et au regard d'un certain nombre de facteurs déterminants lors de cette période sombre de notre histoire, on s'aperçoit que nos partis n'ont jamais pu s'adapter à cette situation donnée ». A la question de savoir pourquoi nos partis en pleine pandémie délaissent cette dernière pour s'intéresser aux prochaines élections, Abdelhamid Benkhattab répond « Ils s'y intéressent parce que cela fait partie de leurs caractéristiques essentielles, tout parti est avant tout une machine à élection idéologiquement. Comme partout dans le monde on cherche à mobiliser ou rallier autour d'une idée ou d'un programme un maximum de voix de citoyens. A moins d'une année des législatives on peut considérer donc, ce remue-ménage politique et électoral comme tout à fait naturel et normal car c'est vers une course aux voix voire aux sièges que l'on se dirige ». Et le oui mais ... du professeur universitaire est d'une tout autre pertinence. « Pour autant, poursuit-il, doit-on occulter les conséquences dramatiques de la tragédie du coronavirus qui se déroule toujours et qui n'est pas derrière nous ? Ce fléau a encore de beaux jours et il est toujours d'actualité. Malheureusement nos partis n'ont pas de réponses claires à apporter à cela. Ajoutons qu'à partir du moment ou est apparue cette crise et avec l'état d'urgence les partis politiques se sont trouvés isolés en quelque sorte loin de leurs bases et sympathisants puisque les meetings, les réunions et autres manifestations politiques n'ont pas pu être organisées et ils ont été, pour ainsi dire, privés de leur essence ». Et le professeur de mettre les points sur les i, quant à cette transition numérique vers laquelle nos partis, mais pas que, peinent à franchir le pas. « Hélas, nombre de nos institutions politiques et autres, entreprises... au Maroc ne se sont pas encore mises à la digitalisation qui est devenu par la force des choses, plus que jamais, le levier indispensable au développement dans tous les secteurs et la politique n'y échappe pas. L'expérience que nous vivons montrera que demain sera digital et celui qui aura raté le train restera à quai. Le Maroc s'y est lancée (transition numérique) depuis 2013 et jusqu'à présent le chantier reste toujours ouvert et on n'a pas vraiment enregistré d'avancées substantielles en la matière. Nos partis ne font pas exception. Cela complique leurs actions puisqu'ils se sont coupés de leurs bases ». Au niveau du législatif nous dit encore pour conclure Abdelhamid Benkhattab, « La situation actuelle est confuse. L'état agit avec pragmatisme et d'une manière circonstancielle selon l'évolution de la pandémie. Nos partis restent prudents pour ne pas dire à l'écart en n'apportant pas de réponses qui pourraient par la suite se retourner contre eux. De toute façon, c'est ainsi, les activités des partis politiques au niveau législatif et parlementaire sont pratiquement nulles, il ne faut pas se voiler la face. Ils auraient pu faire de l'institution parlementaire une tribune pour s'affirmer sur la scène politique. Malheureusement ce n'est pas le cas», constate amèrement notre éminent interlocuteur.