La vague de chaleur intense qui sévit dans plusieurs régions du Royaume a poussé de nombreux acteurs de la société civile à appeler à l'élévation du niveau de vigilance face à la recrudescence des cas de piqûres de scorpions et de morsures de serpents. Ces acteurs plaident notamment pour le renforcement des stocks de sérums antivenimeux dans les établissements de santé, ainsi que pour la mise à disposition de davantage d'ambulances dans les zones éloignées. Les intervenants civils interrogés par Hespress ont mis en garde contre une aggravation possible de la situation cette année, en raison des importantes précipitations enregistrées avant l'été – en mars et avril –, qui ont favorisé, dans le cadre des équilibres naturels, la prolifération des scorpions, reptiles et autres espèces sauvages. Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, avait, dans cette perspective, adressé une circulaire aux directeurs régionaux de la santé ainsi qu'aux responsables des centres hospitaliers universitaires, les appelant à anticiper les conséquences sanitaires des vagues de chaleur durant la saison estivale actuelle. Dans ce document, Tahraoui a appelé à renforcer les capacités d'intervention dans les zones les plus exposées au risque d'envenimement scorpionique, afin d'assurer une prise en charge rapide et efficace des populations touchées. Il a aussi souligné l'importance de coordonner les efforts avec le Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM), pour signaler et gérer les cas, tout en veillant à l'approvisionnement régulier des hôpitaux situés dans les zones à risque en sérums antivenimeux. Cette alerte intervient alors que l'été a commencé avec une vague de chaleur sévère accompagnée du chergui, qui a débuté mercredi et devrait se poursuivre jusqu'au lundi suivant, avec des températures oscillant entre 33 et 46 degrés dans plusieurs régions du Maroc, selon les données de la Direction générale de la météorologie. Dans un bulletin d'alerte de niveau orange, cette dernière a annoncé qu'à partir de ce jeudi, des températures comprises entre 40 et 45 degrés sont attendues dans les provinces et préfectures de Tata, Taroudant, Zagora, Kalaât Sraghna, Marrakech, Rehamna, Béni Mellal, Fqih Ben Salah, Aousserd, Oued Ed-Dahab, Boujdour, Assa-Zag, Smara et Guelmim. Mohamed Diche, coordinateur national de la Coalition civile pour la montagne, a indiqué que « les fortes précipitations enregistrées avant l'été, principalement en mars et avril, ont entraîné une prolifération importante de diverses espèces de faune sauvage, de scorpions et de reptiles dans plusieurs villages, douars et zones périurbaines », ajoutant que « ce phénomène s'inscrit naturellement dans les équilibres écologiques ». Il a néanmoins précisé, dans une déclaration à Hespress, que « cette situation impose cette année une vigilance accrue, tant de la part des citoyens que des autorités, qu'elles soient en charge de la sensibilisation ou de la fourniture de soins et de services de santé de base ». Le même acteur a souligné qu'il est impératif de fournir rapidement des quantités suffisantes de sérums, qui font défaut dans nombre de centres de santé, et d'éviter toute rupture d'approvisionnement dans un contexte marqué par une hausse du nombre de reptiles cette année. Il a insisté sur le fait que « l'adaptation des scorpions, serpents et autres espèces aux changements climatiques doit être accompagnée par une adaptation équivalente des dispositifs d'intervention et des services sanitaires ». Le président de la Coalition a également insisté sur la nécessité de rapprocher les services de santé des citoyens vivant dans les zones rurales, montagneuses et autres régions concernées, en doublant le nombre d'ambulances disponibles et en intensifiant les campagnes de sensibilisation. Il a conclu en soulignant l'importance de rester vigilant, malgré tous les efforts déployés, car les piqûres de scorpions et morsures de reptiles entraînent fréquemment des décès. Mohamed Azfaz, acteur associatif de la commune d'Ouneine (province de Taroudant), a lui-même été victime d'une morsure de serpent il y a quelques jours, ce qui l'a contraint à se rendre à l'hôpital d'Agadir. Il a également signalé le cas d'une fillette de la commune de Tizi N'test, également dans la même province, qui a été mordue par un serpent. Dans une déclaration à Hespress, Azfaz a affirmé que « les pluies tombées quelques semaines avant la montée des températures ont provoqué une multiplication notable des scorpions et des serpents, qui sont aujourd'hui particulièrement nombreux », ce qui, selon lui, a directement contribué à l'augmentation du nombre de cas de morsures dans la région. L'ancien coordinateur provincial de l'Association marocaine de secours civil a rappelé que « lorsqu'il occupait cette fonction, il avait à plusieurs reprises sollicité le conseil provincial pour qu'il fournisse des antidotes contre les morsures de serpents ainsi que des sérums contre la rage canine, sans obtenir de réponse ». Il a ajouté que le conseil prévoit certes un budget pour traiter cette problématique, mais que l'impact réel sur les zones concernées reste flou. Il a enfin souligné que « cette question, dans l'ensemble des régions rurales et montagneuses, n'a toujours pas reçu l'attention qu'elle mérite ; plusieurs personnes ont trouvé la mort ou souffrent aujourd'hui de séquelles irréversibles suite à ces morsures au cours des dernières années ».