L'Association marocaine des droits humains (AMDH) a vivement réagi à la pénurie du médicament Actemra dans les pharmacies et cliniques privées. Une situation qui plonge les personnes atteintes de Covid-19 et de cancer dans une situation précaire. Dans une lettre adressée au ministère de la Santé, l'AMDH a dénoncé le manque du médicament Actemra qui aide à soigner les patients atteints de cancer et du coronavirus. Le médicament a été approuvé pour une utilisation sur les patients de Covid-19 par la Food and Drug Administration en juin, et l'Agence européenne des médicaments évalue actuellement son utilisation. La demande d'Actemra a augmenté de 400% au-dessus de ses niveaux d'avant la pandémie, selon la société pharmaceutique suisse Roche, qui fabrique le médicament via sa filiale Genentech. Contacté par Hespress FR, le président de l'AMDH, Aziz Ghali a dénoncé une mauvaise gestion de la société Roche, productrice du médicament Actemra. « Chaque producteur de médicaments doit avoir un stock stratégique de 3 mois. On est entre deux avis contradictoires, tout d'abord celui de la société Roche qui affirme qu'il y avait perquisition sur tout le stock d'Actemra et que le ministère de la Santé avait pris ce médicament pour le mettre dans les hôpitaux », déclare-t-il dans un premier temps, avant d'expliquer avoir contacté plusieurs délégations pour tirer au clair cette histoire. « L'autre avis, c'est que nous avons contacté de nombreuses délégations, à savoir celle de Témara, de Casablanca, ou encore d'El Jadida qui nous ont tous confirmé qu'il n y a pas d'Actemra », a-t-il précisé, exigeant des explications de la part du ministère de la Santé. Actemra a-t-il été réquisitionné ? « Le ministère de la Santé doit expliquer s'il a réquisitionné le médicament ou non. Et si ce n'est pas le cas, il doit passer un appel d'offre pour que ce médicament soit sur le marché parce qu'il y a pas mal de patients qui sont en réanimation aussi bien dans le secteur privé. La responsabilité de l'Etat marocain est très claire sur ce sujet-là », souligne-t-il. En effet, l'AMDH souligne, dans son communiqué que le médicament en question a atteint le « principal point d'efficacité » pour les patients du Covid-19, selon les données non publiées de l'expérience, qui a été menée avec le Centre national d'audit et de recherche en soins intensifs du Royaume-Uni et l'Université d'Utrecht. Les données ont montré, selon la même source, que « la probabilité de traitement, utilisant Actemra, atteignait 75,99 %, et entraînait de meilleurs résultats pour les patients, par rapport au moment où aucun traitement immunosuppresseur n'était administré ». Dans sa lettre adressée au ministre marocain de la Santé, Khalid Ait Taleb, l'AMDH a relevé que l'essai de troisième phase a montré que le médicament « réduit la possibilité de mettre des patients positifs au coronavirus et atteints de pneumonie, sous respirateurs ». Cet essai a également montré qu'Actemra n'avait pas atteint l'objectif de réduction de la mortalité des patients. Les dernières découvertes sur Actemra proviennent d'une étude qui a commencé à rechercher des traitements potentiels, qui comprenait plus de 2 000 patients dans 15 pays dans plus de 260 hôpitaux à travers le monde nécessite de la régulation des tarifs des médicaments. Sur un autre registre, l'AMDH a mis en garde contre « le prix élevé du médicament précité au Maroc par rapport à d'autres pays, car le prix d'Actemra 400 mg au Maroc est de 8 016 dirhams, sachant que la même société le vend en Egypte pour 3 000 dirhams ». Un point souligné par notre interlocuteur fustigeant la position de monopole de la société suisse. De point de vue d'Aziz Ghali, « la responsabilité de l'Etat dans la résolution de cette problématique se situe au niveau de la détermination et régulation des tarifs des médicaments, et la prise en charge des frais de soins, à l'instar d'autres pays de la région qui enregistrent le même taux de la maladie, et qui assurent une couverture totale ». « Il en ressort, dit-il, que le cancer figure parmi les maladies les plus coûteuses pour les familles marocaines qui contribuent à hauteur de 57% contre 22% pris en charge par l'Etat ». Pour rappel, 40.000 nouveaux cas de cancer sont enregistrés tous les ans, dont trois formes plus répandues que des autres, à l'instar du cancer du sein dont le coût (du premier diagnostic au dernier stade de traitement) peut s'élever à 32.000 dhs, le cancer du col de l'utérus (50.000 dhs) et le cancer des poumons et de la prostate chez l'homme (40.000 dhs). Quant aux nouveaux cas du coronavirus, le Maroc recense, selon les chiffres communiqués par le ministère de la Santé dimanche, 1.953 nouveaux cas confirmés Covid-19, portant le total national des contaminations avérées à 904.647 et 58 nouveaux décès, pour un total de 13.546.