Ils n'ont pas fui la pression, ils l'ont affrontée. Secoués par les critiques des supporters et les sifflets entendus lors du match nul contre le Mali, les Lions de l'Atlas ont livré contre la Zambie une prestation de caractère, transformant la frustration populaire en énergie collective. Le contexte était lourd. Malgré des résultats corrects, le public marocain avait exprimé son impatience après le nul face au Mali (1-1), sanctionné par des sifflets inhabituels pour une équipe évoluant à domicile. Une attitude qui n'a pas laissé indifférent Achraf Hakimi, alors encore blessé et cantonné au banc. La veille du match contre la Zambie, le capitaine du Maroc avait tenu à remettre les choses au clair: « On aime l'exigence des supporters, mais on a besoin d'eux. On joue à la maison, et ce n'est pas normal de siffler. Nos supporters sont le 12e homme. » Un message fort, à la fois appel à l'unité et rappel de l'importance du soutien populaire dans une compétition aussi émotionnelle que la CAN. Hakimi avait même établi un parallèle avec son expérience au PSG : « On disait qu'on n'avait pas une grande équipe, pas un grand coach... et on est devenus champions d'Europe. Si les supporters restent derrière nous, on peut être champions d'Afrique ensemble. » Ce discours n'est pas resté lettre morte. Sur le terrain, face à la Zambie, les Lions de l'Atlas ont joué comme une équipe blessée dans son orgueil. Pressing haut, agressivité dans les duels, volonté de marquer vite et fort : le Maroc a livré une prestation radicalement différente de celle face au Mali. L'explosion offensive incarnée par El Kaabi et Brahim Diaz n'était pas seulement sportive, elle était émotionnelle. Le retourné acrobatique d'El Kaabi et la justesse de Diaz ont résonné comme une réponse directe aux doutes exprimés les jours précédents. Le message était clair : cette équipe n'a pas peur de la pression, elle s'en nourrit. Même à 3-0, le Maroc n'a pas levé le pied. Cette fois, pas de gestion timide, pas de prudence excessive. Les Lions ont continué d'attaquer, de pousser, de chercher le quatrième but, comme pour effacer toute critique passée. Dans les tribunes, le climat a changé. Les sifflets ont laissé place aux « Olé » et à la Ola. Le public, exigeant mais passionné, a retrouvé le plaisir de vibrer avec son équipe. Cette victoire face à la Zambie n'est peut-être pas seulement un succès sportif. Elle ressemble à un tournant psychologique. Les Lions de l'Atlas ont prouvé qu'ils savaient absorber la critique, la transformer en moteur et en faire une force. À la CAN 2025, le Maroc a peut-être compris une chose essentielle : pour aller loin, il faudra du talent, mais surtout une union sacrée entre le public et son équipe.