Rabat, à l'instar de nombreuses autres villes marocaines, est confrontée à une situation de stress hydrique sévère en raison de six années consécutives de sécheresse. Ce contexte alarmant a poussé le ministère de l'Intérieur à réagir en diffusant récemment une circulaire d'urgence aux walis et gouverneurs des régions du Royaume, mettant en lumière la nécessité de prendre des mesures drastiques pour éviter une crise imminente. Parmi les initiatives décrétées, une fermeture partielle des hammams, des spas, ainsi que des stations de lavage de voitures, est imposée trois jours par semaine. De plus, les brigades de la police de l'eau verront leur action renforcée dans la capitale pour surveiller de près l'application de ces nouvelles réglementations. Un autre aspect de cette circulaire concerne la réduction du débit d'eau dans les robinets des foyers, une mesure visant à rationner l'utilisation de cette ressource précieuse qui se fait de plus en plus rare. En outre, l'usage des eaux conventionnelles, des eaux de surface, ainsi que des nappes phréatiques pour l'irrigation des espaces verts et des parcours de golf sera strictement interdit. La lutte contre les prélèvements illégaux d'eau figure également parmi les priorités de cette circulaire. Ainsi, les autorités cibleront particulièrement les forages non autorisés, les puits clandestins, les sources, ainsi que les cours d'eau et canaux de transport d'eau exploités sans permis. De plus, le lavage des voiries et espaces publics avec de l'eau potable sera formellement proscrit. Concernant les piscines, qu'elles soient publiques ou privées, elles ne pourront désormais être remplies qu'une fois par an et devront impérativement être équipées d'un système de recyclage de l'eau. Cependant, bien que cette crise appelle à une solidarité nationale, certains établissements semblent ignorer les appels à la responsabilité. Si plusieurs hammams et spas ont effectivement fermé leurs portes 3 jours par semaine en respect des nouvelles directives, d'autres continuent d'opérer comme si de rien n'était. Des établissements de Hay Riad et El Menzeh, par exemple, acceptent encore des réservations tout au long de la semaine, défiant ainsi les consignes ministérielles. Hespress FR a pu vérifier cette situation en prenant contact avec certains de ces établissements qui, malgré l'interdiction, poursuivent leurs activités dans la normalité la plus totale. Cette attitude irresponsable révèle un manque flagrant de considération pour l'intérêt national et les difficultés que traverse le pays. Face à cette situation, les autorités locales ont commencé à réagir. Selon nos sources, les Pachas et Caïds ont intensifié les contrôles dans le centre-ville de Rabat et dans le quartier de l'Agdal pour sanctionner les contrevenants. Toutefois, ces inspections devront être étendues à l'ensemble de la ville pour s'assurer que personne ne puisse échapper aux mesures de restriction en vigueur. D'ailleurs, ce défi majeur de stress hydrique a été au cœur du dernier discours royal prononcé à l'occasion de la fête du Trône, où le Roi Mohammed VI a souligné avec force l'urgence de la situation et l'importance de préserver cette ressource vitale qu'est l'eau. En effet, le Souverain a appelé à des mesures urgentes et innovantes, en mettant en œuvre le Programme national pour l'approvisionnement en eau potable et l'irrigation 2020-2027. Le Roi Mohammed VI a également insisté sur l'importance de la construction de barrages, du transfert d'eau entre les bassins hydrauliques, et de l'accélération des projets de dessalement de l'eau de mer. Il a mentionné la station de dessalement de Casablanca, la plus grande d'Afrique, comme un projet phare. Le développement d'une industrie nationale de dessalement et la formation d'ingénieurs et de techniciens spécialisés sont également des priorités. Le Souverain a de même souligné que la préservation de l'eau est une responsabilité nationale impliquant toutes les institutions et les citoyens. Il a en ce sens appelé à une gestion plus ferme des ressources hydriques et à la lutte contre le gaspillage et l'exploitation abusive des eaux.