La Tunisie, en difficultés financières, pourrait perdre dès mardi des dizaines de millions d'euros issus des détournement de fonds de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali et bloqués en Suisse. Tunis aurait complètement ignoré les appels des autorités suisses pendant un an avant de se réveiller quelques jours avant l'expiration de la date du gel des avoirs du clan Ben Ali. Mardi à minuit, plus de 265 millions d'euros au minimum pourraient retourner dans les poches de l'épouse de l'ancien président et entre 30 à 50 personnes faisant partie de leur clan après l'expiration du gel de ces avoirs, a indiqué un responsable tunisien à l'Afp. Selon l'ONG suisse Public Eye, le clan Ben Ali aurait fait transiter 320 millions de dollars (265 millions d'euros) à Genève durant les années 2000, mais ces sommes pourraient être encore plus importantes puisque les proches de l'ancien président décédé à 83 ans en 2019 en exil en Arabie Saoudite était resté au pouvoir jusqu'en 2011 après 23 ans au pouvoir. A l'époque, cinq jours après la fuite de l'ancien président chassé du pouvoir le 14 janvier, le Conseil fédéral suisse avait ordonné le blocage à titre préventif des avoirs en Suisse de Ben Ali et de son entourage, un gel dont le délai légal peut aller jusqu'à dix ans. « Le Conseil fédéral Suisse a annoncé que le gel administratif d'une partie des avoirs du clan Ben Ali prendrait fin le 19 janvier à minuit, cela nous a été notifié via les canaux diplomatiques », a expliqué à l'Adp un responsable de la présidence tunisienne ayant requis l'anonymat. Il a affirmé que la présidence tunisienne était en contact avec les autorités suisses qui, selon lui, comprennent les préoccupation de Tunis mais qui estiment qu' »il sera difficile de faire quelque chose d'ici mardi ». Si rien n'est fait d'ici là, l'épouse de Ben Ali, Leila Trabelsi et son frère Belhassen Trabelsi, « pourraient récupérer l'argent », a estimé le responsable de la présidence tunisienne. Et pour cause, ces affaires judiciaires en Tunisie sont toujours à la traîne. La Tunisie ne pourra récupérer cet argent seulement si les affaires sont résolues, selon les demandes de la Suisse qui veut des jugements définitifs. Le quotidien suisse Le Temps, a indiqué que le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) « a donné aux nouvelles autorités tunisiennes le temps nécessaire pour mettre en place une coopération judiciaire avec la Suisse ». La source tunisienne a expliqué le retard de résolution des affaires par l'instabilité politique en Tunisie en vigueur depuis la révolution en 2011, et la succession de neuf gouvernements ont compliqué le traitement de ce dossier. « Durant l'année écoulée, les autorités tunisiennes ont été sensibilisées par les autorités suisses à plusieurs reprises et à divers niveaux de l'expiration prochaine du blocage administratif », a précisé le DFAE au Temps.