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Du "tajine" au " tacos" ou quand « Tamaghribit » vire de bord
Publié dans Hespress le 24 - 01 - 2021

C'est un fait, nous dit le Professeur de l'enseignement supérieur Saïd Bennis en Sciences Sociales à l'Université Mohammed V de Rabat Faculté des Lettres et humaines, enseignant chercheur au Centre d'Etudes et de recherche en Sciences humaines, dans sa nouvelle étude, dont quelques brides ont été publiées sur le Panel communautaire « number one » Facebook, « le mode de vie urbain et le digital de leur transformation sociale apportée, ont une influence certaine sur nos comportements ou habitudes alimentaires ».
Aujourd'hui le consommateur marocain aspire à davantage de temps pour ses loisirs, son travail, ses études... qu'il en recherche bien plus que le partage des « petits tajines à maman », la praticité et la rapidité concernant ses prises alimentaires. Des exigences qui se font de plus en plus croissantes, eu égard, au mode de vie -surtout urbain- et de l'ère du digital qui transforment nos comportements alimentaires, explique, l'anthropologue... qui nous a apporté là, un éclairage complémentaire sur ces tendances dans sa déclaration lorsqu'il a été joint par hespress.fr.
Cela étant, dans sa sortie sur le réseau social Saïd Bennis nous dit que de par ces faits, « les Marocains se sont découverts de nouvelles recettes que toutes les tranches d'âge ont acceptées ou plutôt adoptées par la force des choses. Des recettes venues d'ailleurs et issues d'autres cuisines internationales que celles limitées à la française ou asiatique ». C'est qu'en parallèle, l'afflux de nouveaux investisseurs issus de diverses écoles de cuisine a permis au consommateur marocain de varier ses goûts et couleurs autrement à partir de recettes étrangères de tous les continents.
Aussi, le Marocain a-t-il a donc appris à travers elles, de nouveaux plats, notamment mexicains, tels que les «tacos» qui s'accommodent aux besoins quotidiens et aux capacités financières du Marocain. Cette dernière considération (prix adapté au pouvoir d'achat du citoyen), étant un facteur déterminant dans le choix du repas qui sera consommé, outre deux éléments rapidité et proximité avec les caractéristiques de la cuisine marocaine (épices). Le modèle de transformation sociétale a conduit les Marocains à passer d'une société fermée à une société ouverte, dans ses habitudes alimentaires nous dit le chercheur en Sciences Humaines. « Avant, manger à la maison était un rituel sacré et béni pour tous les membres de la famille et puis manger à l'extérieur, même une fois par semaine, est devenu petit-à-petit coutumes et rituels », nous dit la publication.
C'est une petite révolution au regard qu'il était socialement inacceptable pour la famille marocaine de consommer de la nourriture en dehors de la maison. Mais le Royaume a beaucoup changé ces 50 dernières années. La mondialisation, les progrès technologiques, l'évolution du rôle social des hommes et des femmes ont eu un impact énorme sur notre mode de vie dont l'influence a impacté nos habitudes alimentaires.
En parlant changements de nos régimes alimentaires, on pense forcément et immédiatement à l'essor fulgurant de la restauration rapide. « Un tajine dans sa conception et réalisation est beaucoup plus cher qu'un vulgaire tacos ». Et Saïd Bennis de développer « Le tajine est plutôt un met collectif et donc convivial tandis que le tacos est du lot de l'individuation et pas de l'individualisation, c'est-à-dire que les gens veulent manger de manière individuelle, à chacun sa fourchette, à chacun son assiette, bref, il y a des valeurs qui s'égarent ».
Autre facteur déterminant dans ces changements, la responsabilité et la capacité de la femme à gérer la chose des affaires du foyer, s'en sont considérablement amoindries. Du coup, l'accoutumance de cette nouvelle normalité que de voir au quotidien des familles entières consommer des repas à l'extérieur est devenue si l'on peut dire conforme à la règle de notre ère.
