Mohamed est un instituteur dans une école primaire, il a 51 ans. "Du point de vue didactique, on travaille toujours par intuition" dit-il en contemplant le ciel comme s'il se parlait lui-même. "Ces choses qui nous tombent sur nos têtes : compétence pédagogique, qualité,... cela n'a pas de goût puisqu'on ne donne jamais de formation là-dessus. C'est de la m**** !" Mohamed est un petit homme d'environ 50 kilos mais cette pierre de Sisyphe -l'éducation des enfants du peuple- qu'il porte sur son dos, en vaut la peine. L'école publique ne produit que l'échec et l'enseignement a dégradé. "Mais...", répond Mohamed "Comment était le niveau pour dire qu'il a baissé maintenant ?!" Au contraire la pression sur l'enseignement est devenue plus intense par toute la société. "Les marteaux sont d'ores et déjà nombreux". Auparavant, les parents étaient presque tous illettrés et ne pouvaient s'approcher de la porte de l'école. Maintenant, ils offensent les enseignants pour un rien. Aussi, Mohamed, et seulement lui, n'aime pas la comparaison qu'on fait souvent entre le public et le privé : "Comment comparer les 6% comme taux d'élèves de l'enseignement privé, par rapport à l'ensemble des élèves à l'échelle nationale ? C'est absurde ! Ces élèves qui font pour la plupart le préscolaire et vivent dans des familles aisées." Certes les maux de l'école marocaine sont nombreux, mais la responsabilité des enseignants est seulement une parmi autres.