Face à l'envolée des prix qui préoccupe les ménages marocains, la ministre de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah, dresse un bilan sans complaisance des actions menées pour réguler les marchés. Les chiffres sont éloquents : plus de 15.000 infractions aux règles de la concurrence sont relevées annuellement, témoignant d'une surveillance accrue mais aussi de pratiques déloyales persistantes. Ces données ont été communiquées par la ministre dans une réponse écrite à une question de la députée Nazha Makdad, du groupe du Progrès et du Socialisme (PPS), au sujet du contrôle des prix et des mesures prises pour limiter la flambée des prix. Chaque année, les équipes de contrôle mixtes sillonnent le territoire national pour inspecter 350 000 points de vente. Cette opération d'envergure, menée de 2022 à 2024, révèle l'ampleur des pratiques abusives : spéculation, ententes illicites, abus de position dominante... Autant de comportements qui pèsent directement sur le pouvoir d'achat des citoyens. Concrètement, 80% des infractions constatées sont transmises aux tribunaux pour sanctions, tandis que les 20% restants donnent lieu à des avertissements. Parallèlement, des milliers de tonnes de produits non conformes sont détruites chaque année pour protéger les consommateurs. Loin d'être improvisée, cette surveillance s'appuie sur une coordination territoriale efficace. Sous l'autorité des gouverneurs et des walis, les commissions locales réunissent tous les organes de contrôle. Cette approche permet de mutualiser les moyens et d'harmoniser les interventions sur l'ensemble du territoire. Toujours d'après les dires de la ministre : les équipes du ministère de l'Intérieur veillent quotidiennement à l'évolution des prix et leur affichage, aux conditions de stockage et de transport des marchandises, au respect des circuits de distribution avec le passage obligatoire par les marchés de gros, ainsi qu'à la transparence des relations commerciales entre tous les acteurs du marché. Au second niveau, il y a la lutte anti-monopole. Le Conseil de la concurrence intervient pour traquer les pratiques plus sophistiquées, notamment les ententes entre entreprises, les abus de position dominante, ou encore les stratégies visant à éliminer la concurrence déloyale. Au-delà de la répression, le gouvernement déploie une stratégie d'accompagnement pour contenir la hausse des prix. Le soutien direct aux produits essentiels se matérialise par le maintien des subventions sur le gaz butane, le sucre, la farine et le blé, ainsi que par une aide aux coûts de production incluant les engrais, les semences et l'irrigation. Pour alléger la pression sur les importations, l'État a suspendu les droits de douane sur les céréales, les légumineuses, les huiles alimentaires, tout en facilitant les importations de viandes et de bétail. Cette politique s'accompagne de mesures fiscales ciblées, notamment la réduction ou l'exonération de TVA sur les produits de première nécessité, ainsi que des soutiens exceptionnels aux secteurs stratégiques comme le transport et l'édition scolaire. Cette mobilisation tous azimuts illustre la complexité de la régulation des marchés dans un contexte économique tendu. Si les chiffres témoignent d'une volonté réelle de lutter contre les pratiques abusives, ils révèlent aussi la persistance de comportements spéculatifs qui nécessitent une vigilance constante.