On s'est alors mis à boycotter le « tajine » et le rassemblement familial et l'on s'est accordé sur les repas tels que les « tacos », pizzas ou pour les plus nantis les hamburgers et autre fast-foods. Même plus, partant sur cette base, d'aucuns ont réussi à introduire ces recettes des temps modernes, à l'intérieur du foyer familial pour un « made in home » au coût bien plus faible par rapport aux restaurants et autres établissements du domaine.
Ce phénomène est intervenu après qu'un groupe d'établissements d'enseignement ait adopté un système d'horaire continu. les familles y ayant trouvé dans ces recettes la solution la plus appropriée à ce calendrier se sont prises à préparer la restauration rapide pour leurs enfants à partir de différentes recettes de cuisines. « En l'adoptant à la marocaine, celle dite du « tacos » a été créée. Inutile de nier que notre environnement matériel (facteurs environnementaux) et humain (facteurs culturels) ait une influence énorme sur notre alimentation, surtout que le monde est de plus en plus petit grâce à Internet et aux réseaux sociaux, voire les vols internationaux bon marché, au commerce international et les énormes autres possibilités auxquelles nous avons accès ».
Vu sous cet angle, il semble que « le changement des habitudes alimentaires au sein de la société marocaine ait abouti à une sorte d'«exotisme culinaire» dans la table marocaine, ce qui soulève des questions sur la gestion de la culture alimentaire » nous dit Saïd Bennis dans sa publication. Et ce, en particulier « pour les enfants qui ont besoin de repas à haute valeur nutritionnelle et utiles, aussi est-il devenu urgent de mener une recherche nationale sous les auspices des Ministères de la Santé et de l'Education, par des équipes de recherche pluridisciplinaires, pour mettre à nu ce phénomène et suivre ses extensions au sein de la communauté » souligne notre anthropologue. Et de poursuivre pour expliquer cela, « Il y a la part des politiques publiques une responsabilité manifeste. On est passé d'un enseignement qui est passé d'une phase bien claire (8h à midi et de 15h à 18 ) où donc le enfants pouvaient revenir at-home à mi-journée pour manger, à l'horaire continu. Les familles ont donc dû s'adopter pour trouver des solutions. Les mamans, pour mieux gérer le budget familial s'en sont donc remises aux tacos autres formes de mets (pizzas burgers etc.).
A la question de savoir si notre culture culinaire n'était pas en train de se perdre Saïd Bennis a répondu, « C'est sûr, quand on parle de mondialisation, le tacos est made in Mexico pas made in Morocco et c'est là, où le rôle du ministère de la Santé et celui de l'enseignement doivent collaborer pour revaloriser un patrimoine national (tajine) qui de prime abord est excellent pour la santé, les experts de l'étranger jurent de leurs dieux que c'est un plat riche. Ces départements doivent définir comment injecter à travers le tajine, un symbolisme identitaire et dire que le tajine est une forme d'appartenance à « Tamaghribit » et de la citoyenneté marocaine. Il faut encourager une culture, une tradition marocaine au travers d'un encadrement de socialisation durable, c'est-à-dire que les jeunes doivent être plus portés sur des plats marocains que sur des plats étrangers. La question n'est pas de nous défendre contre l'autre mais au moins préserver notre spécificité. Et là j'en reviens au problème du couscous. Les Instances internationales considéraient que le couscous était marocain, mais on n'avait pas défendu cela en anticipant des mesures pour l'inscrire en tant que tel. Ce qui fait qu'aujourd'hui le couscous est devenu maghrébin. On est en train de perdre une génération mais également une culture à patrimoine immatériel.
C'est pour la bonne cause que de défendre le « tajine ». « Cette recherche permettra ainsi de de préserver et protéger le patrimoine culinaire marocain en menant des campagnes de sensibilisation au sein des établissements d'enseignement à cet égard. Histoire de freiner le rythme rapide et la transition forcée du «tajine» au «tacos», approfondissant l'appartenance nationale des étudiants et de nos enfants ainsi que comme forme d'éducation pour renforcer le sentiment de «Tamaghribit».


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