L'Association nationale des éleveurs de poulet de chair, a dénoncé la situation de monopole et « l'anarchie » régnant dans un secteur particulièrement manquant de structure. La Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) est citée comme protectrice des intérêts de certains lobbys et critique les prix déraisonnables. Dans un communiqué, l'association des éleveurs dénonce une situation jugée « critique » et » marquée par l'anarchie, le monopole et l'absence totale de mécanismes de contrôle ». « Nous exprimons notre vive indignation face à cette situation monopolistique, qui a engendré des déséquilibres structurels menaçant la stabilité du marché national », souligne l'association professionnelle. Pour les éleveurs, l'un des problèmes de ce secteur revient au rôle joué par la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA), qui « protégerait » les grandes entreprises opérant dans le secteur. La FISA « semble désormais défendre exclusivement les intérêts de ces lobbys, sans rendre de comptes, et ce, au détriment des petits et moyens éleveurs ainsi que du consommateur marocain », indique l'association dans un communiqué. Dénonçant les prix pratiqués, l'association indique se voir dans l'obligation de rappeler qu'en conditions normales « le coût du poussin ne devrait pas dépasser 0,17 % du coût de production d'un kilogramme de poulet vivant — comme c'est le cas dans les pays soucieux du pouvoir d'achat de leurs citoyens, notamment en Europe ». Néanmoins, ce ratio reste « hors d'atteinte », poursuit l'association, dénonçant la situation monopolistique systématique et ce qu'elle appelle comme une « manipulation opaque exercée par la fédération, ses entreprises affiliées, ainsi que les intermédiaires et courtiers. Ces derniers manipulent l'offre et sa qualité, en l'absence d'application de la loi de traçabilité n°28-07 », soulignent les professionnels. Et d'ajouter que le ministère de l'Agriculture et le gouvernement marocain auraient ignoré répétitivement les avertissements des professionnels et éleveurs du secteur, et ce « depuis l'échec du premier contrat-programme dans le cadre du Plan Maroc Vert de 2011, en ce qui concerne le secteur avicole ». L'association ajoute qu'elle avait déjà proposé en 2019, une révision des droits de douane sur les poussins de poulet de chair afin d'encourager la concurrence et de réduire les coûts de production mais la FISA se serait opposé à cette proposition. « Depuis lors, le marché connaît une manipulation flagrante des prix : le prix du poussin varie entre 7,00 et 12,00 dirhams en une seule semaine, atteignant plus de 14,00 dirhams en 2024, sans aucun contrôle ni intervention des autorités compétentes, alors que son coût de production réel ne dépasse pas 3,00 dirhams », dénonce l'organisation. Pour l'Association nationale des éleveurs de poulet de chair, il ne s'agit plus seulement de défendre des intérêts professionnels, mais de protéger l'ensemble de la chaîne de valeur, jusqu'au consommateur final, d'autant plus que les prix semblent irriter les consommateurs qui paient au final le prix fort de ce manque de structuration du marché.